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REPUBLIQUE DU MALI Un Peuple – Un But – Une Foi Ministère de la Solidarité et... |
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REPUBLIQUE DU MALI
Un Peuple – Un But – Une Foi
Ministère de la Solidarité et
de la Lutte contre la
Pauvreté
---------------------------------
Observatoire du
Développement Humain
Durable et de la Lutte
Contre la Pauvreté
Ministère de l’Economie
et des Finances
----------------------------
Direction Nationale de la
Planification du Développement
Ministère des Affaires
Etrangères
et de la Coopération
internationale
----------------------------
Direction de la Coopération
Multilatérale
LA GOUVERNANCE DES PROJETS
ET DES PROGRAMMES PUBLICS
DE DEVELOPPEMENT AU MALI
RAPPORT
Septembre 2021
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ii
PREFACE
Le Mali, pays en développement étant confronté à des défis toujours plus complexes, cherche
résolument les solutions durables pour mettre fin à l’extrême pauvreté, promouvoir une
prospérité partagée. En effet le pays est confronté à plusieurs crises concomitantes, telles que
les crises institutionnelle, sociale et sécuritaire, le changement climatique, la pandémie de la
COVID-19, et la crise migratoire. Ces crises notamment la pandémie de la COVID-19 ont
entrainé une récession de l’économie malienne en 2020. Pour faire face à ces défis, les Autorités
se sont engagées à renforcer la capacité de résilience, à réaliser des investissements durables et
à améliorer la gouvernance pour prévenir les menaces qui se profilent à l’horizon.
Les études et recherches réalisées en vue de l’élaboration du CREDD (2019-2023) mettent, en
effet, l’accent sur l’amélioration de la gouvernance dans toutes ses dimensions et dans tous les
secteurs comme le moteur du développement économique et social du pays. En particulier, la
gouvernance des projets et des programmes de développement figure dans les priorités
nationales. Ainsi, le Cadre stratégique pour la Relance Economique et le Développement
Durable 2019-2023 (CREDD), principal référentiel de développement du Mali, prend en
compte la problématique de la gouvernance à travers son premier axe stratégique «
Consolidation de la démocratie et amélioration de la gouvernance ».
Compte tenu de l’insuffisance de ses ressources internes, le Mali, comme d’autres pays du
groupe des PMA (Pays les moins avancés), a principalement recours à l’Aide Publique au
Développement (APD) pour financer son développement. L’étude rappelle et à juste titre que
malgré la continuité et l’importance en volume, l’APD n’arrive pas à assurer sa relève à
l’interne, elle a plutôt développé une culture de la dépendance qui consiste à demander plus
d’aides que celui de développer des stratégies locales pour sortir de cet éternel état.
C’est ainsi que le pays s’est doté, entre autres, d’une Politique Nationale de Coopération au
Développement (PNCD) afin de :
- tirer profit de l’élan de solidarité internationale ;
- mettre en valeur les potentialités naturelles ;
- prendre part à la génération et à la sauvegarde des biens publics mondiaux.
Les projets et les programmes publics sont des canaux utilisés par les donateurs et les
bénéficiaires pour réaliser les objectifs des politiques économiques. Ainsi dans cette étude,
l’évolution des projets et des programmes publics de développement au Mali met l’accent sur
la faiblesse du taux de décaissement et le lien entre la gouvernance des projets et des
programmes et la réduction de la pauvreté. Environ 40% des dépenses projetées au titre du
CREDD 2016-2018 (3440 Milliards de FCFA) sont consacrées à l’investissement dans les
services sociaux de base (santé, éducation, eau potable, électricité) et dans d’autres
infrastructures.
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iii
Cette étude démontre en plus que l’efficacité et l’efficience des projets et des programmes
publics de développement au Mali sont très souvent compromises par plusieurs facteurs
incombant aux différents acteurs impliqués dans la gouvernance des projets et des programmes.
Les principaux acteurs impliqués dans la gouvernance des projets et des programmes de
développement sont : l’État, les Collectivités Territoriales, le Secteur Privé, les Organisations
de la Société Civile (OSC) et les PTF. Chacun de ces acteurs évolue suivant sa propre stratégie,
clairement affichée ou voilée. Les intérêts des uns et des autres sont censés être convergents,
mais parfois ils divergent et les décisions sont alors prises en fonction des rapports de forces en
présence. Les modes de gouvernance et de gestion des projets et des programmes analysés sont
définis par les différents acteurs. Au niveau de l’État, la gouvernance des projets et des
programmes est impactée par : i) le système de planification en place ; ii) le cadre institutionnel
et réglementaire des projets et des programmes ; iii) les organes d’administration et de gestion
; et iv) les outils et les procédures de gestion. Quant aux PTF, ils accordent une attention
particulière aux procédures de décaissement qui se trouvent au cœur de la problématique de la
disponibilité des financements extérieurs. En outre, il ressort de l’examen de la situation des
projets et des programmes que le bilan des engagements souscrits par les PTF et le
Gouvernement dans le cadre de la Déclaration de Paris, du Plan d’Action d’Accra et du
Nouveau Partenariat de Busan reste mitigé.
Les difficultés et les lacunes liées à la gouvernance des projets et des programmes ont été
analysées à tous les niveaux du processus avant d’en tirer les principaux enseignements. La
mise en œuvre des recommandations formulées permettra d’améliorer considérablement la
gouvernance des projets et des programmes au Mali.
Bamako, le
Le Ministre de la Santé et
du Développement Social
Diéminatou SANGARE
Chevalier de l’Ordre
National
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iv
SOMMAIRE
PREFACE ...............................................................................................................................................ii
LISTE DES TABLEAUX : ................................................................................................................... vi
LISTE DES FIGURES : ....................................................................................................................... vi
RESUME ............................................................................................................................................... vii
I. EVOLUTION DES PROJETS ET DES PROGRAMMES AU MALI.................................... 4
1.1. Etat des projets et des programmes de 2005 à 2017 ........................................................... 4
1.1.1. Aperçu global des projets et des programmes ................................................................. 4
1.1.2. État des réalisations des projets ....................................................................................... 5
1.2. Cartographie des projets et des programmes .................................................................... 6
1.2.1. Cartographie des projets et des programmes au niveau national ..................................... 6
1.2.2. Cartographie des projets et des programmes au niveau régional .................................... 9
1.2.3. Cartographie des projets et des programmes au niveau sectoriel .................................... 9
1.2.4. Analyse du taux de décaissement .................................................................................. 11
1.3. Lien entre la gouvernance des projets et des programmes et la réduction de la pauvreté
13
1.3.1. Évolution des indicateurs sociaux de base .................................................................... 14
II. IDENTIFICATION DES ACTEURS ET LEURS STRATEGIES ..................................... 20
2.1. Acteurs et leurs pouvoirs .................................................................................................... 20
2.1.1. L’Etat et ses démembrements ........................................................................................ 21
2.1.2. Bénéficiaires, Secteur Privé, Syndicats et Organisation de la Société Civile................ 21
2.1.3. Les Partenaires Techniques et Financiers (PTF) ........................................................... 23
2.2. Problématique de l’APD ..................................................................................................... 24
2.2.1. Évolution ....................................................................................................................... 25
2.2.2. Stratégies de l’APD ....................................................................................................... 25
2.3. Évaluation de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide ....................................... 26
2.4. Impacts ................................................................................................................................. 28
III. DIFFERENTS MODES DE GOUVERNANCE ET DE GESTION DES PROJETS
/PROGRAMMES ................................................................................................................................ 30
3.1. Niveau de l’Etat ................................................................................................................... 31
3.1.1. Système de planification ................................................................................................ 31
3.1.2. Faiblesses et difficultés du système de planification ..................................................... 34
3.1.3. Gestion des projets et des programmes ......................................................................... 35
3.2. Modes de gouvernance et de gestion des PTF ................................................................... 43
3.2.1. Procédures de décaissement des PTF ............................................................................ 43
3.2.2. Difficultés liées aux procédures de décaissement : ....................................................... 49
IV. PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS ...................................................................................... 50
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v
V. RECOMMANDATIONS ............................................................................................................ 52
CONCLUSION .................................................................................................................................... 56
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ............................................................................................. x
ANNEXES ............................................................................................................................................ xiii
Annexe 1 : Décaissement et Prévision du CREDD, OMD et PTF (SHA, rapport CRMT 2017-
2019) .................................................................................................................................................. xiii
Annexe 2 : Liste des personnes rencontrées ................................................................................... xv
Annexe 3 : Termes de référence de l’étude ................................................................................... xvi
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vi
LISTE DES TABLEAUX :
Tableau 1 : Cartographie des projets et des programmes au niveau national(Nombre de projets
et programmes). .......................................................................................................................... 8
Tableau 2 : Réalisation sectorielle du BSI (en milliards de FCFA) ......................................... 10
Tableau 3: Décaissements par instrument en 2016 et 2017 ..................................................... 12
Tableau 4: Décaissements de l’APD par nature et par catégorie de PTF en 2016 et 2017 ...... 13
Tableau 5: Évolution des indicateurs de l’Eau et de l’assainissement ..................................... 17
Tableau 6 : Évolution des indicateurs de l’emploi de 2015 à 2018 ......................................... 19
Tableau 7: Acteurs du processus de gouvernance et de gestion des projets et des programmes
.................................................................................................................................................. 20
Tableau 8 : PTF actifs par secteur en 2014: ............................................................................. 24
LISTE DES FIGURES :
Figure 1 : Évolution du nombre des projets ............................................................................... 5
Figure 2 : Situations des réalisations par rapport aux prévisions du Budget Spécial
d’Investissement (BSI) de 2005 à 2017. .................................................................................... 6
Figure 3 : Nombre de projets au niveau Régional ...................................................................... 9
Figure 4: Evolution des réalisations des projets selon les secteurs .......................................... 11
Figure 5 : Évolution de l'incidence de la pauvreté (en %) ....................................................... 13
Figure 6 : Évolution du taux brut de scolarisation ................................................................... 15
Figure 7: Évolution du ratio élèves – maîtres au primaire ....................................................... 15
Figure 8: Taux de couverture géographique en services de santé dans un rayon de 5 km et 15
km ............................................................................................................................................. 16
Figure 9: Taux d’accès à l’électricité de 2015 à 2018 .............................................................. 18
Figure 10 : Évolution du Taux de chômage des 15-64 ans de 2011 à 2018 ............................. 19
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vii
RESUME
La traduction de la vision politique en interventions opérationnelles pour améliorer les
conditions de vie et d’existence des populations sur le terrain est un défi permanent auquel font
face les gouvernements Africains, les organismes non gouvernementaux et leurs partenaires au
développement. A cet effet, différents systèmes de planification ont été mis en œuvre au Mali
au gré des régimes politiques qui se sont succédés dans le Pays ; ils variaient des modèles
« socialistes » les plus centralisés à ceux préconisant un développement économique néo-libéral
décentralisé et ascendant de la base au sommet.
De nos jours pour relever ce défi majeur, le Cadre stratégique pour la Relance Économique et
le Développement Durable (CREDD) 2019-2023, principal référentiel du Mali en matière de
politique économique, a élevé au rang de ses priorités la problématique de la gouvernance des
instruments utilisés à travers son premier axe stratégique : « consolidation de la démocratie et
amélioration de la gouvernance. » Le CREDD 2019-2023 intègre à la fois les Objectifs de
Développement Durable (ODD) et les ambitions de « l’Agenda 2063 » de l’Union Africaine
(UA) par une mise en cohérence des actions ciblées.
Compte tenu de l’insuffisance de ses ressources internes, le Mali, comme d’autres membres du
groupe des PMA (Pays les moins avancés), a principalement recours à l’Aide Publique au
Développement (APD) pour financer son développement. Les projets et les programmes
publics sont des canaux utilisés par les acteurs du développement pour réaliser les objectifs des
politiques économiques. Avant la mise en œuvre du CREDD 2019-2023, la gouvernance des
projets et programmes au Mali a connu depuis 2005 une nette amélioration.
En effet, le Mali a enregistré en moyenne 538 projets et programmes entre 2005 et 2017 inscrits
au BSI pour une réalisation moyenne de 300 milliards de FCFA par an. L’année 2015 a
enregistré le plus grand nombre de projets avec environ 595 projets dont 517 en exécution et
78 en préparation. Cette évolution est en rapport avec le renforcement de la coopération avec
les Partenaires Techniques et Financiers (PTF).
Le volume de l’APD mobilisé par les PTF en 2017 est estimé à 725,31 milliards de FCFA
contre une prévision de 1279,797 milliards de FCFA, soit un taux de décaissement de 56,67%.
Le faible taux de décaissement, constaté depuis plusieurs années, compromet la réalisation des
objectifs visés par les projets et les programmes publics de développement. Il est dû à plusieurs
facteurs incombant aux différents acteurs impliqués dans le cycle du programme ou du projet.
Parmi ceux-ci, la gouvernance et la gestion suscitent de nombreuses interrogations.
La gouvernance des projets et des programmes a un impact direct sur la réduction de la pauvreté.
Environ 40% des dépenses projetées au titre du CREDD 2016-2018 (3440 milliards de FCFA)
sont consacrés à l’investissement dans les services sociaux de base (santé, éducation, eau
potable, électricité) et dans d’autres infrastructures ; ce qui contribue à l’amélioration des
conditions de vie des populations bénéficiaires.
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viii
Les principaux acteurs impliqués dans la gouvernance des projets et des programmes de
développement sont : l’État, les Collectivités Territoriales, le Secteur Privé, les Organisations
de la Société Civile (OSC) et les PTF. Chacun de ces acteurs évolue suivant sa propre stratégie,
clairement affichée ou voilée. Les intérêts des uns et des autres sont censés être convergents,
mais parfois ils divergent et les décisions sont alors prises en fonction des rapports de forces en
présence. Les modes de gouvernance et de gestion des projets et des programmes analysés sont
définis par les différents acteurs. Au niveau de l’État, la gouvernance des projets et des
programmes est impactée par le système de planification en place, le cadre institutionnel et
réglementaire des projets et des programmes, les organes d’administration et de gestion, les
outils et les procédures de gestion.
Quant aux PTF, ils accordent une attention particulière aux procédures de décaissement qui se
trouvent au cœur de la problématique de la disponibilité des financements extérieurs. En outre,
il ressort de l’examen de la situation des projets et des programmes que le bilan des
engagements souscrits par les PTF et le Gouvernement dans le cadre de la Déclaration de Paris,
du Plan d’Action d’Accra et du Nouveau Partenariat de Busan reste mitigé.
Les difficultés et les lacunes liées à la gouvernance des projets et des programmes ont été
analysées à tous les niveaux du processus avant d’en tirer les principaux enseignements. Des
recommandations ont été formulées à partir des difficultés et lacunes constatées et surtout, à
partir des principaux enseignements. Leur mise en œuvre permettra d’améliorer
considérablement la gouvernance des projets et des programmes au Mali. Au nombre de ces
recommandations il convient de noter la nécessité de :
- renforcer la stabilité de l’environnement institutionnel et politique en général et en particulier
celui des projets et programmes ;
- promouvoir la démarche prospective ;
- rationaliser et clarifier le rôle et les missions des services, structures et organismes nationaux
dans la gouvernance des projets et des programmes d’investissements publics ;
- impliquer la société civile et les collectivités territoriales bénéficiaires pour améliorer
l’efficacité de la maintenance et garantir la continuité des actions par la nomination de leurs
représentants respectifs dans les organes d’administration et de gestion des projets et des
programmes ;
- renforcer les évaluations ex ante et ex post en dotant le fonds d’études et de préparation des
projets de ressources suffisantes ;
- rationnaliser le nombre d’unités de gestion des projets en proposant d’intégrer le maximum
d’unités de gestion des projets au sein des services techniques correspondants de
l’administration centrale ;
- réduire la part de dépenses de fonctionnement (salaires, charges de représentation et autres)
dans les coûts des projets et des programmes en introduisant un critère d'efficience visant un
ratio d’environ 85% de dépenses en capital par projet, sans pour autant que cela ne soit une
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source de démotivation des travailleurs et/ou un désintérêt pour les projets et les programmes
au moment de la constitution de leurs équipes de mise en œuvre ;
- harmoniser la grille salariale qui est une action de sécurisation et un facteur de stabilité, à la
fois des projets et des programmes, ainsi que de leurs agents.
- augmenter la part des investissements financés sur les ressources nationales en améliorant la
portée et l’efficacité des contrôles fiscaux et en élargissant l’assiette fiscale ;
- accroître les ressources des collectivités territoriales en leur transférant 30 % des recettes
budgétaires ;
- intégrer les données provenant de l’Initiative Internationale pour la Transparence de l’Aide
(IATI) pour les PTF qui ne sont pas physiquement représentés au Mali à Bamako et mener
un exercice de rapprochement entre les données du Cadre des Ressources à Moyen terme
(CRMT) et les données provenant de l’IATI pour les partenaires représentés au Mali ;
- inclure dans le cadre des ressources externes à moyen-terme les actions des « nouveaux
partenaires » : la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la
Stabilisation au Mali MINUSMA/ Projet civil, le Fonds Mondial de Lutte contre le Sida, la
Tuberculose et le Paludisme (FMLSTP), Alliance Mondiale pour les Vaccins (GAVI).
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1
INTRODUCTION
La gouvernance des projets et des programmes est déterminante dans la réalisation des objectifs
de développement. Son amélioration est l’objet du premier axe stratégique intitulé
« consolidation de la démocratie et amélioration de la gouvernance » du CREDD (2019 –
2023), le principal référentiel national en matière de stratégies et de politiques de
développement au Mali.
Pour assurer le financement de son développement, le Mali mobilise des ressources internes et
externes. Ces dernières sont constituées entre autres des Investissements Directs Étrangers
(IDE) et de l’Aide Publique au Développement (APD).
L’APD est partie intégrante de la Coopération au développement ; elle est mobilisée à travers
plusieurs instruments d’acheminement : les appuis budgétaires (général, sectoriel et
décentralisé), les appuis projets (ceux inscrits au budget d’État et ceux hors budget d’État) et
l’Aide d’urgence. Le coût global de la mise en œuvre du CREDD 2019 – 2023 s’élèverait à
13.876 milliards de FCFA, hors service de la dette publique.
En 2016, pour une prévision d’aide de 1 086,52 milliards de FCFA, le montant total décaissé a
été de 650,75 milliards de FCFA1 ; soit un taux de décaissement de 59,89%.
Le faible taux de décaissement, constaté depuis plusieurs années, est dû à plusieurs facteurs,
dont certains sont liés aux différents acteurs impliqués dans le cycle des projets et des
programmes, dans lequel la gouvernance suscite de nombreuses interrogations.
Pourquoi les résultats des projets et des programmes de développement au Mali sont-ils
considérés comme mitigés ? Pourquoi les changements induits sont-ils si lents à se faire sentir ?
Pourquoi les taux de décaissement des projets et programmes sont-ils faibles ? Qu’en est-il de
la redevabilité vis - à - vis des différents acteurs (Autorités nationales et Partenaires au
développement) ?
Les enjeux des questions de gouvernance revêtent plusieurs dimensions (politique,
administrative, économique et managériale), liées à la programmation et au financement des
investissements publics, à leur mise en œuvre et au suivi-évaluation des résultats. La présente
étude tente de répondre à ces questions par une analyse rigoureuse de la gouvernance à tous les
niveaux.
La revue documentaire constitue le support de la démarche méthodologique adoptée ; elle a
consisté dans un premier temps à passer en revue autant que possible la littérature économique,
sociologique et de gouvernance relative aux projets et programmes, puis dans un second temps
à procéder à la collecte et à l’analyse des données et des informations disponibles sur les projets
et les programmes du Mali.
1SHA : Rapport sur le Cadre des Ressources Externes à Moyen Terme (CRMT) 2017-2020
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2
Les enquêtes ont ciblé les principaux acteurs impliqués dans la gouvernance des programmes
et des projets : agents de certains Ministères et de leurs Directions Techniques, et représentants
des PTF. Des guides d’entretien spécifiques ont été préparés à cet effet.
La méthodologie adoptée utilise également l’outil d’analyse SWOT (Forces, Faiblesses,
Opportunités et Menaces - FFOM/ SWOT en Anglais) pour des problématiques spécifiques.
Les recommandations qui en ont découlé se destinent à alimenter le dialogue politique entre les
Décideurs et l’ensembles des parties prenantes sur les modalités de gouvernance et de gestion
des programmes et projets.
La complexité du sujet exige une délimitation précise du champ de l’étude qui va couvrir les
projets et les programmes exclusivement financés par des ressources publiques nationales et
d’origine extérieure, avec ou sans contrepartie nationale ; en seront exclus les projets des
Organisations Non Gouvernementales nationales et internationales (ONG) et ceux à l’initiative
des IDE. En conséquence, cette étude n’intègre pas l’aide d’urgence humanitaire, les projets
appuyés par la MINUSMA et les annulations ou les reconversions de dettes.
Deux faits majeurs ont limité la portée de cette étude : la plupart des services et des organismes
impliqués dans la gouvernance des programmes et projets n’ont pas pu être rencontrés par
l’équipe de consultants, malgré les efforts de la Direction de l’ODHD/LCP. En ce qui concerne
le questionnaire seules deux Cellules de Planification et de Statistique (CPS) ont répondu. En
revanche, les experts commis pour cette étude ont eu à exploiter le Répertoire national des
projets et des programmes ainsi que d’autres banques et bases de données officielles et
régulièrement mises à jour
Le présent rapport est articulé autour de cinq (5) chapitres principaux.
Le premier concerne l’état des lieux et une cartographie des projets et des programmes de 2005
à nos jours. Cette cartographie fait ressortir l’évolution et les caractéristiques des projets et des
programmes concernés.
Le deuxième chapitre est consacré aux acteurs et à leurs stratégies. Dans ce chapitre, l’étude
cherche à analyser le comportement des acteurs de la gouvernance et de la gestion des projets
et des programmes, leurs intérêts, leurs pouvoirs et leurs motivations sous-jacentes. Il tente
d’établir les relations de responsabilité entre les acteurs impliqués dans les systèmes de gestion
des programmes et des projets publics et les processus qui "créent, soutiennent et transforment
ces relations au fil du temps".
Le troisième chapitre traite des différents modes de gouvernance et de gestion des projets et
des programmes en vue d’établir les forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces au
niveau institutionnel et organisationnel de chaque acteur. Les éléments de gouvernance des PTF
concernent principalement les critères d’éligibilité d’un projet et/ou d’un programme, la
préparation (formulation, étude de faisabilité), les conditionnalités du PTF, les procédures
juridiques, financières et comptables, de passation des marchés ainsi que les modalités de suivi-
évaluation et de rapportage.
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3
Le quatrième chapitre, s’efforce de tirer les principaux enseignements de la pratique de
gouvernance et de gestion des projets et des programmes au Mali.
Le cinquième chapitre de l’étude porte sur les recommandations et les propositions
d’amélioration de la gouvernance des projets et programmes. A ce niveau, des options de cadre
institutionnel d’administration (ancrage, structuration et options de staffing des unités de
gestion et des incitations des personnels de projets et programmes) sont proposées et des
recommandations pertinentes ont été formulées en vue d’améliorer la gouvernance des projets
et des programmes de développement au Mali.
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I. EVOLUTION DES PROJETS ET DES PROGRAMMES AU MALI
Les projets et les programmes constituent la base de la pyramide du système de planification
appliqué au Mali. Cette pyramide comprend de haut en bas : la vision nationale à long terme
(ENP Mali 2040); les priorités à moyen terme (CREDD) ; les politiques et stratégies nationales
sectorielles ; les plans régionaux ; les programmes et les projets. Ces derniers sont conçus pour
réaliser les objectifs sectoriels et régionaux de développement (tels que définis par le CREDD
et les ODD à l’heure actuelle). A cet effet, le Gouvernement et les PTF disposent de nombre de
mécanismes et d’outils de planification et d’évaluation : la Programmation Triennale Glissante
des Investissements Publics (PTI) inaugurée en 1988, et dont la tranche annuelle est le Budget
Spécial d’Investissement (BSI) ; le Manuel de Procédures de Programmation et de Suivi-
Evaluation des Investissements Publics (MPPSEIP) mis en place en 2003 et les revues annuelles
des projets et des programmes.
Ainsi, dix-huit revues des projets et des programmes de développement ont été réalisées de
1998 à 2018. Elles permettent de comprendre l’évolution des projets et des programmes,
d’améliorer le mécanisme de programmation, d’exécution et de suivi-évaluation des actions de
développement, à travers une analyse critique de leurs performances et de leurs réalisations,
l’identification des contraintes et la formulation des recommandations.
1.1. Etat des projets et des programmes de 2005 à 2017
1.1.1. Aperçu global des projets et des programmes
Une partie des investissements publics est réalisée à travers le Budget Spécial d’Investissement
(BSI). Ce budget a une grande importance dans la contribution à la croissance économique et
est orienté vers les secteurs qui sont comptabilisés dans la Production Intérieure Brute (PIB).
Les principaux secteurs se composent de l’économie rurale (agriculture, élevage, pêche,
foresterie), du secteur secondaire (mines, eau, énergie, industrie, etc.), des infrastructures (BTP,
transports et télécommunications) et des ressources humaines (éducation, santé, emploi,
finance).
Le financement des projets prévu dans le BSI est passé en milliards de F CFA, de 258,920 en
2005 à 519,394 en 2017, environ une moyenne annuelle de 289,4 milliards de FCFA sur la
période. Ce montant a servi à financer environ 533 projets de développement par an.
Le graphique n°1 donne l’évolution du nombre total des Projets entre 2005 et 2017.
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Figure 1 : Évolution du nombre des projets
Source : Auteurs, données DNPD
Les projets ont connu une tendance haussière de 2005 à 2011, passant respectivement de 540 à
545. En 2012, suite à la crise économique et financière que le pays a connue, le nombre de
projets a eu une tendance baissière pour se situer à 521. Ainsi, le nombre de projets revus a
baissé de vingt-quatre (24) entre 2011 et 2012, soit dix-neuf (19) de moins pour les projets en
exécution et cinq (05) de moins pour ceux en préparation.
A partir de 2013, avec le retour des PTF, il ressort une augmentation du nombre de projets
jusqu’en 2015 (595 projets), puis une chute en 2017 (489 projets). La baisse du nombre de
projets revus est de trente-deux entre 2015 et 2016 et de soixante-quatorze entre 2016 et 2017.
Cette baisse s’explique en grande partie par un accroissement de l’insécurité sur le terrain.
1.1.2. État des réalisations des projets
Durant les treize (13) dernières années (de 2005 à 2017), les réalisations financières du BSI se
sont chiffrées en moyenne à 289,371 milliards de de FCFA pour une prévision moyenne de
415,010 milliards de francs CFA, soit un taux d’exécution moyen de 70,3%. Ces divers
investissements ont permis d’atteindre un taux de croissance moyen du PIB de 4,6% sur la
période.
Le graphique 2 donne les situations des réalisations par rapport aux prévisions du Budget
Spécial d’Investissement (BSI) de 2004 à 2013.
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Figure 2 : Situations des réalisations par rapport aux prévisions du Budget Spécial d’Investissement (BSI)
de 2005 à 2017.
Source : Auteurs, données DNPD
Le graphique 2, montre que le Mali n’a pas pu atteindre ses prévisions en matière
d’investissements publics entre 2005 et 2017. Ainsi, le niveau le plus élevé d’exécution du BSI
a été réalisé en 2017 (519,4 milliards de FCFA, pour un taux d’exécution de 89,2%) ; ce niveau
d’investissement a contribué à l’atteinte du taux de croissance réelle du PIB de 5,3%.
En revanche, le niveau d’exécution le plus faible du BSI a été enregistré en 2012 (83,526
milliards de FCFA, pour un taux d’exécution de 18,2%), en raison de la suspension du
financement extérieur et à cause de la suspension de l’essentiel des investissements sur le
budget d’Etat suite à la crise institutionnelle et politique. Face à cette situation, les ressources
ont été orientées prioritairement vers les secteurs sociaux notamment les salaires des travailleurs
de l’Etat, l’éducation, la santé, la Défense et la Sécurité Intérieure. En conséquence, le taux de
croissance du PIB s’est établi à 0,0% pour la même année.
1.2. Cartographie des projets et des programmes (national, régional, local,
sectoriels, PTF)
La cartographie des projets et des programmes aux niveaux national, régional et sectoriel se
présente ainsi qu’il suit :
1.2.1. Cartographie des projets et des programmes au niveau national
Au niveau national, le Mali a en moyenne enregistré 538 projets et programmes entre 2005 et
2017 et une réalisation moyenne de 289,371 milliards de FCFA. L’année 2015 a enregistré le
plus grand nombre de projets avec environ 595 projets dont 517 en exécution et 78 en
préparation. Cette évolution est en rapport avec le renforcement de la coopération avec les PTF.
Le plus faible nombre de projets a été enregistré en 2017 avec environ 489 projets (dont 461 en
exécution et 28 en préparation) contre 561 projets en 2016 (500 projets en exécution et 61 en
préparation). Cette baisse notable est à rapprocher avec la situation d’insécurité préoccupante
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7
que le pays vit depuis l’année 2012, et qui affecte négativement le développement économique
et social. Elle freine la mise en œuvre des politiques sectorielles et des projets et des
programmes de développement. Elle nuit également à la promotion du secteur privé, à la
mobilisation des ressources propres et donc au cadre économique et budgétaire dans son
ensemble. Le tableau n°1 donne la cartographie des projets et des programmes au niveau
national.
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8
Tableau 1 : Cartographie des projets et des programmes au niveau national(Nombre de projets et programmes).
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
Moyenne
2005-
2017…
Présidence de la République 10 12 13 13 17 22 18 15 13 10 10 14 5 13
Conseil Economique Social et Culturel 1 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 1 1 0
Médiateur de la République 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
Cour Constitutionnelle 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Cour Suprême 3 0 0 0 1 1 1 1 1 1 2 2 1 1
Haut Conseil des Collectivités 3 2 2 1 0 0 0 0 0 1 1 1 1 1
Bureau du Vérificateur Général 0 0 1 1 1 1 1 1 1 1 0 0 1
Primature 6 5 4 3 3 3 5 7 6 10 7 7 7 6
Ministère du Plan et de l'Aménagement du Territoire 22 21 0 0 0 0 0 0 0 18 11 12 12 7
Ministère de l'Environnement et de l'Assainissement 34 39 41 43 47 46 43 46 49 46 52 39 43 44
Ministère de l'Artisanat et du Tourisme 6 9 8 9 8 7 7 4 6 7 0 6 4 6
Ministère de l'Éducation Nationale 25 22 21 21 19 19 29 33 25 33 60 54 40 31
Ministère de l'Industrie et du Commerce 11 11 32 32 29 13 15 13 16 15 16 14 11 18
Ministère des Maliens de l'Extérieur et de l'Intégration Africaine 0 0 5 5 6 6 4 3 4 4 4 3 2 4
Ministère de l'Administration Territoriale et des Collectivités Locales 68 41 24 19 18 19 17 17 17 0 0 14 10 20
Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale 11 11 10 13 14 10 11 12 12 8 8 8 5 10
Secrétariat d'Etat chargé du Développement Intégré de la Zone de l'Office du Niger 0 0 0 0 0 14 13 10 0 0 0 0 3
Ministère de l'Agriculture 64 64 67 76 73 63 65 63 74 78 75 66 69 69
Ministère de l'Élevage et de la Pêche 27 30 29 33 35 38 34 35 34 34 34 25 22 32
Ministère de la Communication et des Nouvelles Technologies 8 10 14 11 12 14 16 13 14 13 12 7 5 11
Ministère des Mines, de l'Énergie et de l'Eau 50 56 58 65 64 60 48 48 49 46 57 51 43 53
Ministère de la Culture 18 15 15 14 14 12 11 11 14 14 16 12 10 14
Ministère du Développement Social, de la Solidarité et des Personnes Âgées 13 15 10 13 11 14 14 13 13 15 20 15 18 14
Ministère de l'Économie et des Finances 19 17 16 15 15 26 31 33 36 35 59 52 53 31
Ministère de la Fonction Publique, de la Reforme de État et des Relations avec les Institutions 3 3 3 4 5 6 7 5 5 4 10 4 3 5
Ministère de l'Emploi et de la Formation Professionnelle 3 5 6 7 5 6 7 7 8 10 14 6 7 7
Ministère de la Promotion des Investissements et des Petites et Moyennes Entreprises 3 3 0 0 0 0 0 0 0 0 0 3 3 1
Ministère de la Promotion de la Femme, de l'Enfant et de la Famille 19 19 21 18 19 14 15 13 17 18 17 17 15 17
Ministère de la Justice 2 2 3 3 3 4 4 3 3 5 7 8 8 4
Ministère des Domaines de l'État et des Affaires foncières 7 4 13 16 17 14 13 13 14 14 16 8 3 12
Ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme 6 8 0 0 0 0 0 0 0 6 0 6 5 2
Ministère de la Santé 15 17 17 17 21 21 30 24 27 21 22 23 18 21
Ministère de l'Équipement et des Transports 62 55 53 54 54 63 62 55 55 50 50 60 46 55
Ministère de la Sécurité intérieure et de la Protection civile 5 6 9 8 9 9 8 8 8 21 0 6 5 8
Ministère de la Jeunesse et des Sports 13 14 15 17 17 14 15 14 18 19 13 18 13 15
TOTAL 539 518 511 532 538 540 545 521 540 559 595 563 489 538
Source : DNPD, rapports d’exécution du BSI_2005/2017
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1.2.2. Cartographie des projets et des programmes au niveau régional
Au niveau régional, il a été enregistré 17 projets dans le Budget Spécial d’Investissement (BSI)
au titre de l’exercice budgétaire 2020 dont trois (3) dans la région de Ségou, deux (02) dans
chacune des régions de Kayes, de Koulikoro et de Tombouctou et une (01) dans chacune des
autres régions (voir graphique n°3 ci-après).
Figure 3 : Nombre de projets au niveau Régional
Source : Auteurs, données DNPD
1.2.3. Cartographie des projets et des programmes au niveau sectoriel
L’Etat malien consacre d’énormes investissements publics dans les différents secteurs de
l’économie qui contribuent également à l’amélioration de son PIB et des conditions de vie et
d’existence des populations.
Le tableau n°2 donne la réalisation sectorielle des investissements publics sur le Budget Spécial
d’Investissement (BSI dans les différents secteurs de l’économie malienne.
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Tableau 2 : Réalisation sectorielle du BSI (en milliards de FCFA)
SECTEURS 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
Economie rurale 77,5 72,9 72,9 68,1 74,9 77,3 77,8 22,3 64,2 83,0 135,7 98,8 132,2
Secondaire 19,2 30,4 34,2 30,3 50,2 46,8 60,2 6,1 48,2 34,6 33,1 60,9 75,0
Infrastructures 91,9 104,2 96,8 75,2 99,5 107,8 113,7 43,5 130,6 139,3 114,8 183,2 174,1
Ressources Humaines 70,3 75,3 58,2 53,3 79,6 50,3 78,6 11,7 34,3 28,5 62,2 45,3 95,6
Total 258,9 282,8 262,1 226,9 304,2 282,2 330,3 83,5 277,3 285,3 345,9 388,3 477,0
Intérieur 79,1 92,8 103,0 93,7 112,9 115,38 112,4 52,1 125,6 119,5 185,5 231,2 238,7
Extérieur 179,8 190,0 159,1 133,2 191,3 166,62 217,9 31,4 151,7 165,8 161,0 157,1 238,3
Total des réalisations 258,9 282,8 262,1 226,9 304,3 282,0 330,3 83,5 277,3 285,3 346,4 388,3 477,0
Source : DNPD, rapports d’exécution du BSI_2005-2017
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L’examen du tableau n°2 fait ressortir certaines disparités entre les secteurs du BSI. Par
exemple, le secteur des infrastructures a reçu le plus fort niveau d’investissement entre 2005 et
2017. Cette hausse est en rapport avec la mise en œuvre des grands projets routiers réalisés dans
le cadre du désenclavement intérieur et extérieur du pays.
S’agissant du secteur secondaire, il a reçu le plus faible niveau d’investissement du fait qu’il a
été très sensible aux différentes crises qui ont secoué le pays, notamment celle de 2012 qui a
momentanément entraîné la suspension du financement extérieur et l’occupation des régions du
nord du pays.
Le secteur de l’économie rurale et celui des ressources humaines ont reçu des investissements
moins importants que celui des infrastructures sur la même période.
Les investissements publics réalisés dans le secteur de l’économie rurale ont représenté environ
28% en moyenne des investissements publics totaux entre 2005 et 2017.
Les évolutions des réalisations sectorielles des projets entre 2005 et 2017 sont présentées dans
le graphique n° 4.
Figure 4: Evolution des réalisations des projets selon les secteurs
Source : Auteurs, données DNPD
1.2.4. Analyse du taux de décaissement
L’analyse des décaissements par instrument, par nature et par PTF fait l’objet de ce sous
chapitre.
➢ Analyse des décaissements par instrument en 2017
Le volume de l’APD mobilisé par les PTF en 2017 est estimé à 725,31 milliards de FCFA
contre 650,75 milliards de FCFA en 2016, soit une augmentation de 11,45%. Cette
augmentation serait plus substantielle n’eut été l’indisponibilité des informations sur les
décaissements de certains PTF comme le Fonds des Nations Unies pour la Population
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12
(FNUAP), le Japon et la Norvège. Ce montant décaissé, rapporté à la prévision, qui est de
1279,797 milliards de FCFA, dégage un taux de décaissement de 56,67%.
Le tableau N°3 donne l’évolution des décaissements par instrument en 2016 et en 2017.
Tableau 3: Décaissements par instrument en 2016 et 2017
DECAISSEMENTS PAR INSTRUMENT 2016 2017
Appui Budgétaire Général (ABG)
Montant décaissé (en milliards de FCFA) 105,26 74,52
Taux de décaissement 70% 77,63%
Appui Budgétaire Sectoriel (ABS)
Montant décaissé (en milliards de FCFA) 7,638 6,076
Taux de décaissement 84% 64,04%
Appui Budgétaire Sectoriel Décentralisé (ABSD)
Montant décaissé (en milliards de FCFA) 3,13 4,48
Taux de décaissement 87% 107%
Appui projet dans le Budget d’Etat
Montant décaissé (en milliards de FCFA) 206,6 259,38
Taux de décaissement 31,76% 35,76%
Appui projet hors Budget d’Etat
Montant décaissé (en milliards de FCFA) 328 380,85
Taux de décaissement 74,62 44,89
Source :SHA, à partir des données collectées auprès des PTF et des structures nationales
➢ Décaissements de l’APD par nature et par catégorie de PTF en 2016 et en
2017
L’APD octroyée au Mali en tant que pays appartenant au groupe des Pays les Moins Avancés
(PMA) est principalement constituée de dons. Ils représentent plus des trois quarts de l’aide
enregistrée jusqu’en 2015.
Les quatre (04) principaux fournisseurs de dons sont l'Union Européenne (UE) et ses Etats
membres, le Système des Nations Unies (SNU), l’Organisation de Coopération et de
Développement Economiques (OCDE) et les coopérations bilatérales.
L’UE est la première pourvoyeuse de l’APD avec des décaissements qui augmentent, passant
de 170,15 milliards de FCFA en 2016 soit 35,83%, à 186,70 milliards de FCFA, soit 38,85%
du volume total des dons en 2017. Ce groupe est suivi du SNU dont le volume mobilisé est
passé de 83,63 milliards de FCFA en 2016 à 129,23 milliards de FCFA en 2017. Son poids
relatif dans le volume des dons est passé de 17,61% en 2016 à 26,89% en 2017, soit 9,28 points
de plus. L’OCDE et les coopérations bilatérales (Canada, Japon, Monaco, Norvège, Suisse et
les USA), viennent en troisième position avec 26,24%.
Le tableau n°4 indique l’évolution des décaissements de l’aide par nature et par catégorie de
PTF en 2016 et 2017.
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Tableau 4: Décaissements de l’APD par nature et par catégorie de PTF en 2016 et 2017
Nature/PTF Décaissé 2016 % en 2016 Décaissé 2017 % en 2017
Dons 475,16 73,02 480,51 66,25
Union Européenne et Etats membres 170,15 35,83 186,7 38,85
Autres Coopérations bilatérales OCDE 165,95 34,94 126,08 26,24
Système des Nations-Unies 83,63 17,61 129,23 26,89
Banques de Développement 56,19 11,83 38,24 7,96
Autres (dont PTF émergents) 0,25 0,05
Prêts 175,83 26,98 244,79 33,75
Banques de Développement 158,91 90,37 201,23 82,21
Autres dont PTF émergents 8,63 4,91 6,24 2,55
Union Européenne et Etats membres 6,21 3,53 34,15 13,95
Système des Nations-Unies 2,077 1,18 3,17 1,3
Total général 650,75 100 725,3 100
Source : SHA, données collectées auprès des PTF et des structures nationales
1.3. Lien entre la gouvernance des projets et des programmes et la
réduction de la pauvreté
Le Gouvernement du Mali a mis en œuvre des plans de développement et de réduction de la
pauvreté dont les objectifs ont été corrélés à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable
(ODD). Le dernier plan achevé est le Cadre stratégique pour la Relance Economique et le
Développement Durable du Mali (CREDD) qui a couvert la période 2016-2018.
Environ 40% des dépenses projetées au titre du CREDD (3440 milliards de FCFA) ont été
consacrées à l’investissement. Dans ce plan, sont notamment privilégiés l’accès aux
infrastructures de santé et d’éducation, à l’eau potable, à l’électricité, ainsi que les efforts de
désenclavement.
La lecture du graphique n°5 indique qu’en dépit de l’orientation des investissements vers les
projets sociaux et une croissance économique relativement élevée (autour de 5%), les efforts
fournis au cours des sept dernières années n’ont pas permis de réduire significativement le
niveau de pauvreté : 44,9% de la population étaient affectés en 2017 contre une estimation de
43,7% en 2010.
Figure 5 : Évolution de l'incidence de la pauvreté (en %)
17.6
7.9
9.6 10.7 11.1 11.2
7.4
4.7
28.6
34.1
32
47.7
36.9
32.9
66.8
57.8
51.2 51.1
52.8 53.1
55.2 53.6
55.6
47.6
43.7 45.6 46.9 47.2
46.8
44.9
0
10
20
30
40
50
60
70
80
2001 2006 2009 2011 2014 2015 2016 2017
Bamako Autre urbain Rural Total
Source : CREDD 2019-2023
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14
A la fin de ce plan, un nouveau Cadre stratégique pour la Relance Economique et le
Développement Durable a été élaboré (CREDD 2019-2023) avec l’espoir d’une amélioration
rapide de la situation.
A cet égard, il convient de noter que les ressources financières allouées au BSI au cours des 3
dernières années proviennent pour 54,1% du financement intérieur (218,5 milliards FCFA) et
pour 45,9% seulement de sources extérieures (185,5 milliards FCFA). Durant cette période, les
réalisations du BSI se sont établies en moyenne à 403,7 milliards de FCFA. La part de ces
investissements dans le PIB a été estimée en moyenne à 4,8% sur la période pour un taux de
croissance économique moyen de 5,8%. Cette situation traduit la dominance du financement
intérieur sur le financement extérieur au cours de la période.
1.3.1. Évolution des indicateurs sociaux de base
Ainsi depuis plus d’une décennie, les projets et les programmes publics de développement sont
orientés vers la lutte contre la pauvreté et la réduction des inégalités à travers leurs contributions
à la création d’emplois, à l’accès aux infrastructures de santé et d’éducation, à l’accès à l’eau
potable ainsi qu’à l’accès à l’électricité.
1.3.1.1. Education
L’Education demeure un secteur prioritaire de l’Etat malien. La vision du gouvernement pour
ce secteur est énoncée dans le document intitulé « les Grandes Orientations du Programme
Décennal de Développement de l’Education », dont l’objectif fondamental est d’assurer que
« tous les enfants maliens terminent une éducation de base de qualité et que le secteur de
l’éducation fournisse au pays les ressources humaines nécessaires pour son développement ».
La mise en œuvre du Programme Décennal de Développement de l’Education (PRODEC) a été
essentielle dans les performances enregistrées.
Au regard des enjeux et défis du secteur, mais aussi des nouveaux engagements internationaux,
notamment l’adhésion aux agendas 2030 des Nations Unies et 2063 de l’Union Africaine (UA),
le Gouvernement du Mali s’est engagé à élaborer un nouveau programme décennal de
développement de l’éducation (2ème génération), en capitalisant sur les leçons apprises de la
mise en œuvre du précédent et des études spécifiques menées.
A la fin du PRODEC, le Gouvernement du Mali, en accord avec les PTF a élaboré un
Programme Intérimaire dont l’exécution s’est étendue jusqu’en 2018. Les actions menées selon
les orientations de ce Programme Intérimaire ont porté essentiellement sur : la formation, la
construction et l’équipement des infrastructures scolaires et le renforcement de la recherche
scientifique et technologique dans les différents ordres d’enseignement. Au nombre des acquis,
le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique a fait valider et
adopter en 2018 : (i) le document de politique nationale de l'enseignement supérieur et de la
recherche scientifique et (ii) le document de politique nationale de la science, de la technologie
et de l'innovation.
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D’autres activités ont été menées à savoir : (i) l'amélioration de la qualité à travers l'habilitation
des offres de formation, (ii) la création de l'Agence Malienne d'Assurance Qualité (AMAQ),
(iii) la création et l’opérationnalisation d’écoles doctorales et (iv) la mise en œuvre du
Programme d’Appui au Développement de l’Enseignement Supérieur (PADES).
Ces différentes activités et actions ont permis l’amélioration de certains indicateurs du secteur
de l’éducation. Le graphique n°6 indique l’évolution du Taux Brut de Scolarisation (TBS) entre
2015 et 2018.
Figure 6 : Évolution du taux brut de scolarisation
Source : Auteurs, données CPS-Education
Il en ressort une évolution favorable de ce paramètre critique qui est passé de 68,7% en 2015
à 76,5% en 2018. Malgré cette progression, la cible prévisionnelle de 83% en 2018 n’a pas été
atteinte en grande partie à cause de la fermeture de nombreuses écoles ou leur non-
fonctionnalité dans les zones affectées par la crise sécuritaire dans le Nord et le Centre du pays.
Selon le « CLUSTER-EDUCATION », près de 735 écoles sont ainsi restées fermées de 2012
à la fin de l’année scolaire 2017-2018.
Le graphique n°7 donne l’évolution du Ratio Elèves-Maîtres (REM) au primaire entre 2015 et
2018.
Figure 7: Évolution du ratio élèves – maîtres au primaire
Source : Auteurs, données CPS-Education
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16
L’analyse fait ressortir au niveau des écoles publiques du cycle fondamental I, un REM qui
tend vers la cible 58 en 2018. Pour ce qui est de l’allocation des moyens par rapport au REM,
il est apparu que la cohérence dans l’affectation des enseignants dans le premier cycle de
l’enseignement fondamental s’est progressivement dégradée. En outre, du fait de la crise
multidimensionnelle et de ses implications sur les déplacements des populations, nombre
d’enseignants, qui avaient quitté leurs lieux de travail pour des raisons de sécurité, n’y sont plus
retournés.
Il est à noter que certaines régions sont plus concernées que d’autres par le problème
d’incohérence déterminé par des facteurs autres que le nombre des élèves, par exemple la perte
du temps d’enseignement/apprentissage. Ces disparités sont encore plus marquées à l’intérieur
des académies et notamment entre les Centres d’Animation Pédagogique (CAP), révélant ainsi
des déséquilibres non négligeables dans le déploiement des enseignants. Cela signifie que si les
enseignants avaient été mieux répartis au niveau national, le taux d’encadrement se situerait à
un niveau relativement satisfaisant.
1.3.1.2. Santé
Le Plan Décennal de Développement Sanitaire et Social en cours (PDDSS 2014-2023), a été
mis en œuvre par tranches quinquennales suivant une approche sectorielle : le Programme de
Développement Sanitaire et Social (PRODESS III), sur la période 2014-2018 a pris fin en
décembre 2018 et a été prorogé au 31 décembre 2019. Il comportait onze (11) objectifs
stratégiques et soixante-deux (62) résultats stratégiques qui couvraient les priorités en matière
de santé, d’hygiène publique, de nutrition, de développement social et de promotion de la
famille. Le graphique n°8 retrace l’évolution du taux de couverture géographique en services
de santé dans des rayons de 5 km et de 15 km entre 2015 et 2018.
Figure 8: Taux de couverture géographique en services de santé dans un rayon de 5 km et 15 km
Source : Auteurs, données CPS-Santé
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17
Le taux de couverture géographique en services de santé dans un rayon de 5 km est resté presque
stationnaire entre 2015 et 2018. S’agissant du taux de couverture géographique en services de
santé dans un rayon de 15 km, il était stationnaire entre 2015 et 2016 et ensuite a connu une
baisse qui s’est établie à -6%, en 2017. Une hausse a cependant été constatée entre 2017 et
2018. La baisse du taux de couverture géographique en services de santé dans des rayons de 5
km et de 15 km serait due au non-respect de la carte sanitaire, à la faible qualité des données
populationnelles de certaines régions et au déplacement des populations du nord vers d’autres
zones à cause de l’insécurité.
1.3.1.3. Accès à l’eau potable
L’accès à l’eau potable est encore loin d’être universel. Malgré l’adoption du Code de l’Eau en
2002 et du Plan National d’Accès à l’Eau Potable (PNAEP) en 2006, l’accès à l'eau potable
constitue toujours un défi majeur. Entre 2015 et 2018, de façon générale, on observe une légère
augmentation des populations ayant accès à l’eau potable, aussi bien au niveau national qu’en
milieux urbain et rural. En effet, l’accès au niveau national passe de 65,3% en 2015 à 68,8% en
2018. Le tableau n°5 donne l’évolution des indicateurs de l’Eau et de l’assainissement entre
2015 et 2018.
Tableau 5: Évolution des indicateurs de l’Eau et de l’assainissement
Intitulé des indicateurs Lien/ODD Structure
responsable
Valeur de
référence
Réalisations Valeurs
cibles
2018
2015 2016 2017 2018 2018
Taux d'accès à l'eau potable
au niveau national (%)
ODD6 DNH 65,30 66,9 68 68,8 69,8
Taux d'accès à l'eau potable
au niveau urbain (%)
ODD6 DNH 70 70,60 74,7 76,0 78,0
Taux d'accès à l'eau potable
au niveau rural (%)
ODD6 DNH 63,30 65,30 65,30 65,9 66,5
Pourcentage de ménages
disposant de latrines
améliorées (%)
ODD6 DNACPN 25,36 30,67 57,06 62 42
Source : DNH/DNACPN/CPS-SEEUDE
Le taux d’accès à l’eau potable au niveau national est ressorti à 68,8 % en 2018 contre 68% en
2017, soit une majoration de 0,8%. Il était de 65,3% en 2015. Ce résultat, malgré une
amélioration, est jugé insuffisant. Ainsi, il ressort des retards dans l’exécution de certains
marchés de travaux dus aux faibles capacités des entreprises chargées de l’exécution des
travaux, aux lenteurs et aux lourdeurs administratives dans les procédures de passation des
marchés et à l’insécurité dans les régions du nord et du centre.
1.3.1.4. Accès à l’éélectricité
S’agissant de l’électricité, le Mali, dans sa politique énergétique adoptée depuis mars 2006,
ambitionne de réaliser un développement durable à travers la fourniture de services
énergétiques accessibles au plus grand nombre de ménages, à moindre coût et favorisant la
promotion des activités socioéconomiques. Les investissements en cours portent, entre autres,
sur :
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18
➢ La construction d’une nouvelle centrale hydroélectrique à Sotuba avec un
investissement prévisionnel de 20 452 164 000 FCFA, produira 82 GWH 6.8 mw. Le
Rapport d’évaluation technique est validé. Un projet étatique est signé entre EDM-SA
et le bureau TRACTEBEL ;
➢ la centrale hydroélectrique de Boueina dans la région de Kayes (Mali, Sénégal,
Mauritanie): 560/620 GWH, 140MW dont 63 MW pour le Mali et un coût de 218 350
000 000 FCFA dont 72 783 000 000 pour le Mali et la mise en service est prévue pour
2020 ;
➢ l’Akuo Energy Kita, est un projet phare de construction d’une centrale solaire, initié par
le R20 - l’ONG Regions for Climate présidée par Arnold Schwarzenegger. Sa capacité
est estimée à 76.02GWH, 60 MWC, pour un investissement de 53 172 000 000 FCFA,
elle a été mise en service le 28 décembre 2019.
Ces différents investissements contribuent à l’amélioration du taux d’accès à l’électricité. Le
graphique n°9 donne l’évolution du taux d’accès à l’électricité de 2015 à 2018.
Figure 9: Taux d’accès à l’électricité de 2015 à 2018
Source : Recueil des indicateurs de statistiques de la CPS du Secteur Mines-Énergie
1.3.1.5. Emploi
La Politique Nationale de l’Emploi (PNE), adoptée en mars 2015, reste un instrument privilégié
de la stratégie de réduction de la pauvreté à travers la création et l’accès à un emploi plus stable
et mieux rémunéré pour une plus grande partie de la population en âge de travailler. Quant à la
Politique Nationale de Formation Professionnelle (PNFP), elle se justifie au regard de
l’insuffisance de la main-d’œuvre qualifiée dans tous les secteurs de production et de
l’immensité des besoins à satisfaire.
Selon les statistiques de l’Observatoire National de l’Emploi et de la Formation (ONEF), du
1er janvier au 31 décembre 2018, les secteurs publics et privés formels ont créé 44 520
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19
nouveaux emplois contre 63 176 emplois en 2017, soit une baisse de 29,53%. Le tableau n°6
donne l’évolution des indicateurs de l’emploi entre 2015 et 2018.
Tableau 6 : Évolution des indicateurs de l’emploi de 2015 à 2018
Intitulé des indicateurs Lien/ODD
Structure
responsable
Valeur de
référence
Réalisations
2015 2016 2017 2018
Emplois créés par le secteur privé ODD8 ONEF 24 896 20 908 37 031 30 746
Emplois créés par le secteur
public
ODD8 ONEF 35 948 49 023 26 145 13 774
Total emplois créés ODD8 ONEF 60 844 69 931 63 176 44 520
Pertes d’emplois ODD8 ONEF 1 386 3 089 1 490 2 993
Total création nette d’emplois
(emplois créés moins pertes
d’emplois)
ODD8 ONEF 59 458 66 842 61 686 41 527
Taux d’emploi ou Ratio
Emploi/Population (%)
ODD8 ONEF 67 63,5 66,3 64,7
Taux d’emplois informels (%) ODD8 ONEF 96 96,5 94,4 97,6
Taux de salarisation (%) ODD8 ONEF 10 10,6 11,2 11,4
Source : ONEF
Selon les résultats de l’Enquête Modulaire et Permanente auprès des Ménages (EMOP) 2018,
le taux de chômage estimé au sens du Bureau International du Travail (BIT) s’élève à 8,4 %.
Ce taux était de 10,5% en 2011 et 9,3% en 2017, soit une moyenne de 10,1% entre 2011 et
2018. Le graphique n10 donne l’évolution du taux de chômage entre 2011 et 2018.
Figure 10 : Évolution du Taux de chômage des 15-64 ans de 2011 à 2018
Source :Auteurs – Données INSTAT
L’évolution des projets et des programmes est fortement conditionnée par les stratégies, les
intérêts des différents intervenants impliqués dans la gouvernance et la gestion des projets ou
programmes. Elle dépend également des rapports de force entre les acteurs. C’est pourquoi le
chapitre suivant porte sur le jeu des acteurs.
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20
II. IDENTIFICATION DES ACTEURS ET LEURS STRATEGIES
2.1. Acteurs et leurs pouvoirs
Dans la gouvernance des projets et des programmes de développement au Mali, les principaux
acteurs sont l’Etat, les Collectivités Territoriales, le Secteur Privé, les syndicats, les
Organisations de la Société Civile (OSC) et les PTF. Chacun de ces acteurs identifiés évolue
suivant sa propre stratégie, clairement affichée ou voilée. Les intérêts des uns et des autres sont
censés être convergents, mais parfois ils divergent, et les décisions sont prises en fonction des
rapports de forces en présence.
Le tableau n° 7 présente les acteurs du processus de gouvernance et de gestion des projets et
des programmes.
Tableau 7: Acteurs du processus de gouvernance et de gestion des projets et des programmes
ACTEURS ROLES ET RESPONSABILITES
1 Le Chef de l’Exécutif, le groupe politique au pouvoir Orientations politiques
2 Le Gouvernement Exécution des orientations politiques
3
Les Communautés bénéficiaires Identification, choix de l’idée de projet
Participation à toutes les phases du projet
4
Les Directions techniques des Sous-secteurs
Les Directions régionales des Secteurs
Appui à l’identification et au choix technique,
évaluation, suivi
5 Les Cellules de Planification et de Statistique Planification, statistique et suivi évaluation
6
Les Cabinets ministériels Décisions finales relatives à toutes les phases au
niveau du Département ; coordination, conception et
contrôle.
7
La Direction Nationale de la Planification du
Développement
Coordination nationale de toutes les phases du projet
ou du programme
8
Les Agence de Développement Régional (ADR) Choix techniques et transmission au Conseil
Régional
9
Le Conseil Régional Décisions finales relatives à toutes les phases au
niveau de la Région
10
Direction Régionale de la Planification, de la Statistique et
de l’Informatique, de l’Aménagement du Territoire et de la
Population
Coordination régionale de toutes les phases du projet
ou du programme
11
Le Gouvernorat Cohérence au niveau régional entre les projets
identifiés et les orientations du CREDD
12 La Direction de la Coopération Multilatérale Réception des requêtes et recherche de financement
13
La Direction Générale de la Dette Publique Elaboration, exécution et suivi-évaluation de la
politique d’endettement
14
La Direction Générale des Collectivités Territoriales Organisation et impulsion des appuis aux
collectivités territoriales
15
L’Agence Nationale d’Investissement des Collectivités
Territoriales
Liste des investissements éligibles à son
financement
16
Les Directions des Finances et du Matériel (DFM), Programmations des investissements, passation des
marchés, suivi budgétaire
17
La Direction Nationale du Contrôle Financier (DNCF) Contrôle financier préalable des dépenses publiques
(sur les engagements)
18
La Direction Générale des Marchés Publics et des
Délégations de Service Public (DGMP-DSP) ainsi que
l’Autorité de Régulation des Marchés Publics et des
Délégations de Service Public (ARMDSP)
Passation et contrôle des marchés publics ;
Arbitrage des contentieux.
19
La Direction Générale du Budget (DGB) Elaboration, exécution et suivi-évaluation du Budget
d’Etat
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21
20
La Direction Nationale du Trésor et de la Comptabilité
Publique (DNTCP)
Paiement, suivi comptable et financier du budget
21
L’Unité Partenariat Public - Privé (UPPP) Identification, programmation, recherche de
partenaires privés des PPP.
22
Le secteur privé y compris les auditeurs externes Exécution des contrats de marchés, participation
financière aux projets PPP; audit et contrôle de la
gestion des ressources publiques
23 Les différents corps d’inspections ministérielles Contrôle de gestion
24 La Section des Comptes de la Cour Suprême Contrôle et décisions judiciaires
25
Les organes chargés de la régulation sectorielle Veille sur les procédures et contrôle l’évolution des
prix
26 Le Bureau du Vérificateur Général du Mali Audit des services publics
27
L’Assemblée Nationale du Mali Législation et contrôle parlementaire du travail
gouvernemental
28
Le Secteur Privé, les Chambres Consulaires, le Conseil
National du Patronat et l’Organisation Patronale des
Industriels (OPI)
Production des biens et services
29 Les Organisations de la Société Civile (OSC) Mobilisation sociale et plaidoyers
30 Les Syndicats des Travailleurs Défense des intérêts des travailleurs
31 Les PTF Assistance technique et financière
Source : auteurs de l’étude
2.1.1. L’Etat et ses démembrements
La majorité politique au pouvoir, une des composantes de l’Etat, est fixé sur son agenda
politique. Elle veut présenter un bilan de fin de mandat et est prêt à agréer nombre de projets et
programmes hors budget d’Etat qui ne correspondent pas toujours aux priorités nationales. Il
arrive que des programmes spécifiques soient initiés pour le compte du Président de la
République. Ces programmes spécifiques viennent faire souvent doublon avec les plans
nationaux et en plus, ils sont mis en œuvre par les services techniques de l’Etat.
Les autres démembrements de l’Etat constituent la partie technique qui pilote les activités de
développement en permanence. Ils ont mis en place des cadres de concertation appropriés entre
les structures techniques nationales impliquées dans la gestion des Projets et des Programmes,
des procédures et outils consignés dans le Manuel de Procédures de Programmation et de Suivi-
Evaluation des Investissements Publics au Mali. Ces structures et leurs responsables, malgré
leur compétence, n’ont pas de pouvoir de décision finale ; ils donnent tout en plus des avis
techniques aux décideurs institutionnels. Ces décideurs sont fragilisés par l’instabilité politique
avec ses conséquences : clientélisme, népotisme et corruption.
2.1.2. Bénéficiaires, Secteur Privé, Syndicats et Organisation de la Société Civile
Les composantes les plus actives des bénéficiaires sont le Secteur Privé, les syndicats et les
Organisations de la Société Civile (OSC).
✓ Le Secteur Privé
Le Secteur Privé, par son intervention améliore de deux manières les perspectives de croissance
et de développement. Premièrement, il stimule les forces concurrentielles et la compétitivité qui
entraînent la croissance de l’économie et la création d’emplois. Deuxièmement, en confiant au
secteur privé des activités qu’il peut mieux exécuter que le secteur public, l’État réduit le
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22
gaspillage et dégage des ressources budgétaires pour investir dans les secteurs des services
sociaux et des infrastructures.
En retour, la promotion du secteur privé doit être soutenue par les réformes structurelles et
institutionnelles suivantes :
- l’amélioration du climat des affaires ;
- la mise en place des systèmes financiers appropriés ;
- le renforcement des ressources humaines et des infrastructures physiques.
Les intérêts de l’Etat et ceux du Secteur Privé sont divergents quand il est question notamment
de fiscalité, du niveau très élevé de la dette intérieure et de la protection des entreprises
nationales contre la concurrence déloyale et le dumping. Dans le cadre du Partenariat Public-
Privé (PPP), le rapport de forces entre l’Etat et le Secteur Privé sera mieux équilibré en termes
de partage des risques.
Le secteur privé malien reste cependant confronté à d’importantes contraintes qui l’empêchent
de jouer convenablement son rôle de moteur de la croissance. Elles ont pour noms :
- les coûts d’approche élevés de la production des biens et services, à cause de la
complexité des règlementations et du droit des affaires ;
- un manque de capacités et de savoir-faire technique résultant de la place
prépondérante faite au commerce générateur de gains immédiats plutôt qu’à
l’investissement à long terme ;
- la faiblesse de la fonction d’intermédiation financière caractérisée par un système
cloisonné ;
- une infrastructure d’appui peu développée ;
- des facteurs de production, notamment l’énergie et le transport, très coûteux.
✓ Le Syndicats
La défense des intérêts des travailleurs est la première mission des syndicats. Ils participent
aux concertations d’intérêt général pour un climat social apaisé.
✓ Les Organisations de la Société Civile (OSC)
Les OSC, avec l’élargissement pluraliste des libertés de presse et d’association depuis 1991,
constituent de vigoureuses forces d’opposition et de proposition aux politiques publiques quand
celles-ci ne prennent pas suffisamment en compte l’opinion des populations bénéficiaires. Au-
delà des partis politiques, elles n’hésitent pas à interpeller les pouvoirs publics sur des
problèmes de gouvernance et de société. Indépendamment de leur caractère confessionnel ou
non, les OSC sont très actives sur diverses questions d’actualité que le Gouvernement veut
mettre en œuvre dans les domaines constitutionnel, éducationnel ou sociétal.
Par ses exigences de redevabilité et de consultation citoyenne, cette nouvelle culture politique
des acteurs non étatiques prend de plus en plus d’envergure face aux décideurs nationaux et aux
PTF. Les refus du code de la personne et de la famille sous sa version initiale, du projet de
réforme constitutionnelle et du projet sur l’éducation sexuelle complète par la société civile
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23
illustrent bien l’émergence de cette nouvelle culture de résistance à certaines initiatives
étatiques.
Animatrices éprouvées de mouvements sociaux dynamiques, les OSC peinent parfois à
structurer leurs idées novatrices, leurs revendications catégorielles et leurs grandes actions de
mobilisation si bien que leur portage des réformes institutionnelles demeure épisodique,
spontané et souvent éphémère.
Certaines OSC sont souvent directement bénéficiaires des appuis techniques et financiers des
projets et des programmes soutenus par des donateurs nationaux et/ou internationaux. Elles
servent dans ces cas de relais des interventions de l’Etat et des PTF pour bénéficier de
ressources financières qu’elles ont du mal à générer de façon autonome.
✓ Les populations bénéficiaires
Les populations bénéficiaires sont souvent présentées comme les porteurs de projets et
programmes, aux effets induits faibles alors que dans les faits, elles sont marginalisées dans
presque tout le cycle de vie des projets. Les écarts se creusent parmi les bénéficiaires, entre la
conception et l’exécution créant ainsi des îlots de prospérité et de développement inégal voire
inéquitable.
2.1.3. Les Partenaires Techniques et Financiers (PTF)
L’analyse des données collectées auprès des PTF concernant la période 2015-2017 laisse
apparaître une diversité de donateurs, de modes d’accompagnement, de secteurs d’intervention,
avec à chaque fois des logiques et des approches qui sont singulières.
Les PTF appuient et assistent le Gouvernement dans la réalisation de ses programmes et de ses
projets. Cette assistance s’inscrit dans la propre stratégie des Donateurs qui n’est pas toujours
d’inspiration philanthropique uniquement.
En effet, l’APD favorise l’insertion des pays récipiendaires dans l’économie libérale
mondialisée, où l’offre de biens et services suscite une demande encadrée par le marché. C’est
ainsi que la spécialisation des pays assistés dans la fourniture des ressources (mines) et la
production des matières premières (coton) répond aux besoins prioritaires de leurs
interventions, tandis que leur financement des infrastructures de transport facilite
l’acheminement des produits.
Face aux autres acteurs, les rapports de forces en faveur des PTF se manifestent à travers :
- La prescription des conditionnalités techniques et/ou des préalables au financement
des projets et des programmes ;
- la concentration de leursinterventions sur quelques secteurs choisis ;
- l’appui- projet hors budget d’État.
Le tableau n° 8 fournit quelques indications sur les préférences des PTF en matière
d’investissement.
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24
Tableau 8 : PTF actifs par secteur en 2014:
SECTEURS D’INTERVENTIONS PARTENAIRES
Développement rural
Allemagne, Arabie Saoudite, Banque Africaine de
Développement (BAD), Banque Arabe pour le
Développement Economique en l'Afrique (BADEA),
Banque Mondiale, Belgique, Banque Ouest-Africaine de
Développement (BOAD), Banque d'Investissement et de
Développement de la Communauté Economique des Etats
de l’Afrique de l’Ouest (BIDC/CEDEAO), Union
Européenne, Corée du Sud, Etats-Unis, Organisation des
Nations Unies pour l’Alimentation et l'Agriculture (FAO),
Fonds International pour le Développement de
l'Agriculture (FIDA), France, Koweït, Organisation des
Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP), Pays-Bas, Suisse,
Luxembourg
Santé
Autriche, Banque Mondiale, Belgique, Canada, Espagne,
Etats-Unis, Fonds Mondial pour la Lutte contre la
Tuberculose, le Paludisme et le VIH-SIDA, France,
Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Pays-Bas,
UNFPA, UNICEF, Luxembourg
Environnement (dont Eau et Assainissement)
Allemagne, BADEA, Banque Mondiale, BOAD,
BIDC/CEDEAO, Union Européenne, France, ONUDI,
OPEP, Suède
Gouvernance et Décentralisation
Allemagne, Banque Mondiale, Belgique, Canada, Union
Européenne, Etats-Unis, PNUD, Suède, Suisse,
Luxembourg
Équipement et Transport
BIDC/CEDEAO, Union Européenne, BAD, Banque
Mondiale, BADEA, Chine, OPEP
Énergie
BAD, BADEA, Banque Mondiale, BOAD,
CEDEAO/BIDC, Chine, Union Européenne, OPEP
Éducation
Allemagne, Banque Mondiale, Canada, Etats-Unis, France,
Suisse, UNICEF
Paix et Sécurité
Allemagne, Pays-Bas, Union Européenne, Suisse,
Luxembourg
Secteur Privé Allemagne, Canada, France
Genre Belgique, ONU-FEMME, UNFPA
Justice et Lutte contre la corruption Canada, Union Européenne, Pays-Bas
Technologie de l'Information et de la Communication Chine et Corée du Sud
Urgences humanitaires UNHCR, Luxembourg
Culture UNESCO
Finances Publiques BAD
Source : Auteurs
Ce sont trente-deux (32) PTF qui fournissent la grande majorité de l’APD ; à titre d’exemple,
les décaissements globaux réalisés au titre de l’année 2014, dans le cadre de la mise en œuvre
du PRED, s’élevaient à 1 058 milliards de FCFA constitués à près de 75% de dons (Cf. tableau
annexe 1).
2.2. Problématique de l’APD
Selon l’OCDE, une aide est publique si elle est apportée par un donateur public, quel que soit
le bénéficiaire : « Entrent dans l’APD toutes les opérations qui répondent aux critères suivants
:
- avoir pour but essentiel de favoriser le développement économique et l’amélioration du
niveau de vie dans les pays bénéficiaires ;
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25
- être assorties de conditions favorables dans le cas d’un prêt. Sont exclues les opérations
de réaménagement de la dette, les opérations de secours et d’aide d’urgence ».
L’évolution et les stratégies de livraison de l’APD sont indiquées ci-après.
2.2.1. Évolution
Il est reconnu que l’Aide Publique au Développement (APD) constitue la principale source de
financement extérieur de l’économie malienne. Le Mali est l’un des pays qui reçoivent un
volume important d’aide. Selon le document de la Politique Nationale de Gestion de l’Aide
(PONAGA), l’aide par tête d’habitant a atteint 84 dollars en 2013 et 72,2 dollars en 2014 contre
une moyenne de 45 dollars en Afrique Subsaharienne en 2014. Elle place le pays au 15ème rang
mondial dans le classement de l’APD par habitant. Rapporté au PIB, elle classe le Mali à la
14ème place sur 49 pays.
L'aide- projet est l’instrument prédominant des PTF pour l’acheminement de leurs appuis. Cet
instrument a représenté 82,17% des fonds décaissés en 2016.
L’analyse des déterminants de la dynamique du système « MALI » effectuée dans le cadre de
la préparation du CREDD 2019-2023 a révélé que la dépendance extérieure devient une
contrainte majeure. Elle se fait sentir dans tous les compartiments de la vie du pays : politique,
économique, social, culturel et sécuritaire. Il est nécessaire de la réguler par un leadership fort,
un effort accru d’internalisation des politiques, une meilleure capacité de négociation et le
développement de la conscience et de l’engagement citoyens des populations.
L’une des raisons qui expliquent le rôle très important de l’aide extérieure dans le financement
du développement est la faiblesse de l’épargne intérieure. L’étude sur le potentiel fiscal menée
en janvier 2016 par le Ministère de l’Économie et des Finances2 a révélé les principales limites
à la mobilisation optimale des ressources fiscales dans le Pays :
- l’étroitesse de l’assiette fiscale, avec notamment la sous-fiscalisation de l’Aagriculture
et du commerce dont les poids dans l’économie nationale sont prépondérants ;
- le poids des exonérations fiscales, qui ont représenté 4,2% du PIB en 2013 ;
- les impacts de la fraude et de la corruption estimés à 2,8% du PIB.
2.2.2. Stratégies de l’APD
Une série de documents de stratégies successifs, tous recommandés, pour ne pas dire imposés,
par les partenaires extérieurs ont largement influencé le portefeuille des projets et des
programmes. Il s’agit entre autres : du Programme d’Ajustement Structurel (PAS), des
Documents Stratégiques de Réduction de la Pauvreté (DSRP) et des Objectifs de
Développement Durable (ODD).
2 Etude pour déterminer le potentiel fiscal de l’économie malienne et développer un modèle pour la fiscalisation
de l’économie parallèle, Ministère de l’économie et des finances, Secrétariat général, PAGAM/ GFP II, janvier
2016
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26
Au Mali, l’Aide publique n’a jusqu’à présent pas été en mesure de préparer sa propre relève.
Est-elle suffisamment alignée sur les priorités nationales ? Le constat est que ce sont les
stratégies nationales qui sont plutôt alignées sur les orientations des donateurs pour bénéficier
de l’APD. Dans ces conditions, ce n’est donc pas l’APD qui est en cause, mais bien l’usage qui
en est fait. En l’absence de bonnes politiques économiques et d’une bonne planification de son
utilisation, l’efficacité de l’Aide publique au Développement est des plus aléatoires.
D’où la nécessité de mobiliser les ressources intérieures et de créer les conditions pour attirer
les Investissements Directs Étrangers (IDE) pour promouvoir les investissements dans le Pays.
Les IDE constituent une solution sans endettement pour la relance des investissements. Il est
généralement admis que lorsqu’il y a insuffisance d’épargnes mobilisables, l’IDE peut devenir
un moyen de lever ce goulot d’étranglement.
En outre, le financement innovant est défini comme un mécanisme complémentaire à l’APD et
destiné à lever des fonds pour le développement. C’est pour relever les défis du financement du
développement que de nouveaux instruments ont été conçus : les envois de fonds des migrants,
les apports contributifs du marché financier sous régional, de la finance islamique, des Euro-
bons et du Partenariat Public Privé (PPP). Ils compensent et complètent les flux de ressources
traditionnelles.
Une récente publication du Centre d’Étude et de Réflexion au Mali (CERM) en 20193, observe
que : « Aujourd’hui, dans le processus de l’APD, le souci généralisé est plus celui de recevoir
plus d’aides que celui de développer des stratégies locales pour sortir de l’éternel état d’assisté.
Y-a-t-il une volonté réelle des bénéficiaires de sortir de cette situation d’assistés ? Les
donateurs sont-ils tous sincères ? Certains n’utilisent-ils pas l’aide comme Cheval de Troie
avec un autre agenda que la contribution au développement du pays bénéficiaire ? »
Au nombre des facteurs qui ont eu de l’influence sur l’aide, on peut citer les différentes mesures
prises par le Mali depuis l’adoption de la Déclaration de Paris sur l’APD, en mars 2005. Parmi
celles-ci, on retiendra la signature en 2006 de l’Arrangement Cadre entre le gouvernement du
Mali et les partenaires au développement du Mali relatif aux appuis budgétaires ; les
Arrangements Spécifiques entre le Gouvernement et les PTF relatifs aux appuis budgétaires
sectoriels en faveur des secteurs de la santé (sanitaire et social) et de l’éducation en 2006. On
notera également la mise en place du Secrétariat à l’Harmonisation de l’Aide (SHA) et le Pool
Technique des PTF.
2.3. Évaluation de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide
Des décennies d'expériences d'aide au développement ont permis de constater qu'une assistance
technique externe ne peut seule conduire au développement durable des pays en
développement. En plus, les représentants de la communauté de développement internationale
3 Centre d’Etudes et de Réflexion au Mali (CERM) : l’Aide internationale, facteur d’émancipation ou de
dépendance ? Contribution de Mohamed DIALLO, juin 2019
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27
se sont accordés sur le fait que la relation traditionnelle entre donateurs et bénéficiaires avait
tendance à favoriser une situation de dépendance.
La remise en cause des pratiques anciennes a permis de repenser toute la philosophie de l’aide.
Les résolutions issues de cette remise en cause sont consignées dans des documents historiques
connus sous les noms de Déclaration de Rome sur l’harmonisation de l’aide (2003) et de
Déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide (2005), suivis du Programme d’Action d’Accra
(2008) et du partenariat de Busan (2011).
La Déclaration de Paris et le Programme d'action d'Accra sont ancrés dans cinq principes
fondamentaux, nés de décennies d'expériences de ce qui fonctionne ou non dans le secteur du
développement. Ces principes ont reçu l'appui de la Communauté internationale vers un
changement positif des pratiques de l'aide.
La norme pour les receveurs d'aide est désormais d'élaborer leurs propres stratégies nationales
de développement avec leurs parlements et les électeurs (appropriation); pour les donneurs,
elle est de soutenir ces stratégies (alignement) et de travailler à accorder leurs efforts dans les
pays (harmonisation); elle est d'être orientée vers l'atteinte de buts précis et l'amélioration du
suivi de ces objectifs (Gestion axée sur les résultats); et pour les donateurs comme les
receveurs d'être conjointement responsables de la réalisation de ces objectifs (responsabilité
mutuelle).
Au-delà des principes de l'efficacité de l'aide, la Déclaration de Paris (2005) présente une
Feuille de route pratique et orientée vers l'action pour améliorer la qualité de l'aide et son impact
sur le développement. Elle met en place une série de mesures spécifiques de mise en œuvre et
établit un système de suivi pour évaluer les progrès et garantir que les donneurs et receveurs se
rendent mutuellement des comptes pour leurs engagements.
Prévu pour renforcer et approfondir la mise en œuvre de la Déclaration de Paris, le Programme
d'Action d'Accra (PAA, 2008) fait le bilan des progrès et établit un programme pour accélérer
le déploiement vers la réalisation des objectifs de la Déclaration de Paris. Il propose les quatre
principaux domaines d'amélioration suivants :
✓ Appropriation « Les pays ont plus d'influence sur les processus de développement à
travers une plus large participation à la formulation des politiques de développement,
un plus fort leadership dans la coordination de l'aide et une plus grande utilisation des
systèmes nationaux pour l'acheminement de l'aide ».
✓ Partenariats inclusifs « Tous les partenaires participent pleinement - dont les donneurs
du Comité d'assistance de l'aide de l'OCDE et les pays en développement, ainsi que les
autres donneurs, fondations et la société civile ».
✓ Obtention de résultats « L'aide est axée sur un impact réel et mesurable du
développement ».
✓ Développement des capacités « Construire la capacité des pays pour gérer leur propre
futur repose aussi au cœur du PAA ».
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Le Partenariat de Busan (2011), pour une coopération efficace au service du
développement, est le quatrième forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide. A Busan, il a
été question de construire un nouveau partenariat mondial pour le développement, ouvert à la
diversité et tenant compte des rôles distincts que toutes les parties prenantes de la coopération
peuvent jouer. Le fondement de cette nouvelle coopération s’inspire des principes de la
Déclaration de Paris tout en les adaptant aux préoccupations des pays en développement.
Le Nouveau Partenariat de Busan a été élargi à d’autres dimensions qui n’étaient pas bien
explicitées dans la Déclaration de Paris, il s’agit :
➢ de l’inclusion de nouveaux acteurs comprenant les pays à revenu intermédiaire, les
partenaires dans la coopération sud-sud et triangulaire et les organisations de la société
civile ;
➢ de la promotion d’un développement durable dans les situations de conflit et de
fragilité ;
➢ du ciblage des partenariats afin de renforcer la résilience et de réduire la vulnérabilité
face aux situations difficiles ;
➢ de la lutte contre la corruption et les flux financiers illicites ;
➢ du financement de la lutte contre le réchauffement climatique ;
➢ des actions en partenariat vers la réalisation des OMD et au-delà.
2.4. Impacts
Le résultat des engagements pris par les PTF et le Gouvernement, dans le cadre de la
Déclaration de Paris, du Plan d’Action d’Accra et du Nouveau Partenariat de Busan, reste
mitigé.
Appropriation
L’appropriation des politiques économiques est une réalité au Mali depuis 2002. En effet,
le gouvernement malien a mis en place un cadre institutionnel, des structures, des outils et des
mécanismes qui lui permettent, souverainement, de définir dans un document unique de
référence ses politiques et stratégies de développement. Cette souveraineté est assez réduite à
cause d’une forte implication des partenaires extérieurs dans la formulation et la mise en œuvre
des politiques et stratégies de développement. Les suggestions des PTF, représentés dans les
cadres de concertation du CSLP, influencent les décisions. Ce constat est corroboré par la
prédominance de « l’Appui-projet hors Budget d’État » comme instrument de financement par
les partenaires.
Alignement sur les priorités nationales
Les progrès notables sont constatés dans l’alignement des partenaires multinationaux sur les
priorités nationales. Cet alignement est facilité par la prépondérance des initiatives des donneurs
dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques, programmes et projets au point de
d’inverser le principe de l’alignement qui devient « l’alignement des priorités nationales sur
les orientations des donneurs » ; cela est dû en partie au faible leadership du Gouvernement du
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Mali.
Il est écrit en page 11 du document de la Politique Nationale de Gestion de l’Aide
(PONAGA) : « L’allocation de l’aide par nature, par instrument, par région, par secteur est un
résultat ex-post, mais ne fait pas nécessairement l’objet d’orientations stratégiques en amont.
La division du travail entre PTF s’opère sans une réelle implication de la partie
gouvernementale. L’absence de vision stratégique de l’aide amenuise le leadership de
l’administration et du gouvernement, ce qui nuit à la coordination et à l’allocation optimale de
l’aide des différents partenaires techniques et financiers. »
Harmonisation
Les conditionnalités et les procédures de décaissement, y compris celles des marchés publics
de l’aide, variant d’un donateur à un autre, ralentissent son absorption. En effet, il ressort de
l’examen des rapports CRMT du SHA que moins de la moitié des aides n’est pas alignée sur
les systèmes et procédures nationaux, contrairement aux engagements de la Déclaration de Paris
sur l’efficacité de l’aide, à cause du fait qu’il n’existe pas encore de méthodologie standard pour
les évaluations ex ante. Pour pallier cette absence, un fonds d’études et de préparation des
projets, géré par le Ministère de l’Economie et des Finances à travers la DNPD, a été mis en
place depuis 2014 pour la conception de projets dans certains secteurs. Cependant,
l’insuffisance des crédits alloués à ce fonds ne permet pas l’évaluation systématique et complète
de l’ensemble des projets.
Redevabilité
La redevabilité mutuelle et la qualité des résultats sont fonction du système d’information
existant. L’application de la Gestion Axée sur les Résultats (GAR) permet non seulement de
les suivre, mais aussi de remonter régulièrement l’information sur l’évolution des projets et des
programmes au niveau de toutes les parties prenantes. Pour le moment, le Mali ne dispose pas
d’outil informatisé qui permette de gérer l’ensemble des informations sur les programmes et
projets de coopération. Les outils existants à savoir le CRMT et le Système Intégré de Gestion
des Investissements Publics (SIGIP) souffrent de lacunes : fiabilité des chiffres, simplicité de
l’outil, absence de procédures et manque d’implication des PTF. L’aide ne fait pas l’objet
d’évaluation et de capitalisation systématique. Elle a des résultats concrets sur le terrain, mais
souffre d’un déficit de communication et de veille citoyenne.
Toutefois, le système est en cours de modernisation dans le cadre d’un Schéma Directeur
Informatique (SDI) en gestation. Aussi La base de données sur la Coopération mise en place en
2018/2019 par la DCM avec l’appui du Gouvernement Japonais représente un espoir à cet
égard.
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III. DIFFERENTS MODES DE GOUVERNANCE ET DE GESTION
DES PROJETS /PROGRAMMES
Ce chapitre porte la réflexion sur les deux niveaux de la gouvernance, à savoir :
i) la gouvernance de réseaux et de partenariats qui correspond aux relations officielles
ou non entre l’Etat (et ses composantes) et les PTF, combinées avec des mécanismes
de responsabilisation ; et
ii) l’administration et la gestion des projets et des programmes de développement.
Les différents modes de gouvernance et de gestion des projets et des programmes découlent
directement du jeu des acteurs et de leurs stratégies. Cette diversité de réseaux et de
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partenariats crée souvent des distorsions dans le fonctionnement des projets et des programmes.
Les gestionnaires ont l’obligation de trouver une combinaison optimale entre les procédures
nationales et celles des partenaires qui impliqueraient fortement les bénéficiaires.
3.1. Niveau de l’Etat
La gouvernance des projets et des programmes est impactée par le système de planification, le
cadre institutionnel et réglementaire, les organes d’administration et de gestion, les outils et les
procédures de gestion.
3.1.1. Système de planification
Pour améliorer le bien-être de sa population, le Mali a toujours conçu et mis en œuvre plusieurs
politiques économiques telles que la planification centralisée matérialisée par les plans
quinquennaux de développement économique et social, un programme triennal de
redressement, la politique d’ajustement structurel et les politiques de réduction de la pauvreté.
Le CREDD 2019-2023 en cours a intégré les ODD dans ses objectifs. Dès le début des années
2000, le système de planification repose sur la prospective qui permet de construire la vision et
de définir les grandes orientations stratégiques, la planification stratégique, la programmation,
la budgétisation, la mise en œuvre des projets et des programmes et le suivi-évaluation.
3.1.1.1. Etudes Nationales Prospectives
De 1997 à 2019, les Autorités ont réalisé une étude nationale prospective et construit une
deuxième vision qui servira de base pour la très prochaine étude prospective. L’Étude
Nationale Prospective Mali 2025 (ENP "Mali 2025") finalisée en 1999, a permis de construire
la vision des Maliens sur l’évolution de leur société à l’horizon d’une génération. Dans cette
première étude nationale prospective, la vision est stipulée comme suit :« Conjuguer sagesse,
authenticité et dynamisme pour faire du Mali, une nation prospère, performante et moderne
dont le peuple aura su se saisir résolument de son propre devenir pour demeurer un Peuple
Uni dans sa riche diversité, tourné vers un But commun et ayant une Foi indéfectible en son
avenir. » Le rapport de cette première ENP a été adopté en Conseil des Ministres le 06 décembre
2000 et le Gouvernement a décidé que le CSLP en soit le cadre d’opérationnalisation. Ainsi
« l’ENP Mali 2025 » a constitué la ligne directrice des quatre documents stratégiques cités ci-
dessus.
A la fin du CREDD 2016-2018, le Gouvernement du Mali a décidé d’élaborer une nouvelle
stratégie nationale de développement (CREDD 2019-2023) et de réaliser par la même occasion
une nouvelle vision de développement de long terme à travers une l’Étude Nationale
Prospective « Mali 2040 ». C’est dans ce cadre que l’analyse diagnostique a permis de
déterminer une nouvelle vision de développement devant servir de socle à la prochaine étude
nationale prospective Mali 2040 ; cette nouvelle vision libellée comme suit : « Un Mali bien
gouverné, où le vivre ensemble harmonieux des différentes composantes de la société est
restauré, la paix consolidée et la sécurité collective et individuelle assurée dans l’unité, la
cohésion et la diversité, où le processus de création de richesse est inclusif et respectueux de
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l'environnement et où le capital humain est valorisé au bénéfice notamment des jeunes et des
femmes ».
3.1.1.2. Cadre Stratégique pour la Relance Économique et le Développement
Durable (CREDD 2019-2023) :
Le Cadre stratégique pour la Relance Economique et le Développement Durable (CREDD)
2019-2023 est le principal document de référence
en matière de politique de développement
économique, social et culturel du Mali sur la
période indiquée. Il est aligné sur les ODD et les
ambitions de « l’Agenda 2063 » de l’Union
Africaine. La stratégie du CREDD 2019-2023
vise à emmener les Maliens à penser autrement
leur développement et à changer leurs modes de
production et de consommation.
En s'appuyant sur le diagnostic stratégique de
l’étude nationale prospective "Mali 2040" et les
défis du développement, le CREDD 2019-2023 a
dégagé cinq axes stratégiques déclinés en
objectifs globaux et spécifiques, et en lignes
d'action. La présente étude s’inscrit dans le cadre
de l’axe stratégique 1 qui est intitulé
« Consolidation de la démocratie et amélioration
de la gouvernance ».
En effet, la gouvernance constitue le nœud du
développement durable. Elle peut être l’élément
déclencheur pour une paix et une sécurité
durables, pour des services sociaux de qualité,
pour une économie forte et inclusive et pour une
gestion durable des ressources naturelles.
Avec la certitude que la mise en œuvre du
CREDD 2019-2023 va améliorer de façon
significative la gouvernance sous toutes ses
formes en permettant plus de redevabilité, de transparence, de responsabilisation des citoyens
et des communautés, on s’attend, in fine, aux résultats et impacts tangibles de la mise en œuvre
des politiques, programmes et projets de développement.
Le cadrage macroéconomique et budgétaire du CREDD 2019-2023 a été réalisé sous forme de
deux scénarios : un optimiste et un tendanciel. Le second scénario est basé sur un taux de
croissance moyen annuel de 4,9%, sur la période 2019-2023. Le coût global de la mise en œuvre
Articulation CREDD et ODD
Dans les grandes lignes seulement pour
offrir un ancrage aux différents groupes
de résultats des ODD.
Pendant que la mise en œuvre du
CREDD procède par déclinaison des
objectifs du niveau national vers les
Régions, la mise en œuvre des ODD
implique une planification spécifique
(sectorielle/multisectorielle) et
territoriale ascendante (des Communes
vers le niveau national) avec
intégration des ODD dans les PDSEC
et autres documents de planification
décentralisés. Le choix des cibles
prioritaires des ODD, leur mise en
œuvre et leur financement ne relèvent
pas de projets ou de programmes type
CREDD ou CSCRP (financés par le
BSI), mais des organes délibérants et
des budgets réguliers des Collectivités
territoriales. Autant le processus
CREDD se situe à un niveau
stratégique, autant celui des ODD
relève de l’opérationnel et ses résultats
contribuent à alimenter les objectifs
stratégiques du CREDD. Aussi
fusionner le dispositif institutionnel de
pilotage et de suivi-évaluation des 2
exercices conduit inévitablement à
rendre inopérants les mécanismes de
planification, de coordination et de
suivi -évaluation des ODD
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du CREDD 2019-2023 est évalué à 13 876 milliards de FCA, hors service de la dette publique,
soit une moyenne annuelle de 2 775,2 milliards de FCFA.
Le CREDD 2019-2023 vise également un objectif de réduction de la pauvreté de 5%, pour
amener l’incidence de la pauvreté de 44,9% en 2017 à 39,2% en 2023. Un dispositif de suivi-
évaluation existe. Il a été institué par le décret N°2018-623 /PM-RM du 08 août 2018 fixant les
mécanismes institutionnels de pilotage et de suivi-évaluation du Cadre Stratégique du CREDD
et des ODD. Ce dispositif de suivi-évaluation comprend cinq niveaux qui sont : i) le Comité
National d’Orientation Stratégique (CNOS) ; ii) le Comité de Pilotage ; iii) aux niveaux
régional et local, le suivi-évaluation est assuré par les CROCSAD, CLOCSAD, CCOCSAD
respectivement aux niveaux des régions, des cercles et des communes ; iv) la Commission
Mixte Mali-Partenaires ; v) le Secrétariat Technique assuré par la Cellule Technique de
Coordination du CSLP.
3.1.1.3. Planification Stratégique et planification opérationnelle
A partir du Séminaire National sur le Renouveau de la Planification au Mali (Ségou, janvier
1996), le système de planification a rompu avec les pratiques anciennes, pour s’appuyer sur la
vision, la chaine Planification-programmation-budgétisation-suivi (PPBS). Les principaux outils
adoptés à cet effet sont :
✓ la prospective ;
✓ la planification stratégique et opérationnelle basée sur le Manuel de Procédures de
Programmation et de Suivi-Evaluation des Investissements Publics au Mali ;
✓ la programmation triennale des investissements (PTI), le budget spécial d'investissement
(BSI) qui est la tranche annuelle du PTI ;
✓ le budget d'Etat et le budget programme ;
✓ la base de données informatisée sur les projets dénommée Répertoire National des Projets
(RNP) ;
✓ la gestion axée sur les résultats et l’instauration de divers cadres de concertation et de
revues (CNOS, Comité de pilotage, Commission mixte Mali- Partenaires, revue CREDD,
revue des projets et desprogrammes, revues sectorielles, revues régionales, revues
budgétaires, etc.) ;
Ces mesures visent à améliorer le mécanisme de programmation, de budgétisation, d’exécution
et de suivi-évaluation des actions de développement à travers une analyse critique de la
performance et des réalisations des projets et des programmes, l’identification des contraintes
et la formulation des recommandations nécessaires à leur mise en œuvre. Le Manuel de
Procédures de Programmation et de Suivi Evaluation des Investissements Publics (MPPSEIP)
offre un cadre institutionnel robuste et complet au processus de planification même si sa mise
en œuvre rencontre des difficultés. C’est pourquoi l’analyse critique de la performance des
projets programmes passe par un examen minutieux des étapes, des rôles et responsabilités des
acteurs et de l’articulation des différents instruments de gestion. Le cycle de gestion des
investissements publics comporte en cinq (5) phases ou étapes principales qui sont : (1)
l’identification, (2) la préparation/formulation, (3) l’évaluation ex-ante, (4) la mise en œuvre,
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(5) l’évaluation ex-post. En plus des cinq phases académiques, le Mali a inséré deux nouvelles
phases avant celle de la mise en œuvre à savoir : la sélection des projets et des programmes et
la programmation des investissements publics.
3.1.2. Faiblesses et difficultés du système de planification
Les nombreuses structures impliquées dans le processus de planification tirent leur légitimité
de leurs textes de création, de leurs missions, de leurs attributions spécifiques et de leurs champs
d’intervention respectifs. Les premières difficultés rencontrées au plus haut niveau sont de deux
ordres : l’instabilité gouvernementale et le manque de clarification des missions de certaines
structures.
3.1.2.1. Fréquents remaniements ministériels
Pendant presque quatre (4) législatures de 2000 à 2019, le Mali a connu 16 nominations de
Premier ministre, avec une durée moyenne des fonctions de 15 mois ; 24 nominations des
membres du Gouvernement et 21 rectificatifs de décret portant nomination des membres du
Gouvernement ou réaménagements techniques. Ces changements fréquents, qui
s’accompagnent le plus souvent d’une modification de la structure du gouvernement (création
des nouveaux départements, fusion ou éclatement de certains, suppression d’autres), sont dus
aux aléas politiques (récompense des amis politiques, népotismes, punition des insoumis). Le
Ministère chargé du Plan illustre très bien cette situation. En effet, il a été souvent un
département à part entière, parfois supprimé ou fusionné avec l’économie ou l’aménagement
du territoire quand bien même la mission de planification reste une fonction régalienne de
l’État.
A chaque remaniement ministériel, la longue période d’installation de nouvelles équipes
(nominations, passation de services, appropriation des dossiers) pénalise la gestion des projets
en termes de délai d’exécution, du taux de décaissement, etc. Une autre conséquence des
fréquents remaniements réside dans la répartition des services publics entre la Primature et les
Ministères. Il ressort de l’examen du décret N° 2019-0332/PM-RM du13 mai 2019, portant
répartition des services publics entre la Primature et les Département ministériels ce qui suit :
- onze (11) CPS sont réparties entre l’ensemble des Ministères ; ce qui crée un
déséquilibre dès qu’il existe un département dominant ;
- certaines ministères n’ont pas de services publics sous leur tutelle, mais il leur est
attribué « pour emploi » des services d’autres départements. C’est le cas du Ministère
de l’Intégration Africaine ;
- l’incompréhension de la tutelle de certains services tels que l’INSTAT et le CERCAP
placés sous la tutelle du Ministère de l’Aménagement du Territoire et de la Population ;
- la répartition de certains services entre le Ministère de la Santé et des Affaires Sociales
et le Ministère de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté suscite des interrogations.
3.1.2.2. Insuffisances dans la clarification du rôle et des missions de certaines structures
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Il a été constaté que certains disfonctionnements ou absences de coordination proviennent d’un
manque de clarté des missions de certaines structures. Par exemple, l’empiètement de fonctions
apparait souvent entre les CPS, les Directions Techniques des Sous-secteurs et les Directions
des Finances et du Matériel. Par ailleurs, la Direction Générale de la Dette Publique (DGD), la
Direction de la Coopération Multilatérale (DCM) et la DNPD connaissent des chevauchements
de missions de suivi.
3.1.2.3. Difficultés dans l’application du Manuel de Procédures de Programmation et de
Suivi Evaluation des Investissements publics (MPPSEIP)
La DNPD a réalisé en 2017, dans le cadre du Programme d’Appui à la Gouvernance
Economique (PAGE), plusieurs études pour améliorer le cadre général de la planification et de
la programmation des investissements publics. L’étude n°5, intitulée « Conception d’un guide
et outils d’élaboration et de formulation des projets d’investissements publics et de partenariat
public et privé » a identifié les principales difficultés depuis 2003 dans l’application du manuel
qui se résument comme suit :
Les étapes d’identification/préparation/formulation/et de la sélection sont confrontées au
manque de concertation entre les Directions techniques des Sous-secteurs, les CPS et la DNPD
concernant le choix technique des idées, le renseignement des fiches et la centralisation des
projets et des programmes. Les mécanismes de programmation et de budgétisation connaissent
des problèmes de traçabilité des procédures et de coordination entre les acteurs concernant
l’arbitrage au niveau du BSI, d’harmonisation du PTI et du BSI avec les modalités
d’intervention du Fonds National de l’ANICT. L’insuffisance chronique des ressources
financières (internes et externes) et l’allocation non optimale du disponible constituent un
handicap majeur pour la réalisation des projets et des programmes.
3.1.3. Gestion des projets et des programmes
Après l’analyse du système de planification au Mali, qui constitue le niveau de gouvernance de
réseaux et de partenariats correspondant aux relations officielles ou non entre l’État et ses
partenaires, il est question dans cette section de porter la réflexion sur la réalisation proprement
dite de l’action d’investissement public ou la gestion directe des projets et des programmes.
3.1.3.1. Cadre juridique et réglementaire des projets et des programmes
Cette réflexion repose sur le cadre juridique et réglementaire, les outils et procédures de mise
en œuvre.
3.1.3.1.1. Cadre juridique et réglementaire
En dehors du Manuel de Procédures de Programmation et de Suivi-Evaluation des
Investissements Publics au Mali, le pays ne dispose pas d’une réglementation générale
exclusivement réservée à l’exécution des projets et des programmes de développement. Il faut
ajouter à ce manuel l’ensemble des textes législatifs et réglementaires des structures impliquées
dans la gestion des projets dont :les Directions sectorielles, les CPS, la DFM, la DNPD, la DGB,
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la DGDP, la DNCF, la DGMP-DSP et l’ARMDSP, la DNTCP, l’Unité PPP, la DGI. Les
procédures des PTF font également partie du cadre juridique des projets et des programmes.
3.1.3.1.2. Modalités de gestion
L’ancrage institutionnel, la structure organisationnelle et le fonctionnement d’un programme
ou d’un projet dépendent des paramètres suivants : la nature, la taille, les objectifs et les moyens
du projet ou programme. En règle générale, ces paramètres sont déterminés à l’évaluation ex-
ante du programme ou du projet et consignés dans le descriptif du projet ou du programme.
❖ Organes d’Orientation, d’Administration des projets et des programmes de
développement : Le Comité de pilotage.
Il est créé pour chaque programme et projet de développement un organe d’orientation et de
pilotage, généralement appelé « Comité de pilotage » dont la composition et le fonctionnement
sont fixés par arrêté du Ministre en charge de la tutelle technique. L’objectif du Comité de
pilotage est de permettre à l’Agent d’exécution d’avoir accès à diverses parties prenantes qui
peuvent donner des conseils en matière de réalisation. Il permet, en effet, de concevoir des
approches participatives au développement et d’établir des partenariats élargis avec la société
civile, le secteur privé et le Gouvernement. Si la création d’un comité de pilotage est jugée
opportune pour atteindre les objectifs du programme ou projet, le document du projet doit en
préciser les responsabilités.
❖ Unité de gestion des projets et des programmes de développement
L’unité de gestion du programme et ou du projet est généralement une structure légère
spécifique chargée de la mise en œuvre des activités et dont la direction est assurée par un
coordonnateur et/ou un directeur national.
Par rapport au modèle général, le personnel de l’unité de gestion comprend :
▪ le coordonnateur ;
▪ un expert (ou assistant) administratif et financier ;
▪ un (des) expert (s) selon la mission et les activités du programme ou du projet ;
▪ un(e) assistant (e) de direction ;
▪ le personnel d’appui : chauffeur(s), coursier, gardien,
Cette structure peut être étoffée par des chefs d’antennes lorsque la dimension spatiale le
permet.
La réussite de la mise en œuvre d’un projet ou d’un programme dépend essentiellement de
l’utilisation efficace des outils et procédures de gestion qui sont mis à la disposition de l’Unité
de gestion.
3.1.3.2. Outils et procédures de gestion des projets et des programmes
L’administration du personnel, la gestion financière et comptable, l’acquisition des biens et
services et le suivi évaluation font l’objet de ce sous chapitre.
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3.1.3.2.1. Administration du personnel
Dans les documents de projet, un plan détaillé de la structure de gestion du projet est préparé et
inclus comme annexe. Ce plan contient les informations suivantes :
- le plan de recrutement du personnel pour la mise en œuvre du projet ;
- les descriptions de poste pour tout le personnel de gestion ;
- la description de tout arrangement pour la coordination entre les organisations
participantes ou entre les niveaux central, régional et local.
Le principe directeur en matière de recrutement est d'assurer aux programmes et aux projets les
services de personnes de nationalité malienne qui possèdent les plus hautes qualités de
compétences professionnelles, d'intégrité morale et de connaissance de la législation du travail.
Le recrutement du personnel se fait conformément aux procédures nationales, suivi de l’avis de
non objection du PTF. Toutefois, lorsque parmi les Maliens intéressés par le poste, aucun ne
remplit les conditions de recrutement, le programme ou le projet peut recourir aux services des
Volontaires des NU ou à une assistance technique après avis de son Comité de Pilotage et celui
du PTF. Cependant l’Assistance technique est souvent une conditionnalité « imposée ».
3.1.3.2.2. Gestion financière et comptable
➢ Ressources financières d’un projet :
D’une manière générale, les apports des partenaires techniques et financiers et ceux du
Gouvernement constituent l’essentiel des ressources d’un projet ou d’un programme.
L’ensemble des ressources nécessaires pour la réalisation d’un projet est consigné dans un
tableau appelé tableau de financement. Celui - ci donne le coût total du projet, les limites
financières de chaque PTF par composante (résultat/produit) et par activité. Il est codifié et
catégorisé suivant les composantes du projet.
La contribution malienne peut prendre diverses formes (exemple : le local servant de siège du
projet ; la prise en charge des frais de gardiennage ; la consommation d’eau et d’électricité ou
les factures de téléphone, etc.). Dans tous les cas, elle est inscrite au BSI et sa mobilisation suit
les règles de la comptabilité nationale.
➢ Gestion budgétaire
Le budget est la traduction financière des activités du programme ou du projet. Il récapitule
l’ensemble des apports financiers du projet ou du programme. Il est élaboré au moment de sa
formulation et couvre la durée du programme ou du projet. Le coordonnateur, en se référant au
document de projet ou programme, élabore un budget annuel basé sur le plan de travail annuel,
procède aux différentes révisions budgétaires périodiques et veille à établir une passerelle entre
les postes budgétaires et les référentiels du PTF en matière de gestion de projets.
Les activités du projet ou du programme, financées par la contrepartie nationale, doivent être
évaluées suffisamment tôt pour tenir compte du calendrier de préparation du budget de l’Etat.
La mise en place de la contrepartie nationale est généralement une condition de mobilisation
des ressources extérieures.
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➢ Gestion comptable
Les modalités de gestion financière et comptable des projets et des programmes de
développement reposent sur la comptabilité générale et patrimoniale, la comptabilité analytique
et la comptabilité budgétaire. La comptabilité retrace les opérations de trésorerie, les opérations
faites avec les tiers, les mouvements du patrimoine et des valeurs d’exploitation.
Le projet ou le programme peut disposer, pour son fonctionnement, d’un ou de plusieurs
comptes bancaires auprès d’une banque commerciale de la place. Le compte bancaire est
alimenté exclusivement par les avances de fonds. L’alimentation du compte bancaire par le PTF
est conditionnée à : la disponibilité budgétaire, l’établissement du rapport financier trimestriel
à travers le formulaire du PTF, la production du rapport d’exécution technique du trimestre
précédent suivant le modèle de la gestion axée sur les résultats, la présentation d’un plan de
travail pour le trimestre à venir, la présentation des différents journaux comptables (banque,
caisse et Opérations Diverses) relatifs aux mouvements de fonds du trimestre précédent et la
présentation de l’état de réconciliation bancaire accompagné des relevés d’extrait de comptes
et du procès-verbal de vérification de caisse.
Les principes comptables des projets et des programmes obéissent à la fois aux principes de la
comptabilité publique et à ceux du PTF en vigueur. Par conséquent, le comptable du projet doit
maîtriser l’organisation comptable, le système informatique de gestion globale des ressources,
les plans comptables (classes et types de compte), les livres et les supports comptables.
3.1.3.2.3. Acquisition des biens et services
Le dispositif actuel repose principalement sur :
1) le Décret n°2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015 portant code des Marchés publics et
des Délégations de service public. Il définit le marché public comme « le contrat écrit
conclu à titre onéreux par une autorité contractante pour répondre à ses besoins en matière
de travaux, de fournitures ou de services au sens du présent décret. » (Article 2).
La Direction Générale des Marchés Publics est l’organe chargé du contrôle a priori de la
procédure de passation des marchés publics et des délégations de service public.
2) la loi n° 2011-030/P-RM du 24 juin 2011 portant modification de la loi n°08-023 du 23
juillet 2008 relative à l’Autorité de Régulation des Marchés Publics et des Délégations de
Service Public. Cette Autorité a pour mission d’assurer la régulation du système de
passation des marchés publics et des conventions de délégation de service public en vue
d’en croître la transparence et l’efficacité..
3) la loi n° 2016- 061/P-RM du 30 décembre 2016 relative aux Partenariats Public Privé et
le décret n°2017-0050/PM-RM du 09 février 2017 portant création de l’Unité de
Partenariat public-privé.
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Les deux premiers textes ont été élaborés sur la base des standards internationaux notamment
les Accords de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Par ailleurs, ils ont été
harmonisés avec les Directives n°04/2005/CM/UEMOA du 9 décembre 2005 portant
procédures de passation, d’exécution et de règlement des marchés publics et des délégations de
service public dans l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et
n°05/2005/CM/UEMOA du 9 décembre 2005 portant contrôle et régulation des marchés
publics et des délégations de service public dans l’Union Économique et Monétaire Ouest
Africaine (UEMOA).
Les objectifs et les principes de la passation des marchés sont clairement définis dans les textes
visés ci- dessus sans perdre de vue les procédures des PTF. Le coordonnateur établit au début
de chaque année, un plan annuel de passation des marchés qu’il communique à la DFM du
ministère pour transmission à la DGMP.
L’alignement des PTF derrière les procédures nationales de passation des marchés, qui est un
principe acquis de la Déclaration de Paris, perd sa teneur à cause de l’article 7 du Code des
marchés publics sus-visé. Selon cet article « Les marchés financés par des ressources
extérieures sont soumis aux dispositions du présent décret, dans la mesure où elles ne sont pas
contraires aux dispositions des accords de financement. » La généralisation de l’application de
cette clause augmente les délais de la passation des marchés à cause de l’avis de non-objection
du PTF à chaque étape de la procédure (dossier d’appel d’offres, résultats de l’analyse des offres
et des négociations, contrat…) Il est ressorti des entretiens que l’une des principales causes de
la faiblesse du taux de décaissement est la lourdeur et la complexité des procédures
d’acquisition des biens et services.
3.1.3.2.4. Suivi- évaluation
Le suivi et l’évaluation sont deux fonctions de gestion essentielles et complémentaires qui
aident les parties prenantes dans la mise en œuvre d’un projet à mieux suivre le déroulement
des activités et l’utilisation des ressources et à prendre des décisions sur des bases rationnelles.
Les évaluations peuvent être classées en trois (3) catégories selon qu’on s’intéresse à l’agent
d’évaluation (évaluations interne et externe), à la période de l’évaluation (évaluations ex ante,
à mi-parcours, finale, a posteriori ou ex post), au champ de l’évaluation de projet (évaluation
sectorielle, thématique, évaluation d’effets).
La communication des informations fait partie intégrante du suivi et de l’évaluation. Il s’agit
de fournir systématiquement et en temps utile des renseignements vitaux à intervalles réguliers.
D’une manière générale, le processus de suivi-évaluation des projets et des programmes repose
sur la gestion axée sur les résultats (GAR), outil incontournable pour une gestion efficace et
efficiente des projets et des programmes de développement.
Les principes du suivi-évaluation sont : crédibilité, utilité, efficacité, efficience, impartialité,
transparence, diffusion et participation. Les critères ou indicateurs de suivi-évaluation doivent
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être Spécifiques, Mesurables, Applicables, Réalistes et délimités dans le Temps, et sont
désignés par l’acronyme SMART.
Le suivi-évaluation concerne :
✓ les moyens mis à disposition du projet ou du programme ;
✓ le niveau des réalisations permises par le projet ou le programme ;
✓ le contexte dans lequel se déroule le projet ou le programme ;
✓ les processus mis en œuvre par le projet ou le programme afin d’obtenir les résultats.
Le processus de suivi des projets et des programmes s’effectue essentiellement sous deux
formes qui sont les suivis et les évaluations techniques et financiers.
Les outils et supports du suivi-évaluation sont les documents de la comptabilité nationale, les
canevas de suivi des financements extérieurs et la fiche de suivi-évaluation des projets et des
programmes. Les informations produites par ces outils alimentent la production de documents
nationaux comme le rapport annuel de mise en œuvre du CREDD et des ODD, le Répertoire
National des projets et des programmes, le PTI et les différentes revues des projets et des
programmes de développement ainsi que le rapport d’exécution du BSI.
3.1.3.3. Difficultés et contraintes liées à la gestion des projets et des programmes :
Les bonnes pratiques d’identification, de formulation, d’administration et de gestion des projets
et des programmes d’investissement public sont au cœur de leur succès quel que soit la source
de financement. Il en est de même des projets gérés par les organisations parapubliques et
privées.
L’administration et la gestion des projets et des programmes rencontrent beaucoup de difficultés
et de contraintes.
❖ Cadre institutionnel, juridique et réglementaire des projets/programmes
La mise en œuvre d’un projet ou programme est conditionnée à la réalisation des actions
préalables qui sont en général : la recherche et la négociation du financement, les consultations
juridiques, les approbations par l’Assemblée Nationale (dans les cas de prêts) et par les
instances du PTF, la mise en place des organes d’administration et de gestion du projet ou du
programme.
L’étude a révélé que la lenteur dans la réalisation des actions préalables nécessaires entraine un
retard important au démarrage effectif du projet ou du programme. Ce retard peut atteindre plus
d’un an par rapport à la date prévue dans le document du projet.
Certains pays de la sous-région tels le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Sénégal ont déterminé
le cadre institutionnel spécifique aux projets et aux programmes en adoptant au moins trois (3)
textes de base relatifs : i) réglementation générale des projets ou programmes de développement
(sous forme de loi ou de décret) , ii) un ou plusieurs décrets portant organisation et
fonctionnement des projets ou des programmes de développement par catégorie de projets ou
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des programme, iii) un décret pour la prise en charge des interventions des agents autres que
ceux des projets ou programmes de développement. L’absence de ces genres de textes au Mali,
rend l’environnement institutionnel, juridique et réglementaire des projets et des programmes
confus en termes de gestion du personnel, de gestion financière et comptable, de passation de
marchés et de suivi évaluation.
❖ Gestion du personnel
Le personnel d’un projet ou d’un programme est composé des agents recrutés, des agents mis
à la disposition et le personnel expatrié. Les problèmes soulevés au niveau de la gestion du
personnel sont : l’insuffisance de transparence dans les recrutements, la disparité des salaires
des agents placés à un niveau égal de responsabilité, portant parfois le même titre et assumant
les mêmes fonctions, et la fuite des fonctionnaires vers les projets et les programmes assurant
presque toujours de bien meilleures rémunérations.
❖ Gestion financière et comptable
Le gestionnaire de projet ou de programme travaille dans un environnement qui évolue
constamment et qui est marqué par l’incertitude et le changement. Il doit mettre en place un
cadre lui permettant de réaliser, suivre, contrôler et ajuster en fonction des besoins, les actions
initialement prévues en fonction de ces évolutions. Les multiples contraintes et faiblesses, liées
à la gestion financière et comptable des projets et des programmes, sont dues à plusieurs
facteurs. Quelques-unes sont passées en revue ci-dessous
- l’insuffisance du financement qui compromet le succès des projets et des programmes
s’explique par le démarrage de la mise en œuvre d’un projet ou programme alors que le
financement n’est pas totalement acquis, la suspension ou l’arrêt du financement et les coupes
budgétaires au niveau national.
- la pratique d’ouvrir des comptes auprès des banques commerciales, qui constitue une
exception dans le guide didactique du décret portant règlement général sur la comptabilité
publique (RGCP) issu de la transposition de la directive de l’UEMOA, est devenue la règle
générale.
- la non-maîtrise des procédures de décaissement par l’Unité de gestion, qui conduit au
rejet de plusieurs demandes de décaissement, influence négativement le taux de décaissement
et retarde la réalisation des activités programmées.
- la mauvaise utilisation de la contribution nationale par l’équipe de gestion en complicité avec
la tutelle administrative du projet. Ce constat explique souvent les décisions incohérentes et
inappropriées relatives à l’ancrage du projet et à son niveau de rattachement.
La lisibilité générale de la gouvernance des projets et des programmes rencontre des difficultés
disciplinaires parmi lesquelles on retient l’absence d’un canevas standard de présentation des
projets et des programmes soumis au BSI et le non-respect de l’application du manuel à
instrument d’harmonisation :
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▪ les projets et les programmes soumis à l’inscription du Budget Spécial d’Investissement
présentent en général un format hétérogène, des terminologies différentes et une qualité
technique très inégale. Les raisons majeures sont l’insuffisance des capacités
opérationnelles des acteurs en charge de la gestion du système de programmation des
projets et des programmes d’Investissements Publics.
▪ les projets d’appui direct ne sont pas toujours régis par les procédures de
programmation/budgétisation édictées par le Manuel (on estime à 65% les
investissements hors Budget Spécial d’Investissement).
▪ la pratique des projets hors budget remet en cause le caractère souverain même du
système de programmation des investissements publics au Mali compte tenu du fait que
certains projets et programmes sont initiés et préparés de facto par un partenaire bilatéral
en fonction de ses centres d’intérêts pourvu que cela corresponde à un besoin sectoriel
du pays. Toutes les opérations de gestion de ces projets sont menées par le partenaire
bilatéral.
La difficulté d’établir un lien entre les dépenses récurrentes des projets et des programmes qui
sont inscrites dans le budget de fonctionnement et les projets et les programmes auxquels elles
sont rattachées.
❖ Acquisition des biens et services
Le cadre normatif de la commande publique est bien balisé au Mali. Il prône l'ouverture à la
concurrence, la publicité, la liberté d'accès à la commande publique et surtout la transparence
qui sont consacrées dans les textes des marchés publics. L’ARMDSP, la Section des Comptes
de la Cour Suprême, le Bureau du Vérificateur Général ainsi que les cabinets d’audit privés
sont légalement compétents pour contrôler et/ou conduire des audits externes.
Les principales faiblesses de l’acquisition des biens et services par les projets et les programmes
sont les retards dans les délais, l’insuffisance de transparence et la non maîtrise des procédures
de passation des marchés publics. Il existe aussi des marchés qui échappent au contrôle de la
DGMP, notamment les marchés des Maîtres d’Ouvrage Délégués (MOD). Des progrès sont
attendus en termes de transparence de passation des marchés de la part de certains privés qui
déclarent que c’est le seul moyen de lutter contre la corruption.
Par ailleurs l’exception de l’article 7 du code des marchés publics évoqué plus haut, est à
l’origine du rallongement des circuits financiers.
❖ Suivi évaluation
La situation actuelle de suivi des projets et des programmes ne permet toujours pas de connaître
leur niveau exact d’exécution en raison des insuffisances dans le suivi rapproché, dans la
fiabilité des informations, dans l’octroi des moyens financiers et matériels et dans le
fonctionnement des circuits d’information. Par ailleurs, les projets et les programmes sont suivis
suivant des méthodologies diverses qui varient en fonction des objectifs assignés à chaque
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projet ou programme. L’évaluation ex-post n’est pas une pratique répandue. En conséquence,
l’inventaire des biens publics est effectué partiellement.
L’étape de la clôture des projets et des programmes est le maillon le plus faible du système de
planification dans la pratique. En effet, il est important qu’à la fin d’un projet ou programme,
une institution nationale soit en mesure de mieux exécuter certaines fonctions, plus rapidement,
plus efficacement, si elle utilise les produits ou résultats atteints par le projet.
3.2. Modes de gouvernance et de gestion des PTF
La seconde moitié du XXème siècle a été marquée par la naissance de plusieurs institutions
multilatérales et bilatérales de développement. Celles qui interviennent au Mali peuvent être
réparties en cinq (5) grands groupes :
a) Fonds et programmes des Nations Unies dont : FNUAP, HCR, ONU-Femmes, PAM,
PNUD, PNUE, UNICEF ;
b) Les institutions spécialisées des Nations Unies : Banque Mondiale, FAO, FIDA, FMI,
OIT, OMS, ONUDI, UNESCO. La Banque Internationale pour la Reconstruction et le
Développement (BIRD) et l'Association internationale de développement (AID) sont
les deux composantes de la Banque Mondiale qui interviennent au Mali.
c) L’Union Européenne à travers le Fonds Européen de Développement (FED) ;
d) Les Banques régionales de développement (BAD, BOAD, BID, etc.). La Banque
Africaine de Développement (BAD) comprend, le Fonds Africain de Développement
(FAD) et le Fonds Spécial du Nigéria.
e) Les partenaires bilatéraux comprenant la coopération entre les pays donateurs et le Mali,
les ONG,
Chaque partenaire, individuellement ou en groupe, a mis en place un mode de gouvernance et
des mécanismes de financement des projets et des programmes conformément à sa stratégie
d’intervention. Les différents modes de gouvernance et de gestion des projets et des
programmes des PTF présentent beaucoup de points communs tels que : le guide opérationnel
à l’interne, les conditionnalités générales, et les instruments financiers. Une attention
particulière est accordée aux procédures de décaissement compte tenu de leur importance dans
la réalisation des projets et des programmes.
3.2.1. Procédures de décaissement des PTF
Les procédures de décaissement dans le cadre d’un projet ou d’un programme sont un ensemble
de préconisations visant à assurer son pilotage efficace et efficient : efficacité en évitant ou en
réduisant au strict minimum les ruptures de fonctionnement par défaut de ressources et
efficience en veillant à un meilleur ciblage des ressources injectées.
Ces procédures sont diverses et variées ; elles varient en fonction de la nature du PTF
(Multilatérale ou Bilatérale), du type de financement (Don ou Prêt) et de l’instrument de
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financement. Quel que soit le cas, pour donner une idée synthétique mais assez précise des
différentes procédures de décaissement, on en fait la présentation selon les points suivants :
• le cadre juridique et réglementaire des décaissements ;
• les modalités de décaissement ;
• les méthodes de décaissement.
3.2.1.1. Cadre juridique et réglementaire des décaissements
Le cadre juridique des décaissements est l’accord ou le protocole d’accord de financement du
projet ou du programme. L’accord ou le protocole d’accord fait mention des procédures de
décaissement et en fixe les règles. En général, pour le PTF, ces règles sont édictées dans le
cadre d’une politique de décaissement et non spécifique à un accord ou protocole d’accord
particulier. Cette politique précise en général les points suivants :
• les fonds mis à disposition servent exclusivement à l’acquisition de biens et services
produits dans le pays du bénéficiaire sauf dérogation spécifique ;
• ces fonds sont destinés à couvrir les dépenses relatives au projet ou programme au fur
et à mesure des besoins du projet ou programme tels que prévus dans l’accord ou le
protocole d’accord ;
• le PTF prend les dispositions nécessaires pour s’assurer que les fonds débloqués sont
employés exclusivement pour l’atteinte des objectifs du projet ou du programme aux
conditions économiques adéquates.
Cette politique envisage la possibilité d’annulation du financement aux conditions du PTF en
s’assurant toutefois qu’il n’existe pas de demande de décaissement en instance et que les
décaissements relatifs aux engagements du projet ou programme ont tous été effectués. Elle
envisage aussi la suspension des décaissements si le bénéficiaire ne respecte pas les conditions
de l’accord ou du protocole d’accord.
3.2.1.2. Procédures de décaissements des Banques Multilatérales de Développement
Les décaissements dans le cas de prêts des Banques Multilatérales se font en fonction des
instruments de financement :
• le financement de projet d’investissement dont les décaissements sont faits en
considération de l’éligibilité des dépenses ;
• le financement de programme pour les résultats pour lesquels les décaissements sont
liés aux résultats obtenus ;
• et le financement à l’appui de politiques de développement dont les décaissements se
font à la mise en œuvre.
3.2.1.2.1. Procédures de décaissement pour les projets et les programmes
d’investissement
❖ Modalités de décaissement
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Les modalités de décaissement devant être appliquées à chaque financement de projets
d’investissement sont définies dans un document dit la lettre de décaissement. Ces modalités
sont établies de commun accord entre le PTF et l’emprunteur/le bénéficiaire et tiennent compte
notamment de la capacité de gestion financière, du système de passation des marchés de ce
dernier et aussi des besoins de trésorerie du projet ou du programme. Les points suivants sont
précisés dans cette lettre :
• l’identification des dépenses éligibles ;
• la définition des catégories de dépenses et du taux de financement du décaissement pour
chaque catégorie ;
• l’identification du refinancement et du financement rétroactif des avances pour la
préparation du projet ou du programme ;
• la définition des conditions de décaissement ;
• la détermination des méthodes de décaissement et des pièces justificatives requises.
Les méthodes de décaissement couramment utilisées sont de trois sortes : le remboursement ;
l’avance ; le paiement direct et l’engagement spécial. Quelle que soit la méthode, la lettre de
décaissement fixe un montant minimum en-deçà duquel le décaissement ne peut être autorisé.
De même, la lettre de décaissement précise les pièces justifiant les dépenses faites ou envisagées
selon le cas. Par ailleurs, si au cours de la mise en œuvre, l’évolution des besoins du projet ou
programme, de la gestion financière et des mécanismes de passation des marchés amène la
nécessité de changer ces méthodes, le PTF peut y consentir à la demande du pays
emprunteur/bénéficiaire.
3.2.1.2.2. Procédures de décaissement au titre de Programme pour les résultats
Le financement au titre de programme pour les résultats est un instrument financier qui vient
en appui aux programmes sectoriels de l’Etat du pays emprunteur en assurant une forte
appropriation de ce dernier dans la conception, la réalisation et l’évaluation du programme. Cet
instrument peut financer des programmes nouveaux comme ceux en cours d’exécution.
Son principe de base est de conditionner les décaissements aux résultats attendus du
programme. A cet effet, on établit un lien entre ces résultats et des indicateurs de réalisation.
❖ Modalités de décaissement
Les modalités de décaissement sont consignées dans l’accord de financement. Le PTF et
l’emprunteur ou le bénéficiaire du Don se mettent nécessairement d’accord avant la signature
et le démarrage effectif des activités du projet ou du programme. Ces modalités peuvent être
révisées d’accord parties à l’occasion d’une revue à mi-parcours ou d’un exercice de
"retrofiting". En outre, le Partenaire technique et financier et l’emprunteur ou bénéficiaire du
Don peuvent se mettre d’accord :
• sur la prise en compte des résultats obtenus avant l’accord de financement d’un
programme en cours de réalisation ;
• de faire une avance de démarrage d’un nouveau programme ;
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• sur les indicateurs axés sur les décaissements.
❖ Processus de décaissement
Le pays emprunteur/bénéficiaire du Don adresse au PTF une demande de décaissement avec
les pièces jointes se rapportant aux indicateurs axés sur le décaissement, telles que spécifiées
dans le protocole de vérification de l’accord de financement. Le PTF vérifie les pièces et
décaisse en fonction de la réalité des résultats atteints quand la réalité :
a) la réalité des résultats atteints est constatée : le PTF fait le décaissement relatif au
résultat sur le compte du trésor désigné à cet effet ;
b) la réalité des résultats est partiellement confirmée : le PTF verse une partie des fonds
jugée correspondre à la part atteinte du résultat.
c) la réalité du résultat n’est pas confirmée : aucun décaissement ne se fait.
Dans tous les cas, le paiement est subordonné à l’approbation des procédures suivies et des
pièces justificatives établies par les services techniques et cadres/agents compétents en la
matière.
3.2.1.2.3. Procédures de décaissement dans le cas de financement à l’appui des politiques
de développement
Cet instrument permet de mettre à la disposition du pays emprunteur/bénéficiaire des fonds
dont le décaissement est rapide. Ceci afin de lui permettre de surmonter les difficultés présentes
ou prévisibles de financement du développement à travers un programme de réformes politiques
et institutionnelles orientées sur la croissance économique et la réduction de la pauvreté. Les
fonds sont déposés dans un compte du trésor public et l’emprunteur/bénéficiaire s’engage à ne
pas les utiliser pour des dépenses non éligibles.
L’accord de financement prévoit des tranches de décaissement. Les tranches sont décaissées au
fur et à mesure de l’exécution satisfaisante du programme. Il est possible aussi que le
décaissement se fasse en une seule tranche. Chaque décaissement est assujetti au respect des
conditions de retrait.
3.2.1.3. Décaissement dans le cas du financement par les organisations internationales de
développement
L’examen des processus de décaissement dans le cas des organisations internationales de
développement se fait ici à travers les cas du Système des Nations Unies (SNU) et de l’Union
Européenne, principaux donateurs d’aide au Mali.
3.2.1.3.1. Procédures de décaissement du SNU
En application de la Déclaration de Rome sur l’harmonisation de l’aide (2003) et de la
Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide publique au développement (2005), le Système
des Nations Unies (SNU) a adopté et mis en place un système harmonisé de transfert de fonds
dans le cadre de l’exécution des projets et des programmes de développement dit HACT. Il
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permet de réduire les coûts de transaction relatifs à l'exécution des programmes en simplifiant
et en harmonisant les règles et procédures, de renforcer les capacités des partenaires d'exécution
pour une gestion efficiente des ressources mises à disposition et de gérer les risques relatifs à
la gestion des fonds et accroître de façon générale l'efficacité opérationnelle des projets et des
programmes.
❖ Modalités de décaissement
Le système HACT utilise le Formulaire d'Autorisation de Financement et de Confirmation des
Dépenses (FACE). Ce formulaire est utilisé par le pays bénéficiaire pour faire la demande de
décaissement et justifier les dépenses faites, tandis que le PTF l’utilise pour approuver le
décaissement, de fonds et certifier l’exactitude des données financières.
❖ Méthodes de décaissement
Quatre méthodes de transfert de fonds sont à la disposition dans le cadre du HACT :
• les remises directes d'espèces à l’Unité de gestion du projet ou du programme pour les
obligations et les dépenses qu'il prend à sa charge selon les activités convenues dans le
plan de travail annuel ;
• les paiements directs par les agences du SNU aux fournisseurs de biens et services pour
les obligations encourues par le projet ou le programme en appui aux activités
convenues dans les plans de travail annuels (PTA) ;
• le remboursement aux partenaires d'exécution des obligations et dépenses encourues en
appui aux activités convenues dans les plans de travail annuels (PTA) ;
• l'exécution directe par l'agence du SNU qui ne nécessite aucun transfert de fonds à
l’exécution du projet ou du programme, l'agence du SNU assurant la mise en œuvre de
la gestion financière de l'activité.
3.2.1.3.2. Processus de décaissement de l’Union Européenne4
❖ Cadre réglementaire des décaissements :
Les financements des projets et des programmes des Etats ACP par l’UE se font dans le cadre
d’opérations décentralisées. Il y a trois (3) types d’opération décentralisée.
• L’opération décentralisée directe : Les tâches d’exécution financière sont confiées à
l’autorité de l’Etat bénéficiaire et sont effectuées par les services publics. La totalité ou
une partie des activités du projet ou du programme peut être effectuée par les services
publics.
• L’opération décentralisée indirecte publique : L’Etat bénéficiaire confie l’exécution
du projet ou du programme à un organisme public ou à une entité de droit privé investie
d’une mission de service public.
4 Référence : Guide pratique des procédures applicables aux devis-programmes – approche projet (version 4.1)
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• L’opération décentralisée indirecte privée : l’Etat bénéficiaire confie des tâches
d’exécution financière des projets et des programmes à des entités de droit privé
juridiquement distinctes de l’Etat concerné.
❖ Modalités de décaissement
Les décaissements de fonds se font par Devis-programme, un document périodique (annuel)
précisant le programme d’actions de la période et les moyens matériels et humains ainsi que le
budget correspondant.
Le budget du Devis-programme comprend deux sortes de dépenses : les « engagements régie »
et les « engagements spécifiques ».
❖ Méthode de décaissement
➢ Versement d’avance (préfinancement)
Une fois le Devis-programme approuvé et signé, les conditions préalables au versement
d’avance sont :
• l’existence du compte du devis-programme ;
• la souscription d’une garantie financière de montant égal à celui de l’avance par l’entité
privée responsable de l’exécution financière, en cas d’opération décentralisée indirecte
privée.
➢ Réapprovisionnement
Le réapprovisionnement du compte devis-programme ou du compte projet se fait par demande
d’approvisionnement en y joignant notamment le décompte des dépenses encourues et l’état
justificatif de l’avance.
➢ Décaissement sur engagement spécifique
Ces décaissements sont faits directement par la Commission européenne pour honorer des
contrats attribués par passation de marché public. Les procédures de passation de marchés
publics sont les mêmes que celles édictées dans le cadre des actions extérieures de l’UE.
3.2.1.4. Décaissement dans le cas du financement par les PTF bilatéraux
En application de la Déclaration de Rome sur l’harmonisation de l’aide et de la Déclaration de
Paris sur l’efficacité de l’aide publique au développement, les procédures de décaissement des
PTF bilatéraux sont inspirées à la fois de celles des Banques Multilatérales de Développement
et particulièrement pour les pays européens de celles de l’UE.
Les modalités de décaissement tournent autour :
• des conditions juridiques et réglementaires préalables ;
• de l’éligibilité et de l’identification des catégories de dépense ;
• de la définition des conditions et méthodes de décaissement.
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Les méthodes de décaissement sont similaires : avance, paiement direct, approvisionnement et
remboursement.
Bon nombre de partenaires bilatéraux n’ont toutefois pas encore adopté le principe des
indicateurs axés sur les résultats ou sur la mise en œuvre de mesures de politique de
développement.
3.2.2. Difficultés liées aux procédures de décaissement :
Les difficultés liées aux procédures de décaissement sont de trois ordres :
➢ la complexité de la procédure qui est due au fait que chaque partenaire dispose d’un
cadre réglementaire, des modalités et des méthodes de décaissement. En plus, les étapes
et les supports (lettre de décaissement, demande de décaissement ou remboursement,
demande de paiement direct ….) doivent être accompagnés de plusieurs documents
(plans annuel et trimestriels de travail, rapports annuel et trimestriels d’exécution,
rapports financiers avec les justificatifs des dépenses…) ;
➢ la non-maîtrise par les gestionnaires de projets et programmes des procédures de
décaissement des PTF. Elle est la conséquence de la complexité des procédures et
surtout de l’insuffisance de formation des agents des projets ou des programmes. A
peine le personnel recruté, il doit se mettre aussitôt à la tâche souvent sans formation
préalable aux procédures ;
➢ les délais d’approbation des demandes de décaissement quand ils sont longs, retardent
le déroulement des activités du projet ou du programme. Ces délais sont le plus souvent
précédés d’une demande d’avis de non objection du PTF surtout quand il s’agit d’un
réajustement d’activités approuvé par le Comité de Pilotage ;
➢ pour le cas des marchés publics, les avis de non-objection sont demandés pour chaque
étape de la procédure (dossier d’appel à la concurrence, rapport de dépouillement des
offres, résultats des négociations, contrat).
En outre, les demandes d’avis de non-objection et d’approbation remontent jusqu’au
siège de l’organisme partenaire.
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IV. PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS
L’enseignement tiré de la mise en œuvre d’un projet ou d’un programme ou la capitalisation
d’expériences est un processus d’apprentissage dans lequel les collaborateurs analysent leurs
pratiques, en tirent des leçons et rapportent ce savoir afin de pouvoir l’utiliser dans l’avenir.
Les effets attendus de la capitalisation d’expériences sont des changements dans les pratiques
des acteurs impliqués dans le processus de mise en œuvre des projets et des programmes.
De 2005 à nos jours, les principaux enseignements tirés de la gouvernance des projets et des
programmes se confondent avec les tendances lourdes dont certaines sont à consolider
lorsqu’elles contribuent à l’amélioration de la gouvernance et les autres sont à corriger ou éviter
pour les gestions futures des projets et des programmes.
Les principaux enseignements tirés de la pratique de gestion des projets et des programmes se
résument comme suit :
• L’évolution des projets et des programmes
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Le Mali en tant que pays appartenant au groupe des Pays les Moins Avancés (PMA) reçoit
principalement des dons. Les dons ont représenté plus des trois quarts de l’aide enregistrée
jusqu’en 2015, parce qu’il n’avait accès qu’aux guichets concessionnels des institutions
financières. Depuis cette date, la tendance est en train de s’inverser dans le sens d’une
augmentation régulière du poids des prêts dans le volume de l’APD.
La contribution de l’Aide Publique au Développement est estimée à environ 12% du Produit
intérieur brut (PIB) sur ces dernières années. Bien qu’elle ait permis des progrès notables, cette
aide n’a pas permis d’obtenir tous les effets recherchés en termes de développement, d’où la
préoccupation exprimée à différentes reprises quant à l’efficacité de l’aide.
En contradiction avec la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide, l’appui- projet hors
Budget d’Etat est l’instrument le plus utilisé par les partenaires. L’essentiel des décaissements
effectués à travers cet instrument a varié entre 60% et 50% selon le rapport sur la coopération
pour le développement de 2017 (Mali). Ces décaissements sont effectués par l’UE et les Etats
membres, les autres coopérations bilatérales hors l’OCDE et le SNU.
• Jeux des acteurs
Une des tendances lourdes dans la gouvernance des projets et des programmes est que les
rapports de forces restent toujours en faveur des PTF parce que ce sont eux qui décident du
volume de leur aide, déterminent les conditionnalités et les domaines d’intervention quand bien
même ils se réfèrent aux priorités du CREDD.
Le secteur privé devient un acteur financier et technique incontournable avec le développement
du PPP. Dans ce cadre, il prend le leadership dans les projets PPP parce qu’il contribue
largement au financement, assure une gestion optimale des ressources humaines et financières
mis à la disposition du projet ou du programme de partenariat public-privé, il garantit
l’exécution technique en termes de qualité et de durabilité des infrastructures et des services.
L’autre composante des bénéficiaires, qui est la population au nom de laquelle sont élaborés et
exécutés les projets et les programmes, n’est pas toujours suffisamment impliquée dans le
processus de gestion des projets et des programmes.
• Modes de gouvernance et de gestion des projets et des programmes
La continuité des réformes institutionnelles : ayant compris que l’inertie et la rigidité des
anciens textes sont des freins pour pouvoir évoluer dans un contexte de changement perpétuel,
le Gouvernement, dans le cadre de ses programmes de réforme institutionnelle, fournit
beaucoup d’efforts pour améliorer le cadre institutionnel et réglementaire des projets et des
programmes. Il a déjà pris plusieurs mesures et actes dans ce sens notamment la création du
Secrétariat à l’Harmonisation de l’Aide (SHA), l’élaboration, l’adoption en 2019 et la mise en
œuvre d’une Politique Nationale de Gestion de l’Aide (PONAGA), l’harmonisation de
plusieurs textes avec les directives de l’UEMOA, l’adoption de la Politique Nationale de
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Coopération au Développement (PNCD) et d'un Code de Conduite pour la Concertation (CCC)
entre PTF.
L’appropriation du Manuel de Procédures de Programmation et de Suivi - Évaluation des
Investissements Publics au Mali par les utilisateurs reste très mitigée à cause de l’insuffisance
des sessions de formation ponctuelle et continue sur son utilisation à plusieurs niveaux et de la
mobilité des cadres.
La disponibilité des financements pour les investissements souffre d’une gestion perfectible des
engagements et des prévisions de trésorerie de l’État.
Le rôle des collectivités dans l’effort d’investissement demeure insuffisant pour des raisons à
la fois financières et techniques. L’investissement local, dans son financement comme dans sa
réalisation, demeure très dépendant du soutien de l’État.
• Communication
La gestion de la mise en œuvre des projets est rendue difficile par les faiblesses du système
d'information car les autorités maliennes ne disposent pas encore d’un système leur permettant
d’assurer le suivi des grands projets et programmes, depuis leur planification jusqu’à leur bilan
et de consolider les informations. La DNPD envisage de déployer prochainement la version
améliorée de son SIGIP au niveau des différents CPS dans les ministères. Le système est en
cours de modernisation dans le cadre d’un schéma directeur informatique (SDI).
V. RECOMMANDATIONS
Les recommandations formulées ci-dessous devraient permettre d’améliorer considérablement
la gouvernance des projets et des programmes au Mali. Elles s’adressent aux différents acteurs.
Les recommandations proposées visent à :
- consolider et à améliorer le cadre institutionnel, réglementaire et juridique des projets
et des programmes sans le modifier fondamentalement ;
- tirer le meilleur parti des ressources existantes ;
- mobiliser des ressources provenant des financements innovants en vue de les consacrer
à l’investissement public ;
- instaurer une culture du résultat et de l’intégrité, par la professionnalisation de la gestion
des projets et des programmes et des finances publiques.
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Les améliorations de la gouvernance des projets et des programmes et de l’efficacité de l’Aide
Publique au Développement contribueront à la réduction de la pauvreté, mais seules, elles ne
pourront pas amorcer le développement attendu par les Maliens.
❖ ETAT : Système de planification et cadre institutionnel
• Renforcer la stabilité institutionnelle et politique : Stabiliser la structure
gouvernementale par rapport aux fonctions régaliennes de l’Etat. Il est question de
pérenniser l’existence de certains ministères clés en vue de leur assurer une continuité
dans la réalisation de la vision nationale indépendante de tout changement politique.
Pour aller plus loin dans cette recommandation, il est vivement souhaité d’inscrire dans la
constitution, une structure gouvernementale ne dépassant pas un nombre fixe de ministères et
de secrétariats d’Etat. En outre, il faut éviter au maximum les remaniements ministériels
intempestifs. Par ailleurs, il est impérieux de respecter les délais des élections présidentielles,
législatives et municipales.
• Promouvoir la démarche prospective
La fonction de réflexion à long terme ne doit plus disparaître de notre système de gestion du
développement et de l’économie. Il est nécessaire de la maintenir au niveau central et de
l’étendre à toutes les autres composantes de l’espace économique : secteurs de développement,
collectivités territoriales, grandes entreprises, organisations de la société civile, etc.
• Rationaliser et clarifier les missions des services, structures et organismes
nationaux impliqués dans la gouvernance des projets et des programmes
d’investissements publics.
-Une des pistes à prospecter serait de ressusciter l’idée d’un projet abandonné à savoir la
création d’une Direction Générale de l’Economie (DGE). En 2006, le Ministère de l’Economie
et des Finances d’alors a réalisé un audit organisationnel et institutionnel dudit ministère. Cet
audit a formulé différentes recommandations parmi lesquelles la création à moyen terme d’une
Direction Générale de l’Economie qui assurerait le pilotage, l’organisation et la gestion
rationnelle de l’économie et du développement. Par la suite, en 2009, une étude relative à la
création de la DGE a défini les contours et le contenu de ladite direction. A la fin, le projet a
été abandonné sans raison apparente.
-Mettre en place une procédure standardisée pour la programmation, l’exécution et le suivi des
projets et des programmes inscrits au budget de l’Etat (définition des critères, harmonisation
des modalités de programmation et de décaissements) à travers l’amélioration, l’adaptation et
l’appropriation des méthodes et des outils de travail du manuel au contexte actuel.
-Renforcer les capacités des cadres et agents en matière d’analyse des grandes orientations et
de gestion du développement.
❖ CYCLE DE PROJET
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• Impliquer la société civile et les collectivités territoriales bénéficiaires pour améliorer
l’efficacité de la maintenance et garantir la continuité des actions par la nomination de
leurs représentants dans les organes d’administration des projets et des programmes.
• Renforcer les évaluations ex- ante en dotant suffisamment le fonds d’études et de
préparation des projets.
Il n’existe pas encore de méthodologie standard pour les évaluations ex ante. Un fonds d’études
et de préparation des projets, géré par le MEF à travers la DNPD, a été mis en place depuis
2014 pour la conception de projets bancables dans certains secteurs. Cependant, les crédits
alloués à ce fonds restent insuffisants pour permettre l’évaluation systématique et complète de
l’ensemble des projets.
• Améliorer l’ancrage institutionnel dans la gestion des projets et des programmes
- adopter deux textes nécessaires au cadre général des projets et des programmes : le
premier porte sur la réglementation générale des projets ou des programmes de
développement ; le second, sur la classification, l’organisation et le fonctionnement des
projets ou programmes de développement par catégorie ;
- rationaliser le nombre d’unités de gestion des projets en proposant d’intégrer le
maximum d’unités de gestion de projets au sein de l’administration centrale ; clarifier
la logique devant prévaloir dans la Décision sur l’ancrage et le niveau de rattachement
administratif.
• Gestion du personnel des projets et des programmes
- réduire la part de dépenses de fonctionnement et des salaires dans les projets en
introduisant un critère d'efficience visant un ratio de 85% de dépenses en capital par
projet.
- harmoniser la grille salariale qui est une action de sécurisation et un facteur de stabilité,
à la fois des programmes et des projets et de leurs agents.
• Gestion financière et comptable
- augmenter la part des investissements financés sur ressources nationales en augmentant
la portée et l’efficacité des contrôles fiscaux et en élargissant l’assiette fiscale ;
- accroître les ressources des collectivités territoriales en transférant 30 % des recettes
budgétaires aux collectivités territoriales.
• Suivi-évaluation
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55
- mettre en place un cadre de concertation unique, supervisé par la DNPD, et composé
des principales structures impliquées dans le suivi des P/P, les PTF, la société civile, le
secteur privé et les collectivités territoriales ;
- dynamiser les comités de coordination des CPS afin d’instaurer un système efficace de
suivi des investissements publics ;
- renforcer les capacités des ressources humaines en matière de suivi et recruter le
personnel qualifié, tant au niveau de la DNPD, des CPS que d’autres structures
concernées et les doter en moyens matériels et financiers adéquats ;
- rendre urgemment fonctionnel le comité de suivi créé depuis 2013 et placé sous
l’autorité du Premier ministre ;
- renforcer les capacités des CPS afin de parvenir à une meilleure remontée de
l’information pour le suivi des P/P ;
- opérationnaliser le logiciel SIGIP et l’installer au niveau des principaux acteurs ;
- accorder une attention particulière aux acteurs régionaux et à la société civile dans le
processus de suivi .
❖ RECOMMANDATIONS A L’ENDROIT DES PTF
• aligner le maximum de projets et de programmes sur les procédures et systèmes
nationaux ;
• limiter le recours aux comptes-projets et/ou programmes ouverts dans les banques
commerciales et intégrer les concours des bailleurs de fonds dans des sous-comptes du
Compte Unique du Trésor.
• Inviter les PTF à contribuer davantage au financement de l’élevage, de la pêche et de la
promotion de l’économie verte à travers une gestion durable des ressources naturelles
et une lutte efficace contre le réchauffement climatique compte tenu de leur rôle moteur
dans la croissance économique et le développement durable.
❖ RECOMMANDATIONS SUR LE PROCESSUS ET SUR L’OUTIL DU CADRE
DES RESSOURCES EXTERNES A MOYEN-TERME
• poursuivre la dynamique visant à impliquer plus étroitement les structures nationales
impliquées dans la gestion de l’aide, dans la consolidation du Cadre des Ressources
Externes à Moyen-Terme. Il s’agit notamment de lier le Cadre des Ressources Externes
à Moyen-Terme au Système Intégré de Gestion des Investissements Publics de la
Direction Nationale de la Planification du Développement ;
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• intégrer les données provenant de l’Initiative pour la Transparence de l’Aide pour les
partenaires techniques et financiers qui ne sont pas physiquement présents à Bamako et
mener un exercice de rapprochement entre les données du CRMT et les données
provenant de l’IATI pour les partenaires représentés à Bamako ;
• inclure dans le cadre des ressources externes à moyen-terme les actions des « nouveaux
partenaires » : MINUSMA (projet civil), Fonds Mondial de Lutte contre le Sida, la
Tuberculose et le Paludisme, Alliance Mondiale pour les Vaccins (GAVI), etc. ;
• opérer un rapprochement avec la base de données « Synergie-Nord » afin d’harmoniser
et rationnaliser les outils de gestion de l’aide au Mali ;
• associer les Coordonnateurs des Groupes Thématiques des PTF à la consolidation du
CRMT afin de tendre vers une programmation indicative conjointe ;
CONCLUSION
L’amélioration de la gouvernance, dans ses dimensions politique, administrative, économique
et judiciaire est considérée comme le moteur du renouveau économique et social du Mali. Le
CREDD 2019-2023 a mis un accent particulier sur la gouvernance des projets et des
programmes de développement qui figure dans les priorités nationales. Les résultats de la mise
en œuvre des projets et des programmes, depuis 2005, ont contribué à la réduction de la pauvreté
mais pas à hauteur de souhaits.
En raison de la faiblesse de la mobilisation interne des ressources budgétaires et de celle de
l’investissement public, le Gouvernement du Mali a grandement recours à l’APD octroyée par ses
PTF bilatéraux et multilatéraux. La gouvernance des projets et des programmes se trouve ainsi liée
aux agendas de ces divers donateurs si bien que les acteurs de leur mise en œuvre maîtrisent
difficilement les démarches de conceptions, les outils et les procédures. C’est cette situation qui
finit par pénaliser l’atteinte des résultats attendus par les bénéficiaires. Ces derniers, en
l’occurrence les populations des communautés à la base, se retrouvent marginalisés tout au long
du cycle de gestion des projets et des programmes destinés à satisfaire leurs besoins sociaux de
base par l’accès élargi et régulier aux biens et services publics.
Néanmoins, des efforts de réforme institutionnelle, juridique, technique et financière sont entrepris
de part et d’autre d’une gouvernance conjointe des projets et des programmes. Ils améliorent
quelque peu la communication sans pour autant lever l’obstacle de « l’aide qui ne peut se passer
de l’aide. » Ce qui exige un changement fondamental du paradigme de la souveraineté où les
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bénéficiaires doivent prendre l’initiative coordonnée de leur propre développement au rythme qui
est le leur.
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x
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
❖ Ouvrages
- AYELLE K., Et si l'Afrique refusait le développement ? , Paris, éditions L’Harmattan,
1991 ;
- FUTURS AFRICAINS, Un guide pour les réflexions prospectives, Paris, Karthala
Futuribles, 2001 ;
- GODET M., Manuel de prospective stratégique, Paris, Dunod, 1999, Tomes 1 et 2 ;
- PNUD, Reconquérir le futur, manuel d’études prospectives à l’usage des planificateurs,
Paris, futuribles et Bruxelles, la Longue Vue, 1987 ;
- SARRASIN Bruno, Ajustement structurel et lutte contre la pauvreté en Afrique, éditions
Paris, L’Harmattan, 1999.
❖ Articles, revues, études, travaux spécifiques, rapports de recherche et documents
de travail
- Banque mondiale, « Manuel opérationnel de la Banque mondiale : Politiques
opérationnelles », PO 4.01, janvier 1999, disponible sur ;
- Burkina Faso -Ministères de l’Economie et des Finances, « Manuel des règles et
procédures de gestion des programmes/projets sous exécution nationale », mai 2009 ;
- Centre d’Etudes et de Réflexion au Mali : l’Aide internationale, facteur
d’émancipation ou de dépendance ? Contribution de Mohamed Diallo, Ingénieur
économiste statisticien. Juin 2019
- CPS du Secteur de l’Éducation, « Rapport sur l’annuaire statistique », 2018 ;
- CPS du Secteur Mines et Énergie, « Rapport sur l’annuaire statistique », 2018 ;
- CPS du Secteur Eau, Environnement, Urbanisme et Domaines de l’État, « Rapport sur
l’annuaire statistique », 2018 ;
- CPS du Secteur Santé, Développement Social et Promotion de la Famille, « Rapport
sur l’annuaire statistique », 2018 ;
- DNPD, « Rapports d’exécution du BSI 2005 – 2018 » ;
- INSTAT, « Enquête Modulaire et Permanente auprès des Ménages », 2011- 2018 ;
- JONES R. Young V. et Stanley C., « Guide de l’évaluation à l’ACDI », 2004 ;
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- KAMGUEM G. B., « Les mécanismes de financement de la banque mondiale »,
Institut des Relations Internationales du Cameroun, Master professionnel 2 en
Relations Internationales, 2012 ;
- Ministère chargé du Plan et PNUD, « Manuel de Procédures de Programmation et de
Suivi -Evaluation des Investissements Publics au Mali », PRECAGED, mai 2003 ;
- Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération internationale, « Politique
Nationale de Coopération au Développement (PNCD) », août 2019 ;
- ONEF « Rapport sur les statistiques de l’Observatoire Nationale de l’Emploi et de la
Formation Professionnelle », 2018 ;
- PNUD, « Politiques et procédures relatives aux programmes et aux opérations
PNUD », 2008. Disponible en ligne sur ;
- SHA, « Politique Nationale de la Gestion de l’Aide et son Plan d’action », avril 2019 ;
- SHA, « Rapports sur le Cadre des Ressources Externes à Moyen-Terme (CRMT):
Analyse des décaissements et des prévisions de décaissement d’aides publiques au
développement sur la période 2010 -2021 » ;
- SUAZION Inc., « Guide de la planification, du suivi et de l’évaluation axés sur les
résultats du développement », PNUD (traduction française), 2009 ;
- TAICLET B., SUC G., Botton N., MROCZKA F., RAOILISOA O., ROUMEGAS P.,
et TOUGMA Y., « Mali - Rapport d’assistance technique-évaluation de la gestion des
investissements publics – PIMA », Rapport du FMI, n° 18/114, 2018 ;
- Union Européenne, « Guide pratique des procédures applicables aux devis-
programmes (approche projet) « (version 4.1) 10.
❖ WEBOGRAPHIE
http://www.acdi-cida.gc.ca/acdi-cida/acdi-cida.nsf/fra/EMA-218132515-PMZ;
http://siteresources.worldbank.org/OPSMANUAL/Resources/OP401French.pdf ;
www.adb.org ; www.iadb.org ; www.ebrd.com ;
http://content.PNUD.org/go/userGuide
www.busanhlf4.org 1er décembre 2011
www.clubdeparis; http// www.afdb.org
http://go.worldbank.org
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xiii
ANNEXES
Annexe 1 : Décaissement et Prévision du CREDD, OMD et PTF (SHA, rapport CRMT
2017-2019)
Domaine prioritaire/Objectif
CREDD/PTF
2014 2015 Prév 2016 Prév 2017 Prév 2018 Prév 2019
Paix, Réconciliation, Reconstruction
du Nord
6 837 990 067 7 914 598 220 10 156 291 556 4 148 688 562 1 311 914 000 918 339 800
OS 1 : Agir efficacement et
rapidement pour la Paix et la
Réconciliation Nationale
6 837 990 067 7 914 598 220 10 156 291 556 4 148 688 562 1 311 914 000 918 339 800
Allemagne 362 664 771 0 0 0 0 0
Danemark 2 929 516 670 4 211 569 180 0 0
Délégation de l'Union Européenne 1 830 120 030 1 371 383 718 8 133 866 800 3 056 759 620 655 957 000
Espagne 65 595 700 49 196 775 213 186 025 0 0 0
France 55 149 585 742 818 826 1 785 514 954 787 148 400 655 957 000 918 339 800
Japon 0 591 800 000 0 283 141 950 0
Pays-Bas 560 843 235 918 339 144 0 0 0
UNESCO 0 0 13 066 438 11 500 000 0 0
UNHCR 1 034 100 076 29 490 578 10 657 339 10 138 592 0
Défense et Sécurité 85 797 850 3 702 608 886 857 972 733 1 593 663 937 1 252 615 487 1 252 615 487
OS 3 : Garantir la Sécurité intérieure 32 797 850 3 688 987 886 857 972 733 1 313 633 437 1 252 615 487 1 252 615 487
Allemagne 32 797 850 0 0 0 0 0
Délégation de l'Union Européenne 0 0 0 0 0
France 1 025 887 886 857 972 733 1 305 092 047 1 252 615 487 1 252 615 487
Japon 0 2 663 100 000 0 8 541 390 0
OS 4 : Renforcer et moderniser la
Défense Nationale
0 0 0 280 030 500 0 0
Allemagne 0 0 0 0 0 0
Japon 0 0 0 280 030 500 0
OS 5 : Assurer la protection civile de
la population
53 000 000 13 621 000 0 0 0 0
Allemagne 0 0 0 0 0
Suisse 53 000 000 13 621 000 0 0 0 0
Economie et Finances Publiques 178 551 357 151 153 443 985 056 141 449 694 896 144 139 449 720 50 704 407 136 2 957 072 260
OS 6 : Améliorer la performance du
cadre macro-économique et
perfectionner le système de gestion
des finances publiques
104 521 355 272 149 422 595 668 140 862 227 898 139 713 065 973 46 835 599 200 2 957 072 260
BAD
5 205 609 160 19 474 440 563 13 661 148 611 14 311 892 196
12 524 810
160
0
Banque mondiale 1 289 667 135 60 937 748 408 27 959 489 700 24 851 400 000 0 0
Canada 614 944 289 1 253 707 152 2 621 427 697 1 585 500 000 1 359 000 000 1 359 000 000
Chine 7 405 768 000 0 6 245 817 000 6 254 802 037 0 0
Danemark 439 621 000 2 857 536 500 0 0 0
Délégation de l'Union Européenne 62 578 297 800 56 142 047 716 57 199 450 400 59 856 076 250 327 978 500
FMI
5 200 000 000 6 600 000 000 31 400 000 000 31 000 000 000
31 000 000
000
France 19 022 753 000 652 677 215 556 251 536 373 895 490 144 310 540 118 072 260
OPEP 0 0 0 0 0 0
PNUD 2 764 694 887 1 504 438 115 1 218 642 953 1 479 500 000 1 479 500 000 1 480 000 000
OS 7 : Consolider et soutenir le
développement du secteur financier
et de la microfinance
74 030 001 879 4 021 389 388 587 466 998 4 426 383 747 3 868 807 936 0
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xiv
BADEA 1 065 440 857 0 456 275 598 434 066 358 0 0
Canada 333 918 063 2 174 400 000 2 505 369 954
FIDA 64 284 741 338 741 604 388 0 1 817 917 389 1 363 437 982 0
France 8 345 901 620 3 279 785 000 131 191 400 0 0 0
Développement rural et sécurité
alimentaire
129 160 682 490 113 506 692 905 193 555 234 321 208 416 335 481
120 635 820
551
44 300 399 401
OS 10 : Accompagner le
développement du secteur de la «
Pêche »
1 121 536 910 0 999 817 531 1 499 702 682 1 451 304 863 1 424 410 626
Belgique 1 117 652 334 0 999 817 531 1 499 702 682 1 451 304 863 1 424 410 626
FAO 3 884 575 0 0
OS 11 : Garantir la sécurité
alimentaire
54 646 884 306 62 610 338 095 86 658 902 266 84 851 213 170 24 541 343 754 3 407 029 869
Allemagne
0 0 52 476 560 19 678 710 0 0
BAD
0 470 190 425 6 455 771 567 6 053 594 981 6 886 552 768 1 508 699 495
Belgique 236 267 840 0 341 724 735 977 171 271 1 306 001 204 1 242 373 375
Canada 2 202 340 000 10 042 670 400 6 090 585 000 9 358 980 000
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xv
Annexe 2 : Liste des personnes rencontrées
N° PRENOMS ET NOM FONCTION SERVICE /ORGANISME
1 Aboubacar S. SACKO
Chargé des Prévisions et
Analyses Economiques
Direction Nationale de la
Planification du Développement
2
Mahamadou Zibo
MAIGA
Coordinateur de la Cellule
Technique du Cadre
Stratégique de la Lutte contre
la Pauvreté
Cellule Technique du Cadre
Stratégique de la Lutte contre la
Pauvreté
3 Harouna BARRY Expert CT-CSLP
Cellule Technique du Cadre
Stratégique de la Lutte contre la
Pauvreté
4 Houna SIDIBE Expert CT-CSLP
Cellule Technique du Cadre
Stratégique de la Lutte contre la
Pauvreté
5
Bouba Oumar
NIAKATE
Expert CT-CSLP
Cellule Technique du Cadre
Stratégique de la Lutte contre la
Pauvreté
6 Seydou COULIBALY Directeur Adjoint
Direction de la Coopération
Multilatérale
7 Seydou CISSE
Chef du département Suivi-
évaluation
Direction de la Coopération
Multilatérale
8
Alassane Demba
TOURE
Chef de département des
Fonds et Programmes de
Coopération au
Développement (D.F.P.D)
Direction de la Coopération
Multilatérale
9 Drissa SIDIBE
Expert Harmonisation de
l’Aide
Secrétariat à l’Harmonisation de
l’Aide
10 Issa KOITA Expert Budget
Secrétariat à l’Harmonisation de
l’Aide
11 Siaka SANOGO
Expert Suivi Evaluation de
l’Aide
Secrétariat à l’Harmonisation de
l’Aide
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xvi
Annexe 3 : Termes de référence de l’étude
Contexte et justification
Au Mali, l’amélioration de la gouvernance constitue un défi majeur quant au développement
humain durable et à la réduction de la pauvreté. La gouvernance est perçue comme un mode de
gestion des affaires publiques d’un pays où les principaux acteurs, notamment l’Etat, le secteur
privé et la Société civile travaillent ensemble à la définition, à la formulation, à la mise en œuvre
et à l’évaluation des politiques nationales.
Le principal référentiel de développement du Mali qu’est le Cadre stratégique pour la Relance
Economique et le Développement Durable 2019-2023 (CREDD), s’inscrit dans l’objectif de
capitaliser les résultats du CREDD 2016-2018 en vue d'une Stratégie Nationale de
transformation économique et sociale du pays. Il prend en compte la problématique de la
gouvernance à travers le premier axe stratégique parmi les cinq (5) dudit cadre de référence des
politiques et stratégie de développement libellé : « Consolidation de la démocratie et
amélioration de la gouvernance ».
La gouvernance, de façon générale, est une question de priorité nationale. L’étude nationale
prospective Mali 2025, à travers l’analyse du système Mali, a mis en exergue « le rôle moteur
et structurant de la gouvernance pour le devenir du Mali » (ODHD/LCP ; 2014 : 18). De même,
les études et recherches réalisées en vue de l’élaboration du CREDD (2019-2023) ont abouti au
même constat. Elles mettent, en effet, l’accent sur l’amélioration de la gouvernance dans toutes
ses dimensions et dans tous les secteurs comme le moteur du développement économique et
social du pays. En particulier, la gouvernance des projets/programmes de développement figure
dans les priorités. Cette gouvernance suscite beaucoup de débats lors des différentes revues
(projet/programmes, budget- programmes, sectorielle, du CREDD, budgétaire conjointe) non
seulement au niveau des décideurs nationaux, des Partenaires Techniques et Financiers, des
techniciens eux-mêmes, mais aussi au niveau de la société civile, du secteur privé et du grand
public. Pourquoi les résultats des projets/programmes de développement au Mali sont- ils
mitigés ? Pourquoi les changements induits sont lents à se faire sentir ? Pourquoi les taux de
décaissements des projets/programmes sont- ils faibles ? Ces interrogations sont récurrentes
dans les échanges lors de ces différentes revues sur les projets/programmes de développement
au Mali.
Un projet de développement est un ensemble cohérent d’activités répondant à des besoins
identifiés par et pour des populations, fournies par un organisme ou un groupe afin de produire
dans des délais et selon un budget bien défini, des résultats concrets permettant d’atteindre des
objectifs spécifiques préalablement définis. Un Programme est un regroupement de crédits ou
de projets destinés à mettre en œuvre une action ou un ensemble cohérent d’actions relevant
d’une même organisation et auquel sont associés des objectifs précis ainsi que des cibles. Un
programme peut comprendre plusieurs projets. Notons qu’au Mali, les prérogatives en matière
de suivi des projets/programmes publics de développement sont dévolues à la Direction
Nationale de la Planification du Développement (DNPD), à la Direction Générale de la Dette
Publique, à la Cellule de Suivi des Projets/programmes et aux Cellules de Planification et de
Statistique.
Pour le financement de son développement, et compte tenu de l’importance des besoins et
ressources, de la faiblesse des ressources internes, le Mali fait recours à l’Aide Publique au
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Développement (APD). L’APD est régie par les principes de la Déclaration de Paris (2005) sur
l’efficacité de l’aide, des travaux de la Conférence d’Accra (2008) et de Busan (2011).
Des études importantes ont été déjà réalisées parmi lesquelles l’étude sur la restructuration du
système de planification et de gestion du développement, celle sur l’élaboration d’un manuel
de procédures pour la programmation et le suivi-évaluation des investissements publics au Mali
(commanditées par le Programme Cadre de Renforcement des Capacités Nationales pour une
Gestion Stratégique du Développement - PRECAGED) et l’étude sur l’accroissement des taux
de décaissement des projets/programmes au Mali (réalisée en 2006 par le PNUD/Mali). Aussi,
une étude portant sur le « cadre méthodologique et institutionnel pour l’évaluation des
politiques publiques de développement » a été menée en 2014 (PRECAGED-DNPD).
La présente étude relative à la gouvernance des projets/programmes de développement au Mali,
s’inscrit dans le cadre du programme de travail 2019 de l’ODHD/LCP, au titre des activités de
l’objectif opérationnel 3 qui s’intitule « réalisation des études et recherches sur la pauvreté et la
problématique du DHD ». Elle permettra d’analyser les différents aspects de la gouvernance
des projets/programmes de développement en lien avec l’amélioration du développement
humain durable et la réduction de la pauvreté au Mali.
1. Objectifs
1.1 Objectif général
La finalité de l’étude est de contribuer à améliorer l’efficacité et l’efficience des
projets/programmes publics de développement au Mali à travers l’amélioration de leur
gouvernance, en mettant l’accent sur ces liens avec la réduction de la pauvreté et l’amélioration
du développement humain durable.
1.2 Objectifs spécifiques
Pour ce faire, l’étude va :
- faire l’historique des projets/programmes publics de développement au Mali de 2005 à
nos jours;
- recenser et analyser les différents modes de gestion des projets/programmes publics;
- dresser une cartographie des projets/programmes publics de développement au Mali,
sur les plans national, régional et sectoriel ;
- décrire le profil des PTF intervenant dans le domaine des projets/programmes publics
de développement et les modes de financement ;
- identifier les types de difficultés en matière de gouvernance que les projets/programmes
de développement rencontrent au Mali dans la conception, la mise en œuvre, et le suivi
et l’évaluation (le cadre institutionnel d’administration de gestion des
projets/programmes de développement, l’ancrage des unités de gestion, de la
structuration et du staffing des unités de gestion et des questions liées aux négociations
financières des personnels de projets/programmes) ;
- identifier les contraintes de la gouvernance des projets/programmes et leurs impacts sur
la réduction de la pauvreté et l’amélioration du niveau de développement humain
durable ;
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- proposer des options de cadre institutionnel d’administration, (ancrage, structuration et
options de staffing des unités de gestion et des incitations des personnels de
projets/programmes) et formuler des recommandations en vue d’améliorer la
gouvernance des projets/programmes de développement au Mali.
2. Résultats attendus
Les résultats attendus à la fin de l’étude sont les suivants :
- l’historique des projets/programmes publics de développement au Mali de 2005 à nos
jours est fait ;
- les différents modes de gestion des projets/programmes sont recensés et analysés ;
- une cartographie des projets/programmes publics de développement au Mali, sur les
plans national, régional et sectoriel est dressé ;
- le profil des PTF intervenant dans le domaine des projets/programmes publics de
développement et les modes de financement est décrit ;
- les types de difficultés en matière de gouvernance que les projets/programmes de
développement rencontrent au Mali dans la conception, la mise en œuvre, et le suivi et
l’évaluation (le cadre institutionnel d’administration de gestion des projets/programmes
de développement, l’ancrage des unités de gestion, de la structuration et du staffing des
unités de gestion et des questions liées aux négociations financières des personnels de
projets/programmes) sont identifiés ;
- les contraintes de la gouvernance des projets/programmes et leurs impacts sur la
réduction de la pauvreté et l’amélioration du niveau de développement humain
durable sont identifiées ;
- des options de cadre institutionnel d’administration, (ancrage, structuration et options
de staffing des unités de gestion et des incitations des personnels de
projets/programmes) sont proposées et des recommandations en vue d’améliorer la
gouvernance des projets/programmes de développement au Mali sont formulées.
3. Méthodologie
Afin d’assurer un accompagnement adéquat et une bonne assurance qualité du rendu de cette
étude, un Comité scientifique élargi dont le noyau est connu (nommé par arrêté ministériel) fera
office de comité de contrôle de qualité et aura un rôle d’orientation et d’assurance qualité. Pour
ce faire, tous les outils produits par les consultants feront l’objet d’une validation par ledit
Comité scientifique élargi au besoin à toutes les parties prenantes de façon inclusive et aux
personnes ressources. La présente étude sera menée en collaboration avec la Direction
Nationale de la Planification du Développement, la Direction de la Coopération Multilatérale
et la Cellule Technique du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté.
Les étapes suivantes seront suivies par l’équipe de consultants :
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- une description de la méthodologie de travail avec une présentation des différentes
étapes du déroulement et des produits attendus ;
- le plan de rédaction du rapport ;
- la méthodologie de collecte, d’analyse et de traitement des données ;
- la revue documentaire ;
- la production des rapports provisoire et final.
4. Profil des consultants et/ou du bureau d’études
Pour la réalisation de cette étude, il sera fait appel à un bureau d’études ou aux compétences
de trois (03) consultants : un (01) économiste de développement, spécialiste des
projets/programmes publics de développement, un (01) statisticien et un (01)
sociologue/anthropologue.
L’économiste de développement, spécialiste des projets/programmes publics de
développement doit avoir :
- au moins bac+4 en sciences économiques ou en planification du développement, ou
gouvernance, ou statistiques économiques, ou gestion de projet et des compétences
avérées dans le domaine des questions de gouvernance en général et la gouvernance des
projets/programmes de développement en particulier ;
- une expérience notoire d’au moins cinq (5) ans de recherche dans le domaine du
développement humain durable ;
- avoir une bonne connaissance de l’évolution des questions de développement
institutionnel du Mali et des politiques et stratégies de développement notamment les
stratégies de réduction de la pauvreté et une bonne connaissance des méthodes et
procédures de gestion des projets/programmes ;
- être en mesure de travailler en équipe.
Le statisticien doit avoir :
- au moins bac+ 4 en statistique ou économétrie ;
- une bonne connaissance du système statistique national ;
- au moins cinq (5) années d’expérience dans la collecte, le traitement et l’analyse des
données socioéconomiques ;
- avoir une bonne maîtrise des questions de développement humain durable ;
- avoir une bonne connaissance
- des politiques de développement du Mali notamment les stratégies de réduction de la
pauvreté ;
- être en mesure de travailler en équipe.
Le sociologue/ anthropologue doit avoir :
- au moins bac+4 en socio anthropologie ou dans une discipline similaire ;
- une expérience d’au moins cinq (5) ans dans les études et recherches sur les
comportements sociologiques avec la gouvernance des projets/programmes ;
- avoir une bonne maîtrise des questions de développement humain durable ;
- avoir une bonne connaissance de l’évolution des questions de développement
institutionnel du Mali et des politiques et stratégies de développement notamment les
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stratégies de réduction de la pauvreté et des programmes de développement
institutionnel ;
- être en mesure de travailler en équipe.
5. Durée de l’étude
Cette étude s’étend sur une période de quatre (4) mois dont trois (3) pour le contrat.
Les consultants devront impérativement remettre le rapport final à la fin du quatrième
mois conformément au calendrier ci-après.
Activités Mois1 Mois 2 Mois 3 Mois 4
Semaines Semaines Semaines Semaines
Validation des TDR
Sélection des consultants
Elaboration et validation de la note de
compréhension
Elaboration des outils
Collecte, traitement et analyse des données
Elaboration de la partie thématique
Dépôt du rapport provisoire
Examen technique
Validation, intégration des observations et
dépôt du rapport final
6. Financement
Budget National et Fonds PNUD.
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Définition de certains concepts clés lié aux projets/programmes de développement
Un projet de développement est un ensemble cohérent d’activités répondant à des besoins
identifiés par et pour des populations, fournies par un organisme ou un groupe afin de produire
dans des délais et selon un budget bien définis, des résultats concrets permettant d’atteindre des
objectifs spécifiques préalablement définis. Le projet s’inscrit dans une démarche de
résolution de problèmes et son impact sur une communauté dépendra de la pertinence du
problème que l’on cherche à résoudre.
Un Programme est un regroupement de crédits ou de projets destinés à mettre en œuvre une
action ou un ensemble cohérent d’actions relevant d’une même organisation et auquel sont
associés des objectifs précis ainsi que des cibles. Un programme peut comprendre plusieurs
projets.
Une Politique a trait à la législation gouvernementale, règlement, lignes directrices officielles
ou principes d’opérations qui influencent l’environnement entourant l’atteinte d’objectifs
énoncés: en exemples: politique de l’environnement, politique fiscale, politique agricole, etc…
Les stratégies renvoient aux perspectives, façon qu’à l’organisation de faire les choses ;
trajectoires d’actions de réduction substantielle des écarts entre la réalité de terrain et les
objectifs visés. Les stratégies sont formulées pour diriger les énergies dans une certaine
direction. Une stratégie fixe des objectifs et repose sur une démarche pour les atteindre. Dans
cette définition, la préposition « et » est importante : la stratégie n’est ni une simple définition
des objectifs, ni celle de la voie à emprunter pour les atteindre, elle est l’alliance des deux…
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