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MINISTERE DE L'EMPLOI, DE LA FORMATION REPUBLIQUE DU MALI
PROFESSIONNELLE, DE LA JEUNESSE ET DE UN PEUPLE – UN BUT – UNE FOI
LA CONSTRUCTION CITOYENNE
*********************
OBSERVATOIRE NATIONAL DE L’EMPLOI
ET DE LA FORMATION
EMPLOI ET POLITIQUE DE L’EMPLOI AU MALI
Yves Bourdet*, Boubacar Diallo** et Adama Andé Togo**
23 décembre 2015
Correspondance : yves.bourdet@nek.lu.se
* Département de sciences économiques, Université de Lund, Suède
** ONEF, Bamako, Mali
Les auteurs tiennent à remercier les membres du Comité Technique et du Comité Scientifique de
l’ONEF pour leurs commentaires constructifs sur des versions préliminaires de l’étude.
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Table des Matières
Liste des acronymes
1. Introduction
2. Six défis majeurs de l’emploi au Mali
3. Politique de l’emploi : contenu et dynamique
4. La politique de l’emploi au Mali
3.1 Mesures d’intermédiation
3.2 Dispositifs de promotion de l’auto-emploi et d’appui à l’entreprenariat
3.3 Les travaux HIMO et autres travaux publics
3.4 Dispositifs de formation professionnelle
5. Un impact incertain sur l’emploi
6. Recommandations
Références bibliographiques
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2
Liste des acronymes
ACEFOR Appui à la Compétitivité des Entreprises par la Formation professionnelle
AGEROUTE Agence d’Exécution des Travaux d’Entretien Routier
AGETIER Agence d’Exécution des Travaux d’Infrastructures et d’Equipements Ruraux
AGETIPE Agence d’Exécution des Travaux d’Intérêt Public pour l’Emploi
ANPE Agence Nationale Pour l’Emploi
APEJ Agence pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes
BIT Bureau International du Travail
CDD Contrat à Durée Déterminée
CDI Contrat à Durée Indéterminée
CSCRP Cadre Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté
CSLP Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté
DEF Diplôme d’Etudes Fondamentales
DNE Direction Nationale de l’Emploi
DOEF Département Observatoire de l’Emploi et de la Formation
EDSM Enquête Démographique et de Santé du Mali
ELIM Enquête Légère Intégrée auprès des Ménages
EMOP Enquête Modulaire et Permanente auprès des Ménages
EMUT Enquête Malienne sur l’Utilisation du Temps
EPAM Enquête Permanente Emploi Auprès des Ménages
FAFPA Fonds d’Appui à la Formation Professionnelle et à l’Apprentissage
FARE Fonds Auto Renouvelable pour l’Emploi
FCFA Franc de la Communauté Financière Africaine
FIDA Fonds International de Développement Agricole
FNDA Fonds National d’Appui à l’Agriculture
HIMO Haute Intensité de Main-d’œuvre
INIFORP Institut National d’Ingénierie de la Formation Professionnelle
INSTAT Institut National de la Statistique
MEF Ministère de l’Economie et des Finances
MEFP Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle
OIT Organisation Internationale du Travail
ONEF Observatoire National de l’Emploi et de la Formation
OMD Objectif du Millénaire pour le Développement
ONG Organisation Non Gouvernementale
ONMOE Office National de la Main-d’œuvre et de l’Emploi
PACEPEP Programme d’Appui à la Croissance Economique et Promotion de l’Emploi
stimulées par le Secteur Privé
PAG Programme d’Actions du Gouvernement
PAO Plan d’Actions Opérationnel
PASAM Programme d’Appui au Secteur Agricole au Mali
PDA/RN Programme de Développement Accéléré des Régions du Nord
PEJ Programme Emploi Jeunes
PEJIMO Projet d’Insertion des Jeunes dans la vie Professionnelle à travers les
Investissements à Haute Intensité de Main d’œuvre
PIB Produit Intérieur Brut
PME Petites et Moyennes Entreprises
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PNA / ERP Programme National d’Action pour l’Emploi en vue de la Réduction de la
Pauvreté
PNE Politique Nationale de l’Emploi
PNFP Politique Nationale de la Formation Professionnelle
PNG Politique Nationale Genre
PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement
PPTE Pays Pauvres Très Endettés
PROCEJ Projet de Développement des Compétences et promotion de l’Emploi Jeune
PRODEFPE Programme Décennal de Développement de la Formation Professionnelle
pour l’Emploi
PTF Partenaires Techniques et Financiers
RGPH Recensement Général de la Population et de l’Habitat
SMIG Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti
TFP Taxe de la Formation Professionnelle
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4
1. Introduction
L‘emploi est une priorité du gouvernement malien. C’est souligné dans les deux documents
de référence de la politique économique, le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG
2013-2018) et le Cadre Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (CSCRP
2012-2017). L’adoption par le Conseil des Ministres du 18 mars 2015 d’une nouvelle
Politique Nationale de l’Emploi (PNE) et de son Plan d’Actions Opérationnel (PAO) pour la
période 2015-2017 est une autre expression de cette priorité. La situation préoccupante de
l’emploi au Mali justifie ce choix. Le manque d’emplois dans le secteur formel, la précarité
des emplois informels, des revenus du travail insuffisants pour permettre à de nombreux
ménages de vivre au-dessus du seuil de pauvreté, un sous-emploi chronique en milieu rural,
de grandes difficultés d’insertion professionnelle pour les jeunes, et de fortes inégalités dans
l’espace et de genre en termes d’emploi et de chômage sont l’exemple de traits mis en avant
pour dépeindre la mauvaise situation de l’emploi. La crise sécuritaire qu’a connue le pays au
cours des dernières années a aggravé cette situation.
Une meilleure compréhension de la politique de l’emploi, de ses forces et de ses faiblesses,
est nécessaire pour la rendre plus à même de répondre aux défis actuels de l’emploi.
L’objectif de cette étude est triple. Il est d’abord de résumer la situation actuelle de l’emploi
au Mali, pour bien mettre les dispositifs de l’emploi dans leur contexte. Il est ensuite de voir
le genre de dispositifs qui composent la politique de l’emploi et de les illustrer dans le cas
malien. Une meilleure visibilité des dispositifs est nécessaire à une meilleure compréhension
de la politique de l’emploi dans son ensemble. Elle est aussi nécessaire à un meilleur pilotage
et une plus grande cohérence des interventions. Le troisième objectif est de voir en quoi une
inflexion de la politique de l’emploi peut améliorer la situation de l’emploi pour le plus grand
nombre de Maliens. Les ressources à la disposition des autorités sont limitées et un meilleur
pilotage est aussi nécessaire pour améliorer l’efficacité et l’efficience de la politique de
l’emploi, c’est-à-dire l’atteinte des objectifs que se fixe le gouvernement en termes d’emploi
et de conditions de travail, et ce à moindre coût.
Le rapport comprend cinq chapitres (hors chapitre introductif). Le premier chapitre résume les
défis majeurs de l’emploi au Mali, en se basant essentiellement sur les données les plus
récentes de l’EMOP. Le deuxième chapitre définit ce qu’on entend par politique de l’emploi
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5
et présente le genre de dispositifs qui la composent. Le troisième chapitre offre une vision
complète des dispositifs de l’emploi mis en œuvre au Mali. Le quatrième chapitre fait une
évaluation qualitative de la politique mise en œuvre en mettant l’accent sur sa pertinence au
vu de la situation de l’emploi. Le dernier chapitre, enfin, tire des conclusions pour la nouvelle
Politique Nationale de l’Emploi.
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2. Six défis majeurs de l’emploi au Mali
Les pays diffèrent en termes de structure économique, de croissance démographique, de
niveau de formation de la population active, de spécialisation internationale, de taille, etc. La
situation de l’emploi reflète ces caractéristiques et influe sur la conception de la politique de
l’emploi, la plus à même d’améliorer l’accès du plus grand nombre à un emploi, de préférence
bien rémunéré et bénéficiant d’autres conditions de travail décentes. Le Mali fait face à
plusieurs défis majeurs de l’emploi que la politique de l’emploi se doit de relever.
Le premier défi concerne l’augmentation rapide de la population en âge de travailler et les
grandes difficultés d’insertion professionnelle des jeunes. La transition démographique a pris
du retard au Mali, avec un nombre d’enfants par femme en âge d’avoir des enfants supérieur à
6 enfants, contre 4,7 en Afrique (et 2,5 dans le monde). Les conséquences de ce retard dans la
transition démographique sont une croissance rapide des jeunes à la recherche d’un premier
emploi et des taux de chômage élevés pour les sortants du système éducatif. Selon les
projections du BIT, la population active au Mali devrait continuer de croître à un rythme
soutenu au cours des années à venir, entre 2,9 % et 3 % par an, soit environ 150 000 actifs. Ce
chiffre prend en compte les entrées sur le marché du travail ainsi que les sorties pour raison
d’âge ou autres raisons. Le nombre brut d’entrées est bien sûr beaucoup plus élevé. Il était
estimé à 278 000 en 2010 et devrait atteindre 434 000 en 20131. Les données de l’EMOP
confirment que le chômage touche plus les jeunes que les actifs plus âgés. Les données du
tableau 1 indiquent que 7 chômeurs sur 10 ont moins de 36 ans. Elles montrent aussi que les
risques de chômage croissent avec le niveau d’éducation et qu’il est beaucoup plus élevé pour
les sortants de l’enseignement secondaire et supérieur que pour les autres jeunes2. Par
exemple, le taux de chômage des sortants de l’enseignement supérieur est de deux à trois fois
plus important que celui des sortants de l’enseignement fondamental.
1 Beaujeu et al. (2011), p. 175.
2 Un problème bien connu de la mesure du chômage des jeunes concerne le nombre relativement
limité de jeunes faisant partie de la population active (le dénominateur du taux de chômage). Pour se
faire une idée plus juste de la gravité du chômage des jeunes, il est aussi important de compléter le
calcul du taux de chômage par la proportion de chômeurs dans l’ensemble de la population jeune (pour
une analyse approfondie, voir par exemple Bourdet et Persson (2011)). Rapporté à la population des
15-24 ans, le chômage des jeunes au Mali est estimé à 7 %, sans différence de genre (tableau 1), alors
que le taux de chômage des 15-24 ans est de 11 % (tableau 2).
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7
Tableau 1: Indicateurs de l’emploi 2014.
__________________________________________________________________________________________________________
%
_________________________________________________________________________________________________________________________________
Emploi (15 ans et plus)
1. Taux d’activité 74
Rural 78
Urbain 63
Hommes 86
Femmes 65
2. Répartition de l’emploi par secteur économique
Primaire (y compris l’exploitation minière) 67
Secondaire 8
Tertiaire 25
3. Répartition de l’emploi par secteur institutionnel
Secteur informel (y compris employés de maison) 92
Secteur privé formel 4
Secteur public 3
4. Répartition par catégorie socio-professionnelle
Travailleur indépendant / aide familial 90
Employé / ouvrier / manœuvre / apprenti 7
Cadre moyen / cadre supérieur / employeur 3
5. Niveau d’éducation par secteur institutionnel
Répartition pour secteur informel
Sans éducation formelle ou maternelle 77
Fondamental 1 ou 2 21
Enseignement secondaire et supérieur 2
Répartition pour secteur formel
Sans éducation formelle ou maternelle 11
Fondamental 1 ou 2 24
Enseignement secondaire et supérieur 65
6. Niveau d’éducation par catégorie socio-professionnelle
Répartition pour travailleur indépendant et aide familial
Sans éducation formelle ou maternelle 79
Fondamental 1 ou 2 20
Enseignement secondaire et supérieur 1
Répartition pour employé, ouvrier, manœuvre et apprenti
Sans éducation formelle ou maternelle 38
Fondamental 1 ou 2 44
Enseignement secondaire et supérieur 18
Répartition pour cadre moyen, cadre supérieur et employeur
Sans éducation formelle ou maternelle 10
Fondamental 1 ou 2 15
Enseignement secondaire et supérieur 75
7. Répartition par type de contrat de travail
CDI 3
CDD 1
Contrat verbal 3
Sans contrat 92
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8
8. Répartition des CDI ou CDD par niveau d’éducation
Sans éducation formelle ou maternelle 9
Fondamental 1 ou 2 22
Enseignement secondaire ou supérieur 69
9. Répartition par forme de rémunération
Salaire fixe 8
Au jour ou à l’heure de travail 3
A la tâche / campagne 9
Commission, en nature, avantages sociaux 11
Bénéfices 36
N’est pas rémunéré 33
10. Taux de sous-emploi (moins de 35 heures hebdomadaires involontaires)
Rural 17
Bamako 20
Autre urbain 21
Hommes 7
Femmes 30
11. Taux de pluriactivité (deux emplois ou plus) 25
Rural 30
Bamako 2
Autre urbain 14
Hommes 23
Femmes 28
12. Taux de syndicalisation 4
Urbain 12
Rural 3
Chômage
13. Taux de chômage élargi a) 8
Hommes 7
Femmes 9
Urbain 12
Rural 7
14. Taux de chômage élargi par niveau d’éducation
Aucune éducation formelle ou maternelle 7
Fondamental 1 9
Fondamental 2 11
Secondaire 17
CAP/BT 18
Supérieur 26
15. Chômage élargi jeune 15-24 ans en % de la population jeune 7
Hommes 7
Femmes 7
16. Répartition des chômeurs (chômage élargi) par tranche d’âge
15-24 ans 38
25-35 ans 33
36-40 ans 9
41-64 ans 20
__________________________________________________________________________________________________________
Note : a) Le chômage élargi comprend les chômeurs découragés qui ne recherchent pas activement un travail.
Source des données : EMOP octobre - décembre 2014.
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Le deuxième défi concerne l’importance des emplois informels, c’est-à-dire des emplois qui
ne sont pas soumis aux dispositions de la législation du travail ou qui sont exercés dans des
entreprises sans comptabilité ou sans immatriculation fiscale. Au Mali, selon les données les
plus récentes de l’EMOP (voir le tableau 1), les emplois informels constituent plus de 9
emplois sur 10. La majeure partie de ces emplois se trouve dans l’agriculture, même si une
part non négligeable se trouve dans le secteur des services et à un degré moindre dans
l’industrie. La plupart des emplois informels sont des emplois vulnérables à faible
productivité et rémunération. L’importance de l’emploi informel a un impact négatif sur les
rentrées fiscales et ainsi indirectement sur le financement par l’État des dépenses en faveur du
développement économique et social.
Le troisième défi, l’autre face de la même pièce, est la faible proportion d’emplois formels
dans le secteur privé ou public. Ces emplois constituent moins d’un emploi sur dix ! Le
secteur public est le plus grand pourvoyeur d’emplois formels (5 % de l’emploi total contre 4
% pour les entreprises privées). La proportion d’emplois formels est minime, mais en plus la
dynamique de création d’emplois formels est faible, même en période de forte croissance
économique, telle que celle connue par le Mali depuis la dévaluation du FCFA en 2014. Hors
secteur public, c’est dans le secteur privé formel qu’on trouve les emplois qui se rapprochent
le plus des emplois décents au sens du BIT, c’est-à-dire des emplois stables, relativement bien
rémunérés et bénéficiant de la protection sociale et du dialogue social. Selon une étude
s’appuyant sur des données de l’année 2010, moins de 200 000 emplois ont des
caractéristiques proches de celles associées avec l’emploi décent3.
Le quatrième défi concerne la faible accumulation de capital humain (éducation et acquis de
compétences professionnelles sur le tas) et le fait que les qualifications acquises dans le
système de formation initiale (secondaire, technique et professionnelle et supérieure) soient
insuffisantes, et le plus souvent mal adaptées aux demandes des entreprises et autres acteurs
économiques. A cela il faut ajouter que la forte augmentation des taux de scolarisation en vue
d’atteindre l’OMD sur l’éducation primaire pour tous d’ici 2015, alors que les ressources
publiques consacrées à l’éducation n’augmentaient pas proportionnellement, s’est traduite par
une détérioration de la qualité de l’éducation avec des acquis de connaissances pour les
sortants du système éducatif faibles et moyennement en baisse. Le bas niveau de qualification
des sortants du système éducatif est synonyme d’une productivité et d’une rémunération du
3 Bourdet, Dabitao et Dembélé (2012), ch. 4.
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travail faible, souvent insuffisante pour permettre aux actifs concernés d’échapper à la
pauvreté. Les données de l’EMOP (voir le tableau 1) montrent que les actifs à faible
qualification sont concentrés dans le secteur informel, qu’ils sont le plus souvent travailleurs
indépendants ou aide familial, qu’ils ne bénéficient pas le plus souvent de contrat de travail et
de formes de rémunérations stables (CDI ou CDD). Les données de l’EMOP confirment
l’existence de primes à l’éducation avec seulement 9 % des actifs sans éducation formelle
accédant à un CDI ou un CDD, contre 69 % des sortants des enseignements secondaire et
supérieure.
Le cinquième défi majeur concerne les fortes inégalités de genre et les inégalités dans
l’espace. Les inégalités de genre reflètent d’abord les différences d’accès à l’emploi avec de
grands écarts entre les taux d’activité des femmes et des hommes, en défaveur des premières.
Une répartition inégale des activités domestiques au sein des ménages explique en partie ces
différences dans les taux d’activité4. Les inégalités de genre concernent ensuite le fait que les
femmes et les hommes sont répartis de manière très inégale entre les secteurs d’activités
économiques (ségrégation horizontale) et à l’intérieur de ces secteurs plus on s’élève dans la
hiérarchie des postes (ségrégation verticale). A cela il faut ajouter les inégalités de genre dans
les rémunérations du travail5 (en partie en raison des discriminations salariales) et devant les
risques de chômage, principalement en milieu urbain6. On constate aussi de fortes inégalités
4 Pour une analyse plus complète, voir Bourdet, Gakou Doumbia et Persson (2010), ch. 3.
5 Selon les données de l’EPAM 2010, 21 % des actifs hommes et 37 % des actifs femmes étaient
rémunérés en dessous de 29 000 FCFA (le SMIG), alors que 16 % des actifs hommes et 6 % des actifs
femmes rémunérés au-dessus de 75 000 FCFA (Bourdet, Dabitao et Dembélé (20129, ch. 6). Les
proportions varient fortement selon la catégorie socio-professionnelle et le secteur institutionnel. Le
secteur public est le secteur où les inégalités salariales entre hommes et femmes sont les plus faibles et
les entreprises privées informelles le secteur où elles sont les plus grandes.
6 La différence entre les taux de chômage des femmes et des hommes est de deux points de
pourcentage dans l’EMOP 2014 (tableau 1). Les données de l’EMOP pour l’année 2011 (tableau 2)
indiquent un différentiel de genre moins important (un point de pourcentage). Les données de l’EMOP
contredisent en partie les données de l’EPAM 2010, qui donnaient un taux de chômage des femmes
supérieur de cinq points de pourcentage à celui des hommes, 11 % et 6 % (Bourdet, Dabitao et
Dembélé (2012), p. 37). Les données de l’Enquête 1-2-3 pour Bamako en 2001 donnaient un taux de
chômage des femmes supérieur de plus de sept points de pourcentage à celui des hommes, 16 % et 9
% respectivement (Roubaud et Torelli (2013), p. 49). Il n’est pas facile d’expliquer de telles
différences, même si une partie de l’explication tient certainement au fait que les enquêtes portent sur
des années différentes et couvrent des réalités géographiques différentes, l’ensemble du Mali pour les
enquêtes EMOP et EPAM et la seule ville de Bamako pour l’Enquête 1-2-3. Le différentiel de genre
du taux de chômage est plus important pour le chômage élargi que pour le chômage défini au sens du
BIT, c’est-à-dire sans prise en compte des chômeurs découragés (2 points de pourcentage contre moins
d’un point de pourcentage en 2014). Une raison probable derrière ce résultat est que les femmes
deviennent plus facilement chômeur découragé, c’est-à-dire perdent plus facilement leur motivation de
recherche active d’emploi, que les hommes.
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dans l’espace, avec les emplois informels précaires concentrés en milieu rural. Cela reflète la
répartition inégale des activités dans l’espace avec la majeure partie des actifs en milieu rural
travaillant dans le secteur primaire alors que la majorité des actifs occupés en milieu urbain
travaillent dans les services. C’est aussi en milieu rural que le taux de pluriactivité est le plus
élevé pour faire face à l’insuffisance des revenus tirés de l’activité principale et aux risques
que cela comporte. Les données de l’EMOP sur le sous-emploi indiquent que celui-ci est
quelque peu supérieur en milieu urbain qu’en milieu rural (voir le tableau 1). La raison est
probablement que le sous-emploi rural a un caractère saisonnier plus prononcé et que les
données de l’EMOP du tableau 1 ont été collectées pendant la saison agricole.
Tableau 2 : Chômage (en %) 2011 et 2014 (octobre-décembre).
__________________________________________________________________________________________________________
Chômage 2011 Chômage 2014 Différence 2014-2011
15 ans et plus 15-24 ans 15 ans et plus 15-24 ans 15 ans et plus 15-24 ans
_________________________________________________________________________________________________________________________________
Kayes 6,3 7,1 7,0 13,0 + 0,7 + 5,9
Koulikoro 5,8 8,1 9,6 9,2 + 3,8 + 1,1
Sikasso 4,1 4,4 11,6 8,4 + 7,5 + 4,4
Ségou 8,0 14,1 4,4 7,6 - 3,6 - 6,5
Mopti 6,8 10,1 3,9 7,0 - 2,9 - 3,1
Tombouctou 5,4 6,7 5,7 12,3 + 0,3 + 5,6
Gao 13,8 25,3 19,4 32,0 + 5,6 + 6,7
Kidal 23,2 41,7 n.d. n.d. n.d. n.d.
Bamako 10,1 15,6 11,5 23,4 + 1,4 + 7,8
Hommes 6,5 10,1 7,3 10,3 + 0,8 + 0,2
Femmes 7,4 10,1 9,3 12,1 + 1,9 + 2,0
Rural 6,5 9,3 7,3 8,9 + 0,8 - 0,4
Mali 6,9 10,1 8,2 11,1 + 1,3 + 1,0
_________________________________________________________________________________________________________________________________
Source des données : EMOP 2011 et 2014 (octobre-décembre).
Le sixième défi, enfin, concerne la situation de quasi post-conflit dans laquelle se trouve le
pays depuis le déclenchement de la crise sécuritaire en 2012. La crise s’est traduite par une
contraction du secteur formel, une augmentation de l’informel et des emplois précaires, une
augmentation de la pluriactivité et une augmentation du chômage. Une illustration de la
contraction du secteur formel est la forte diminution du nombre d’offres d’emploi enregistrées
par l’ANPE et les bureaux de placement privés entre 2012 et 2013. Selon les données
collectées par l’ANPE, le nombre d’offres d’emploi enregistrées par les bureaux de placement
(public et privés) a quasiment été divisé par deux en passant de 3 583 en 2010 à 1 972 en
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20137. Les données de l’EMOP sur le chômage pour 2011 et 2014 (octobre-décembre)
confirment l’augmentation du chômage suite à la crise, surtout pour les jeunes et les femmes
en milieu urbain (voir le tableau 2). Ces données illustrent aussi les fortes disparités
constatées dans l’espace et la segmentation du marché du travail malien. L’augmentation du
chômage des jeunes est particulièrement importante dans les régions de Bamako, Gao,
Tombouctou et Kayes. A Bamako, le taux de chômage des jeunes de 15-24 ans a augmenté de
7,8 points de pourcentage entre 2011 et 2014. Les données de l’EMOP indiquent aussi une
réduction significative du chômage, total comme de celui des jeunes, dans les régions de
Ségou et Mopti. Il est difficile à ce stade de dire si cette diminution reflète une amélioration
notable de la situation de l’emploi dans ces deux régions.
7 Les données sur les offres d’emploi enregistrées par l’ANPE et les bureaux de placement privés sont
disponibles dans les rapports d’analyse situationnelle annuelle du marché du travail du DOEF de
l’ANPE.
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3. Politique de l’emploi : contenu et dynamique
La politique de l’emploi contribue à l’efficacité économique et la justice sociale. Elle a deux
fonctions principales. La première est d’augmenter le nombre d’actifs (occupés et non
occupés) et d’améliorer les compétences et la productivité des participants aux dispositifs de
l’emploi. Par là-même, la politique de l’emploi concourt à l’augmentation de la croissance
économique et du PIB. La seconde fonction est d’aider les groupes rencontrant des difficultés
à accéder à un travail et à une rémunération. C’est en favorisant l’accès à un travail pour les
plus démunis et en améliorant les revenus des actifs vivant en dessous du seuil de pauvreté
que la politique de l’emploi contribue à la stratégie de réduction de la pauvreté.
La politique de l’emploi comprend deux genres de mesures, les mesures dites passives, qui
couvrent les dépenses d’indemnisation du chômage, et celles dites actives, telles que
l’intermédiation, la formation professionnelle, les travaux publics, l’emploi aidé, les mesures
destinées aux jeunes, etc. Dans la plupart des pays en voie de développement, les mesures
passives constituent une infime part des dépenses publiques consacrées à la politique de
l’emploi. C’est pour cette raison qu’on ne traite ici que de la politique active de l’emploi.
La politique active de l’emploi embrasse cinq types de dispositifs. Le premier type couvre les
mesures d’intermédiation destinés à améliorer la fluidité du marché du travail et à encourager
une meilleure et plus rapide adéquation de l’offre à la demande de travail. L’amélioration de
l’information sur les emplois vacants, des mesures incitatives à la mobilité professionnelle et
géographique, une intensification du suivi des demandeurs d’emploi et des conseils
d’orientation sont le genre de mesures appartenant à ce premier type de dispositifs. Le second
type concerne toutes les mesures prises pour développer l’auto-emploi et favoriser la création
de micro et petites entreprises, en facilitant l’accès aux facteurs de production (équipement,
crédit ou/et terre) et en développant l’esprit d’entreprise. Le troisième type de dispositifs
couvre les travaux publics (travaux HIMO ou autres) qui garantissent aux participants une
rémunération en échange d’une activité entreprise pendant un temps limité. Le plus souvent
les travaux publics permettent de faire face à une insuffisance conjoncturelle ou saisonnière
de la demande de travail et sont ciblés sur des groupes bien définis (les pauvres ruraux ou les
jeunes déscolarisés, par exemple) ou des régions. Le quatrième type concerne les mesures de
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formation et d’apprentissage qui sont conçues pour combler les lacunes du système de
formation initiale (technique et professionnelle mais aussi général) et de donner aux
participants les compétences et les qualifications demandées sur le marché du travail. Le
cinquième type, enfin, concerne les aides ou autres avantages financiers (comme les
allègements de charges sociales) accordés aux entreprises et aux employeurs qui embauchent
des groupes bien ciblés et éprouvant des difficultés d’insertion comme les jeunes diplômés ou
les chômeurs de longue durée. Ces cinq types de dispositifs ne s’excluent pas les uns les
autres. Il est facile de concevoir des mesures qui sont des hybrides de deux ou plusieurs types
de dispositifs. Par exemple, il est courant de voir dans beaucoup de pays des travaux publics
qui comportent un volet formation et maintien des compétences techniques. Il est aussi
fréquent de voir des dispositifs de formation (et reconversion) professionnelle associés à un
soutien à l’auto-emploi et à la création d’entreprise.
Tableau 3 : Importance des dispositifs de la politique de l’emploi
_________________________________________________________________________________________________________________
Afrique Asie Amérique latine OCDE
_________________________________________________________________________________________________________________________________
Intermédiation minime minime minime grande
Auto-emploi modérée modérée modérée minime
Travaux publics grande grande modérée minime
Formation modérée modérée modérée grande
Subvention à l’emploi minime minime minime grande
_________________________________________________________________________________________________________________
Source : Adapté d’Auer, Efendioglu et Leschke (2008), tableau 10, p. 58-60.
La politique de l’emploi varie entre les pays en fonction du niveau de développement
économique. Dans les pays industriels, les mesures d’appariement entre l’offre et la demande
de travail, les aides financières à l’emploi et les mesures de formation sont les dispositifs les
plus utilisés. Ces pays utilisent les travaux publics qu’en cas extrême (conjoncturel)
d’insuffisance de la demande de travail. Dans les pays en voie de développement, en
particulier en Afrique, ce sont les mesures de soutien à l’auto-emploi et les travaux publics
qui sont les dispositifs les plus courants. L’insuffisance chronique d’emplois vacants et
l’importance du sous-emploi saisonnier en milieu rural expliquent l’accent mis sur ces deux
types de mesures. Une autre raison tient à la priorité donnée à la lutte contre la pauvreté et à
l’impact de ce genre de mesures sur l’incidence de la pauvreté. Le tableau 3 résume de
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manière schématique les différences observées entre les continents et les pays de l’OCDE. A
niveau de développement économique équivalent, on peut observer toutefois des différences
entre les pays, ce qui suggère que d’autres facteurs, de nature historique et/ou politique
influent également sur les préférences des décideurs publics et ainsi sur le design de la
politique de l’emploi.
La politique active de l’emploi a trois dimensions, son importance quantitative (les fonds qui
lui sont consacrés et le nombre de participants aux différents dispositifs), sa composition en
termes de dispositifs et son ciblage sur des groupes particuliers ou sur des régions. Ces trois
dimensions changent en fonction de la situation économique, mais aussi en fonction des
préférences des décideurs publics. L’accélération de la croissance économique avec son
corollaire la multiplication des restructurations accompagnées de licenciements et de
nouvelles embauches, un choc temporaire négatif (inondation, sécheresse, programme
d’ajustement structurel, conflit armé ou autres), une baisse subite et importante de la demande
des produits exportés par le pays et l’ouverture de l’économie à la concurrence internationale
sont le genre de facteurs à même de modifier (temporairement ou plus durablement) le
contenu et la dynamique de la politique de l’emploi. La politique de l’emploi fait partie de la
politique économique d’ensemble visant à promouvoir le développement économique. Elle
fait aussi partie de la politique générale de redistribution dont l’objectif prioritaire est une plus
grande équité économique et égalité de chances entre les habitants. Une meilleure
représentativité des populations pauvres au niveau politique (suite par exemple à l’avancée du
processus de décentralisation et/ou au renforcement des organisations de la société civile)
peut aussi contribuer à modifier le volume, la composition et le ciblage de la politique de
l’emploi en faveur de dispositifs plus à même de bénéficier aux groupes les plus démunis.
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4. La politique de l’emploi au Mali
La politique de l’emploi au Mali embrasse quatre types de dispositifs. Le premier type couvre
les mesures d’intermédiation destinées à améliorer le fonctionnement du marché du travail et
à encourager une meilleure et plus rapide adéquation de l’offre à la demande de travail. Le
second type concerne toutes les mesures prises pour développer l’auto-emploi et favoriser la
création et le développement de micro et petites entreprises. Le troisième type couvre les
travaux publics (HIMO ou autres) qui garantissent aux participants une rémunération en
échange d’une activité entreprise pendant un temps limité. Le quatrième type, enfin, concerne
les mesures de formation et d’apprentissage qui sont conçues pour combler les lacunes du
système de formation initiale et de donner aux participants des compétences et des
qualifications demandées sur le marché du travail. Les programmes de certification et
validation des acquis appartiennent à ce genre de dispositifs. Ces quatre types de dispositifs ne
s’excluent pas les uns les autres. Il existe de nombreux programmes qui sont des hybrides de
deux ou plusieurs types de dispositifs. Par exemple, il existe au Mali des dispositifs de
formation professionnelle associés à un soutien à l’auto-emploi et à la création d’entreprise.
4.1 Mesures d’intermédiation
Les dispositifs d’intermédiation constituent le premier type de dispositifs de la politique de
l’emploi. Leur objectif principal est de rapprocher les demandes des offres de travail.
L’intermédiation est assurée au Mali par l’ANPE mais aussi par des bureaux de placements
privés8. Le rôle de l’ANPE est de collecter l’information sur les postes vacants, de rendre
disponible l’information et d’aider les demandeurs d’emploi dans la recherche d’emploi
(accompagnement individuel, conseils d’orientation, formation aux techniques de recherche
d’emploi, etc.). L’ANPE a aussi la charge de programmes d’auto-emploi et de programmes de
formation. La part de l’intermédiation dans les dispositifs de l’ANPE est relativement faible,
au vu de la mission principale de l’agence. En effet, seuls 21 % des effectifs de l’ANPE
occupent des tâches directement liées à l’intermédiation9. Cela s’explique essentiellement par
la faiblesse du secteur privé formel d’où viennent la majeure partie des offres d’emplois
vacants enregistrées par l’ANPE. Cela tient aussi au fait que très peu de demandeurs d’emploi
8 L’APEJ a aussi des activités d’information (entre autres sur les offres d’emploi), d’accueil et
d’orientation des jeunes (APEJ (2015), p. 22).
9 ANPE (2011), p. 5.
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se tournent vers l’ANPE et les bureaux de placement privés lors de leur recherche d’emploi.
Selon les données de l’EMOP 2014, seulement 0,5 % des demandeurs d’emploi utilisent
l’ANPE et les bureaux de placement privés comme le moyen principal de recherche d’emploi,
contre 84 % le réseau relationnel.
Que le nombre d’emplois vacants soit très faible est illustré pour l’année 2013 par les données
du tableau 4. Moins de 2 000 emplois vacants ont été enregistrés par l’ANPE et les bureaux
de placement privés cette année. Ce chiffre est plus bas qu’avant la crise sécuritaire qu’a
traversée le Mali. En effet, le nombre d’emplois vacants était de 3 436 en 2009 et de 3 583 en
2010. Le nombre d’offres de travail correspond à moins de 1 % du stock de chômeurs en 2013
(tel qu’il est estimé par l’EMOP). Si on inclut les créations d’emploi dans la fonction publique
et les collectivités territoriales, soit 2 102 en 2013, les offres d’emploi représentent moins de 2
% du nombre total de chômeurs10.
Les données du tableau 4 montrent que la majeure partie des offres d’emplois vacants
enregistrées passe par l’ANPE (80 % contre 20 % pour les agences de placement privées).
Elles montrent aussi que la plupart des emplois vacants sont dans les métiers des services (le
plus souvent dans l’administration, l’éducation et les services de santé) et que 41 % des
emplois vacants sont des emplois de cadre moyen (ou agent de maîtrise) et de cadre supérieur,
c’est-à-dire des emplois qui demandent un certain niveau de qualifications. Un autre trait
marquant des offres d’emplois est qu’elles sont concentrées dans le district de Bamako (52 %
du nombre total d’offres), avec 12,5 % de la population malienne qui y habite, tandis que les
régions les plus peuplées (Sikasso, Koulikoro, Ségou, Mopti et Kayes), avec 79 % de la
population malienne, ne comptabilisent que 44 % des offres. Cette répartition inégale des
offres d’emploi s’explique en partie par le faible taux de pénétration de l’ANPE en dehors du
district de Bamako11.
10 Les données sur le nombre d’emplois publics créés en 2013 sont disponibles dans ANPE/DOEF
(2014), p. 48.
11 Hors Bamako, l’ANPE dispose de 8 agences régionales. Ces dernières ont des moyens limités,
humains et techniques, ce qui contribue à la répartition inégale des offres d’emploi entre le district de
Bamako et les autres régions du Mali.
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Tableau 4 : Offres et demandes d’emploi enregistrées et placements par l’ANPE et les bureaux privés, 2013
________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Offres d’emploi Demandes d’emploi Placement
Nombre Répartition Nombre Répartition Proportion En % des Proportion
% % de femmes offres d’emploi de femmes
________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Offres et demandes d’emploi enregistrées a) 1 972 6 559 25 58 8
ANPE 80 non disponible non disponible
Bureaux et entreprises privées b) 20 non disponible non disponible
Répartition par âge
Moins de 30 ans 67 25
30 ans et plus 33 24
Répartition par niveau d’instruction
Jusqu’au 2ème cycle fondamental 22 17
Enseignements secondaire et supérieur 78 27
Répartition par métiers /activités
Agriculture / pêches 1 2 35 27 c) 0
Activités extractives/ Construction / industries 39 15 17 85 c) 1
Services 60 83 27 45 c) 14
Répartition par qualification professionnelle
Cadre moyen et supérieur 41 70 28 26 c) 22
Employés 27 15 14 58 c) 8
Ouvriers et manœuvres 32 15 21 97 c) 6
Répartition géographique
Bamako 52 73 23 65 c) 9
Kayes-Koulikoro 27 10 16 48 c) 4
Mopti-Ségou 12 5 39 61 c) 6
Sikasso 5 9 32 38 c) 17
Tombouctou-Gao-Kidal 3 3 59 39 c) 36
_______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Notes : a) Ce chiffre ne comprend pas les offres d’emploi des collectivités territoriales, principalement dans l’enseignement, qui s’élevait à 2 102 en 2013. b) Entreprises de
travail temporaire. c) Placement en % des offres d’emploi.
Source des données : ANPE/DOEF (2014).
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Le nombre de demandes d’emploi enregistrées s’élevait à 6 559 en 201312. Ce nombre a
baissé suite à la crise sécuritaire. En effet, il s’élevait à 10 830 en 2009 et 11 387 en 2010. Le
nombre de demandes d’emploi enregistrées est plus de trois fois supérieure à celui des offres.
Il ne représente toutefois qu’1 % environ du stock total de chômeurs. Seule une petite
minorité des actifs sans emploi et disposés à occuper un emploi sont enregistrés, ce qui incite
à la prudence dans l’interprétation des données. Cela dit, le tableau 4 suggère qu’il existe un
décalage entre la répartition des qualifications des demandeurs d’emplois et la répartition des
qualifications des offres d’emploi des entreprises. Le tableau 4 indique aussi qu’il existe un
fort décalage entre les régions. C’est particulièrement évident pour les régions de Bamako et
de Kayes-Koulikoro. Enfin, le tableau 4 indique que les femmes sont sous représentées parmi
les demandeurs d’emploi (25 % de femmes) et que cette sous-représentation varie
énormément d’un métier à l’autre et d’une région à l’autre. Elle est particulièrement faible
pour les métiers et secteurs traditionnellement masculins, comme les ouvriers-manœuvres et
le secteur de la construction et l’industrie, et dans les régions de Kayes et Koulikoro.
Une autre indication du faible appariement entre les offres et les demandes d’emploi sur le
marché du travail est donnée par le nombre d’emplois vacants non pourvus. En effet, seuls 58
% des postes vacants ont été pourvus en 2013. Il s’agit seulement d’une indication du faible
appariement car il est probable que des offres d’emplois vacants soient pourvues en dehors de
l’ANPE et des agences de placement privées. Les femmes sont fortement sous-représentées
dans les emplois pourvus (seulement 8 % des postes). La proportion de femmes parmi les
offres d’emplois vacants satisfaites est faible, indépendamment du métier, du niveau de
qualification et de la région. Une exception concerne Tombouctou, où 36 % des emplois
pourvus sont occupés par des femmes. Pour l’ensemble du Mali, il semble que les femmes
soient moins enclines à s’enregistrer comme demandeur d’emploi auprès de l’ANPE et des
agences privées et qu’une fois enregistrées elles aient moins de chances que les hommes
d’obtenir un emploi vacant. Il y a probablement une relation de cause à effet entre le second et
le premier constat ! C’est pour les qualifications de cadre moyen et supérieur que le taux de
placement est le plus faible. Ces données confirment l’existence du mauvais appariement
12 A ce jour, seules les données sur les demandes d’emploi sont disponibles pour 2014. Elles montrent
une forte augmentation en 2014, soit 16 159 demandes d’emploi. La majorité vient des hommes (73
%), des jeunes (68 % a moins de 30 ans), d’actifs qualifiés (79 % ont un niveau d’instruction
secondaire ou supérieure, et 66 % sont cadres moyens ou supérieurs).
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entre les offres et les demandes de travail à l’intérieur de ces catégories. Enfin, les données du
tableau 4 suggèrent que les régions de Kayes-Koulikoro, Sikasso et Tombouctou sont celles
où il est le plus difficile de pourvoir les emplois vacants et que celles de Bamako et Mopti-
Ségou, où c’est relativement le plus facile.
4.2 Dispositifs de promotion de l’auto-emploi et d’appui à l’entreprenariat
L’économie malienne souffre d’un déficit chronique d’emplois formels vacants. La taille
restreinte du secteur privé formel et sa faible croissance ainsi que les restrictions à l’embauche
dans le secteur public font que les offres d’emplois du secteur formel sont peu nombreuses,
année après année. Cette pénurie est encore plus criante si on rapporte le nombre d’emplois
formels vacants à la taille de la population active ou au nombre d’entrants sur le marché du
travail chaque année. La forte croissance économique qu’a connue le pays depuis la
dévaluation du FCFA en 1994, environ 5 % en moyenne annuelle, n’a que peu influé sur le
nombre d’offres d’emplois formels. Une raison principale est que cette forte croissance est, en
grande partie, le résultat de l’accélération de la croissance de l’agriculture, un secteur qui
n’est pas pourvoyeur d’emplois formels. Cette caractéristique centrale de l’emploi fait que
certains dispositifs traditionnels de la politique de l’emploi, comme les mesures
d’amélioration de l’intermédiation, sont moins appropriés dans le court et moyen terme.
D’autres dispositifs, comme ceux favorisant l’auto-emploi et le développement des micros et
petites entreprises, sont plus adaptés dans le contexte malien.
Les mesures d’appui à l’auto-emploi peuvent prendre deux formes. La première concerne
l’aide à l’accès aux facteurs de production, le crédit, la terre et les équipements. La deuxième
concerne les mesures de formation à l’entreprenariat et aux autres compétences, techniques,
financières et comportementales, nécessaires à l’exercice d’une activité dans un secteur
donné. Ces deux mesures se complètent et il est fréquent de trouver des mesures de promotion
de l’auto-emploi et d’appui à la création de microentreprises qui associent ces deux aspects.
Les programmes d’appui à l’auto-emploi sont les dispositifs de la politique de l’emploi qui
ont connu l’essor le plus rapide au Mali, en termes de programmes mais aussi en termes de
structures en charge de la mise en œuvre des programmes. La multiplication des programmes
et des acteurs, et la rapidité avec laquelle les programmes ont été lancés et quelquefois mis en
œuvre, expliquent leur déficit de visibilité et de suivi.
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Tableau 5 : Programmes d’auto-emploi et d’appui aux PME/PMI, 2013 et 2014 a)
________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Agence d’exécution Programme Caractéristiques Nombre d’emplois prévus Autres commentaires
/ Année (dont pour femmes)
________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
ANPE Création de PME/PMI Financement de projets 560 87 unités de production
/ 2013 ≤ 5 millions de FCFA dont la moitié localisées à
Bamako
ANPE Appui aux PME/PMI Financement indirect non disponible 125 projets soumis, dont
/ 2013 (sélection de projets soumis 56 % dans le secteur primaire
au financement par les banques) et 28 % dans le tertiaire
ANPE Programme d’amélioration Ciblé sur les PME/PMI 180 bénéficiaires 78 % à Bamako
/ 2013 des compétences aux du secteur informel 17 % à Koulikoro
petits métiers
FARE Création de PME / PMI Appui financier 51 Essentiellement à Bamako
/ 2013 Projet d’Appui aux Appui financier / Prêts 312 (dont 139 femmes) Régions de Kayes et Mopti
Commerçants Détaillants
Projet de Renforcement des Garantie de prêt 30 (dont 7 femmes) Régions de Bamako et
Capacités des Commerçants Koulikoro
Détaillants
FARE Création de PME / PMI Appui financier 34 9 projets garantis (dont 3
/ 2014 projets de femmes)
Projets d’Appui aux Appui financier / Prêts 309 (dont 190 femmes) Gao et Tombouctou
Commerçants Détaillants
Projet de Renforcement des Garantie de prêt 106 (dont 21 femmes) Gao et Tombouctou
Capacités des Commerçants
Détaillants
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PNA /ERP Création d’emplois Octroi de kits de blanchissage 60 Majoritairement en
/ 2013 Appui aux AGR Dotation de matières premières 80 (100 % de femmes) dehors de Bamako
APEJ Création de PME / PMI Validation de plans d’affaires 546 82 plans d’affaire validés,
/ 2013 Appui au financement 4 sur 5 par des hommes
3 sur 4 Bamako et Koulikoro
APEJ Financement de projets Appui financier non disponible Appui aux coopératives
/ 2013 de jeunes DAMBE et DIANWALI
APEJ Appui aux projets de Validation de projets non disponible 76 projets soumis au secteur
/ 2013 jeunes bancaire
APEJ Financement de projets Appui au financement 2 200 b) 7 projets financés pour un
/ 2014 de jeunes montant total de 2,9 milliards
FCFA
APEJ Installation et extension Appui financier non disponible 120 garages dans les régions
/ 2014 de garages de Bamako (70), Kayes (8),
Koulikoro (9), Sikasso (8),
Gao (5), Tombouctou (6),
Ségou (8) et Mopti (6)
________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Notes : a) Les informations sur les programmes de l’ANPE en 2014 ne sont pas disponibles. b) Les emplois prévus sont répartis entre le projet de valorisation des filières de
production animales et halieutiques (750 emplois), Tjilly Finance (650 emplois), les kits de la bourse de l’emploi et de la formation professionnelle (392 emplois), AREMO
phase extension (354 emplois), le Centre Afro service (25 emplois), Moneygram (20 emplois), et le projet coupe et coupure Kalifa Diarra (9 emplois).
Sources des informations : ANPE (2014), APEJ (2014a), APEJ (2015), FARE (2014) et FARE (2015), PNA/ERP (2014) et PNA/ERP (2015).
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Le tableau 5 résume les dispositifs d’auto-emploi mis en œuvre au Mali en 2013 et, seulement
pour l’APEJ, en 2014. L’ANPE et l’APEJ jouent un rôle dominant mais n’ont pas le
monopole des dispositifs. D’autres structures publiques, relevant du MEFP ou d’autres
ministères, soutiennent des projets d’auto-emploi. Il ne s’agit pas d’une liste exhaustive mais
d’une liste aussi complète que possible au vu du suivi approximatif fait par les agences
d’exécution impliquées. Cela dit, les dispositifs présentés ici sont représentatifs du genre de
projets et programmes mis en œuvre au Mali, ce qui permet de dégager un certain nombre de
traits marquants.
Le premier trait concerne le nombre relativement élevé de projets. La plupart se traduisent,
cependant, par un nombre limité d’emplois créés. Le deuxième trait marquant concerne le
nombre important d’intervenants dans la mise en œuvre des programmes d’appui à l’auto-
emploi, souvent avec des dispositifs proches au niveau du contenu. Le troisième trait
marquant concerne la sous-représentation des femmes dans la majeure partie des projets et des
emplois crées, à l’exception des projets du PNA/ERP et à un degré moindre du FARE. Le
quatrième trait marquant concerne la concentration géographique des projets. La majeure
partie des projets d’auto-emploi, ayant reçu l’appui d’une agence officielle, sont situés dans le
district de Bamako, ici aussi à l’exception notable des projets du PNA/ERP et du FARE en
2014. Cependant, une déconcentration est en cours pour les projets soutenus par l’ANPE,
comme pour ceux soutenus par l’APEJ. Un cinquième trait marquant concerne la répartition
sectorielle des projets avec la domination du secteur des services et, dans une proportion
moindre, de l’agriculture. Cela reflète bien sûr la répartition des projets dans l’espace (voir le
trait précédent) mais aussi la structure de l’économie malienne. Un sixième trait marquant
concerne le contenu des dispositifs. Dans la majeure partie des cas, il s’agit d’une aide
financière (subvention ou crédit bancaire avec garantie de l’agence d’exécution) accordée à de
petits ou micro entrepreneurs pour la mise en place de leur projet. Les kits apportent en plus
d’une aide financière (fonds de roulement) une aide à l’acquisition de moyens de production.
L’APEJ a aussi dans la région de l’Office du Niger un appui à l’accès à des terres irriguées
pour un nombre limité d’agriculteurs. La majeure partie des projets qui bénéficient
d’emprunts se caractérisent par des taux de remboursement très faibles13.
13 Selon le dernier rapport d’activités de l’APEJ, le taux de remboursement des projets de l’APEJ pour
les jeunes est de seulement 4 % (APEJ (2015), p. 21). L’ANPE estime le taux de remboursement des
projets financés par l’ANPE entre 12 et 20 % (Le Tjikan, 4 avril 2014). Les taux de remboursement
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4.3 Les travaux HIMO et autres travaux publics
Les activités HIMO sont des travaux d’utilité collective entrepris pendant un temps limité en
échange d’une rémunération, qui est généralement inférieure à celle prévalant sur le marché
du travail. Un trait caractéristique de ces activités est qu’elles privilégient les méthodes de
production qui utilisent beaucoup de main-d’œuvre et peu de capital physique et d’intrants
importés. En milieu rural, le choix du calendrier des travaux est fait de manière à ne pas
concurrencer les activités agricoles. Un objectif central des activités HIMO est de combattre
la pauvreté par l’emploi. Elles constituent aussi l’exemple idéal de dispositif de la politique de
l’emploi mis en avant dans le CSCRP 2012-201714. L’impact sur la pauvreté dépend
essentiellement de deux aspects centraux des activités HIMO : 1) le ciblage et le nombre de
participants, 2) le genre d’actifs réalisés. L’impact du ciblage est immédiat, dès la mise en
œuvre des activités par la distribution de revenus, alors que l’impact des actifs créés prend du
temps à se concrétiser et va se traduire par une accélération de la croissance économique et
l’augmentation du nombre d’emplois mieux rémunérés dans le moyen et plus long termes.
Les travaux à haute intensité de main-d’œuvre existent au Mali depuis plus de vingt ans. Deux
étapes ont cependant marqué leur histoire : la création de l’AGETIPE en 1992 et la création
de l’APEJ en 2003. L’AGETIPE a été créé en 1992 pour atténuer les conséquences sur
l’emploi des programmes d’ajustement structurel. L’agence a bénéficié à sa naissance de
l’appui financier de la Banque Mondiale et des coopérations allemande et canadienne. La
création de l’AGETIPE est antérieure à la prise en compte de l’objectif de réduction de la
pauvreté dans la politique de développement économique, ce qui explique l’accent mis sur la
création d’emplois en milieu urbain. Ce ciblage sur les zones urbaines n’est pas propre à
l’AGETIPE, en ce qu’on le retrouve dans la politique économique d’ensemble du Mali dans
les années 199015. Ce n’est en fait qu’au début des années 2000 que la réduction de la
pauvreté est devenue un objectif prioritaire de la politique économique, avec comme
conséquence la création d’une nouvelle agence, l’AGETIER (Agence d’Exécution des
Travaux d’Infrastructures et d’Equipement Ruraux) dont les activités sont concentrées dans le
des projets du FARE sont plus élevés, mais varient de manière significative d’une année à l’autre (voir
par exemple FARE (2014), p. 15, et FARE (2015), p. 15).
14 Voir l’objectif spécifique 6 dans le CSCRP 2012-2017 (République du Mali (2011), p. 57-58.
15 Voir par exemple Bourdet (2002).
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monde rural, où vivent environ 90 % des pauvres. Le siège de l’AGETIER est situé à Ségou,
mais ses activités couvrent l’ensemble du territoire malien16. L’AGETIPE et l’AGETIER
agissent comme entrepreneur et maître d’ouvrage. Une troisième agence, l’AGEROUTE, en
charge des travaux d’entretien routier a été créée en 2004. L’AGEROUTE, comme
l’AGETIPE, est sous la tutelle administrative du Ministère de l’Equipement, des Transports et
du Désenclavement, alors que l’AGETIER est sous celle du Ministère du Développement
Rural.
Tableau 6 : Activités, ressources et performance de l’AGETIPE et de l’AGETIER a)
__________________________________________________________________________________________________________
AGETIPE AGETIER
_________________________________________________________________________________________________________________________________
Fonds mobilisés /
Moyenne annuelle 20 261 millions FCFA 24 184 millions FCFA
Financement
Part des bailleurs étrangers 61 % 76 %
(dont bailleurs bilatéraux) (20 %) (20 %)
Rémunération de l’agence 3 à 5 % 4,7 %
Types de travaux Infrastructures routières Aménagement de voies et pistes
Construction de marchés Infrastructures scolaires
Construction d’abattoirs Construction de points d’eau
Infrastructures scolaires Construction de digues, barrages,
Construction de centres de santé puits et périmètres irrigués
Aménagements d’espaces publics Construction d’ouvrages d’art
Construction d’ouvrages d’art Construction et réhabilitation de
Maçonnage de caniveaux centres de santé en milieu rural
Nombre annuel moyen
de contrats de travaux 230 90
Nombre annuel moyen de
contrats de consultants 182 71
Nombre annuel moyen
d’emplois créés b) 7 087 6 059
__________________________________________________________________________________________________________
Notes : a) Les indicateurs sur les moyennes annuelles sont calculés à partir des totaux cumulés des ressources
mobilisées entre les dates de création des agences, 1992 pour l’AGETIPE et 2001 pour l’AGETIER, et 2008. b)
Le nombre annuel moyen d’emplois créés est estimé en divisant la masse salariale distribuée par le salaire
minimum officiel (SMIG mensuel x 12 mois) en 2010. La moyenne pour l’AGETIPE est calculée sur la période
1993-2008 (les ressources mobilisées cumulées allant du 1er octobre 1992 au 31 décembre 2008). La moyenne
pour l’AGETIER est calculée sur la période 2002-2008, 2001 étant l’année de création de l’agence.
Source des informations : AGETIPE et AGETIER.
16 L’AGETIPE et l’AGETIER disposent de sites, www.agetipe.org et www.agetier.com. Les
informations concernant les activités des deux agences ne sont malheureusement que très rarement
mises à jour.
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Le tableau 6 résume le genre d’activités, les fonds mobilisés et certains indicateurs de
performance des deux agences. Le genre d’activités reflète le ciblage des agences sur les
milieux urbain et rural, avec des recoupements pour ce qui est des infrastructures scolaires et
de santé. Les fonds mobilisés annuellement sont du même ordre de grandeur pour les deux
agences. La majeure partie du financement des activités vient de l’aide au développement, 61
% pour l’AGETIPE contre 76 % pour l’AGETIER. Les priorités des partenaires au
développement en faveur du développement rural expliquent probablement la plus grande part
de financement externe pour l’AGETIER. Les bailleurs multilatéraux (Banque Mondiale,
Union Européenne, BAD, etc.) constituent la plus grande partie du financement externe.
L’aide bilatérale ne couvre que le cinquième des ressources des deux agences. A fonds égal,
l’AGETIPE a recours à un nombre beaucoup plus important de contrats de travaux et de
contrats de consultants, ce qui probablement reflète le fait que les travaux mis en œuvre par
l’AGETIPE sont de nature différente et de plus petite taille que ceux mis en œuvre par
l’AGETIER. Une question importante concerne l’impact sur l’emploi des activités des deux
agences. Nos estimations suggèrent que l’impact annuel est proche, environ 7 000 emplois
pour l’AGETIPE contre 6 000 emplois pour l’AGETIER.
Il existe d’autres sortes de travaux publics financés par les partenaires au développement. Le
plus souvent ce sont des travaux qui s’inspirent de l’approche HIMO et sont mis en œuvre par
des partenaires bilatéraux en collaboration avec les autorités locales. Un exemple concerne le
PASAM (Programme d’Appui au Secteur Agricole au Mali) et qui a couvert la période 2008-
201217. Le programme, financé par le Danemark, contenait à l’origine un fort volet HIMO (la
composante B). En effet, 37 % des fonds alloués au PASAM (soit 4,8 milliards de FCFA)
étaient destinés au développement d’infrastructures rurales (aménagement de marchés,
réhabilitation de pistes, construction de barrages ou d’embarcadères, etc.) principalement dans
la région de Mopti. Les résultats du PASAM ont été en deçà des objectifs fixés initialement et
un nouveau programme, le PACEPEP, lui a succédé. Un autre exemple concerne le projet de
création d’emploi par des travaux HIMO, en particulier dans le nord du Mali. Ce projet a
commencé en juillet 2013 et a pris fin au printemps 2014. Le projet a bénéficié d’un
financement de 6,5 milliards de FCFA de l’Union Européenne à travers un appui budgétaire
sectoriel. Le projet a été mis en œuvre par l’AGEROUTE, l’agence en charge de l’entretien
17 Pour une présentation du PASAM, voir Ministère de l’Agriculture (2007).
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routier. Selon les estimations initiales, entre 4 500 et 6 000 emplois équivalents annuels ont
été créés par le projet. Il n’existe malheureusement aucune évaluation ex post du projet.
Les travaux HIMO de l’APEJ
L’APEJ a été créée en 2003 mais ce n’est qu’en 2004 qu’elle a commencé ses activités.
L’APEJ est en charge du Programme Emploi Jeunes (PEJ) qui couvre la tranche d’âge des 15-
40 ans. Le premier PEJ (2006-2010) avait trois objectifs principaux, 1) améliorer
l’employabilité des jeunes par l’intermédiaire de stages, apprentissage, etc., 2) encourager
l’auto-emploi en formant les jeunes à l’entreprenariat et en facilitant l’accès aux facteurs de
production (terre et crédit), 3) aider à la création d’emploi par l’intermédiaire d’activité
HIMO, en milieu rural et urbain. Un peu moins du tiers (27 %) des fonds alloués au PEJ I (18
milliards de FCFA) était réservé aux HIMO. Un deuxième PEJ (PEJ II) a été adopté par le
gouvernement pour la période 2011-2015. Pas moins de 38,5 milliards de FCFA étaient
prévus pour son financement. Les travaux HIMO et l’emploi rural n’y apparaissent plus
comme objectif spécifique « mais comme une dimension transversale, ce qui permet de les
prendre en charge dans toutes les activités prévues dans le programme » (Ministère de
l’Emploi et de la Formation Professionnelle (2010), p. 19).
Le tableau 7 résume les projets HIMO entrepris par l’APEJ depuis 2010 et pour lesquels il
existe des informations dans les rapports d’activités annuels de l’APEJ18. Plusieurs constats
peuvent être faits. Le premier concerne le nombre limité d’emplois créés, 190 emplois
annuels, surtout quand ce chiffre est comparé aux emplois créés annuellement par l’AGETIPE
et l’AGETIER. Ce nombre est stable dans le temps (entre le PEJ I et le PEJ II, voir l’annexe
1)), ce qui suggère l’existence d’obstacles structurels à l’expansion des travaux HIMO. Selon
l’APEJ, c’est la procédure de passation des marchés publics, mal adaptée à l’approche HIMO,
qui constitue le frein principal au développement des chantiers HIMO de l’APEJ19.
18 Les travaux HIMO du premier PEJ ont bénéficié de l’appui du Projet d’Insertion des Jeunes dans la
vie Professionnelle à travers les Investissements à Haute Intensité de Main d’œuvre (PEJIMO). Le
projet a permis d’améliorer la sélection des projets, la formation des petites entreprises de BTP et le
développement des compétences en approche HIMO. Il a aussi permis un bon suivi des travaux HIMO
de l’APEJ (voir l’annexe 1). Depuis la fin du PEJIMO, la mise en œuvre des travaux HIMO de l’APEJ
n’est plus documentée et suivie aussi méticuleusement, ce qui rend plus difficile leur évaluation.
19 Voir APEJ (2014b), p. 18. Les agences spécialisées, comme l’AGETIPE et l’AGETIER, bénéficient
d’une dérogation dans le mode de passation des marchés publics qui leur permet d’agir plus
rapidement que l’APEJ.
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Tableau 7 : Projets HIMO de l’APEJ, 2010-2014
________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Chantiers Année d’exécution Nombre d’emplois annuels a) Nombre de jeunes formés
________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Parc zoologique à Bamako 2010 94 200
Pavage et dallage du marché central de Kati 2010 76 154
Rues dans la commune de Mopti 2011 68 80
Piste de Digani Kaladanga (commune de Diganibougou) 2011 47 57
Piste rurale de Djanweli 2011 17 80
Piste rurale de Komo 2011 6 80
Aménagement des périmètres maraîchers de Gounzounerye 2011-2012 3 20
Pavage de rue à Bandiagara 2011 19 103
Pavage de rue du Mobasso à Sikasso 2011 2 20
Pavage de rue 158 de Wayerma à Sikasso 2011 1 -
Pavage de rue du Marché à Nioro du Sahel 2012 8 40
Pavage de rue à Somankidy (Kayes) 2012 24 30
Pavage de rue à Kayes 2012 15 125
Aménagement de la plaine de Banikane Narhawa (Tombouctou) 2012 7 60
Ecole du casier rizicole de Siengo (Ségou) 2011-2012 55 100
Projets 2013 2013 137 492
Pavage de rues d’accès au marché DIBIDA
Réhabilitation de la piste rurale de Farakala (Sikasso)
Aménagement de la mare de Bla (Ségou)
Enrichissement de la forêt classée de Tienfala (Koulikoro)
Aménagement de la plaine de Syn / Djenné (Mopti)
Aménagement de 120 ha dans le casier rizicole Siengo (Ségou)
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Programme d’intervention d’urgence au Nord 2014 249 -
Curage de caniveaux dans le district de Bamako 2014 35 -
Curage de caniveaux dans la ville de Bougouni 2014 5 -
Enrichissement de 60 ha dans la forêt de Tienfala 2014 9 75
Aménagement du périmètre maraîcher de Ménamba II 2014 8 20
Pavage de rues d’accès au marché DIBIDA à Bamako 2014 61 168
Aménagement de la mare de Kaouka (région de Kayes) 2014 4 16
Total 2010-2014 950 1 920
Moyenne annuelle 190 384
________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Note : a) Le nombre d’emplois annuels est estimé en divisant le nombre de journées de travail par 220 (20 jours ouvrables sur 11 mois).
Sources des informations : APEJ (2011), (2012), (2013), (2014a) et (2015).
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Le deuxième constat concerne le nombre relativement important de jeunes formés dans le
cadre des projets HIMO (384 en moyenne annuelle). Pour la plupart, il s’agit de formation de
tailleurs de pierre et de poseurs de pavé. Le troisième constat concerne la concentration des
travaux sur le pavage des rues et la construction de pistes rurales, avec une diversification en
cours. Le quatrième constat concerne la diversification dans l’espace en cours, avec la
majorité des travaux entrepris récemment en dehors des régions de prédilection de l’APEJ, les
régions de Bamako et de Ségou. Le cinquième constat concerne l’importance du Programme
d’intervention d’urgence du Nord en 2014. Ce programme recouvre le genre d’activités
courantes dans les travaux HIMO, comme le désensablement des chaussées, le curage des
caniveaux, le ramassage des ordures, le bouchage des nids de poule et le balayage des voies
publiques.
4.4 Dispositifs de formation professionnelle
Le besoin d’adapter les qualifications et les compétences de la main-d’œuvre à la demande
des entreprises et autres acteurs économiques est la principale raison d’être des dispositifs de
formation de la politique de l’emploi. Ce besoin concerne aussi bien le secteur formel que le
secteur informel. Plus le degré d’adéquation entre les compétences et qualifications de la
main-d’œuvre et celles demandées sur le marché du travail est faible plus le besoin de
formation est fort. L’existence d’un chômage structurel important est souvent considérée
comme une indication de cette mauvaise adéquation entre l’offre et la demande de travail. Il y
a une relation étroite entre les qualifications acquises dans le système de formation initiale
(type, niveau et qualité) et le besoin de dispositifs de formation dans le cadre de la politique
de l’emploi. Les périodes de forte croissance et de diversification économique sont
généralement associées à des changements dans les compétences et qualifications demandées
sur le marché du travail. L’adaptation continue du système de formation initiale est nécessaire
pour répondre à ces changements et ainsi améliorer l’employabilité des sortants du système
éducatif. A contrario, le manque d’adaptation, ou une adaptation lente et imparfaite, du
système de formation initiale va se traduire par une demande accrue de dispositifs de
formation de la politique de l’emploi. Ces dispositifs servent souvent à combler le déficit
d’adaptation du système de formation initiale. Ils contribuent ainsi à améliorer les
compétences et qualifications des participants et à augmenter leurs chances d’obtenir un
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travail mieux rémunéré. Au niveau macroéconomique, ces dispositifs permettent d’éviter des
pénuries de main-d’œuvre qualifiée dans certains métiers et branches d’activités. Le rôle
palliatif de la politique de l’emploi ne peut être qu’imparfait en raison des ressources limitées
dont elle dispose et ne doit être que temporaire.
Le Mali connait des taux de chômage élevés pour les sortants du système secondaire
d’enseignement technique et professionnel. Selon les données de l’EMOP (tableau 1), le taux
de chômage des sortants de l’enseignement technique et professionnel (CAP et BT) s’élevait à
18 % en 2004, contre un taux de chômage moyen de 8 % pour le Mali. Ce taux élevé indique
l’existence d’une mauvaise adéquation entre les compétences et qualifications acquises dans
le système de formation technique et professionnelle initiale, et celles demandées sur le
marché du travail. Seule une proportion limitée des jeunes ont accès aux filières techniques et
professionnelles de l’enseignement secondaire. En 2008-2009, seulement 6,6 % des jeunes de
16-18 ans suivaient un tel cursus d’enseignement (5 % suivaient une formation pour
l’obtention d’un brevet de technicien (BT) et 1,4 % une formation menant à un certificat
d’aptitude professionnelle (CAP)). La grande majorité de ces formations sont dispensées dans
des écoles privées (environ 80 % des effectifs scolarisés). La majorité des élèves de CAP
suivent des formations tertiaires. Les jeunes filles sont surreprésentées dans ces formations20.
Les faiblesses de l’enseignement technique et professionnel constituent un sujet de
préoccupation au Mali. Son coût supérieur à celui des pays à niveau de développement
équivalent21, la mauvaise adéquation des compétences obtenues dans l’enseignement
technique et professionnel aux besoins des entreprises et autres employeurs, la trop grande
place donnée aux formations préparant à des métiers dans le secteur tertiaire, la faible
importance de la filière agricole malgré la place dominante de l’agriculture dans l’économie,
des contenus de formation souvent obsolètes et une structure d’incitations pour les écoles
privées qui ne va pas dans le sens des compétences demandées sur le marché du travail sont
les critiques le plus souvent avancées22. Il est bon d’ajouter que les faiblesses de
l’enseignement technique et professionnel ne sont pas le seul résultat des facteurs propres à
20 Pour une analyse plus approfondie, voir Bourdet, Dabitao et Dembélé (2012), p. 71-76.
21 Banque Mondiale (2010), p. 22-24.
22 Voir par exemple Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (2011), p. 55-59,
Ministère de l’Education, de l’Alphabétisation et des Langues Nationales (2011), et Banque Mondiale
(2009).
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cette filière d’enseignement. Elles reflètent aussi les faibles acquis de connaissance dans
l’école fondamentale, qui rendent plus problématique l’acquisition de compétences techniques
et professionnelles dans le secondaire23.
Le gouvernement malien a adopté une Politique Nationale de la Formation Professionnelle
(PNFP) en juillet 2009 et son plan d’actions pour 2015-2017, le Programme Décennal de
Développement de la Formation Professionnelle pour l’Emploi (PRODEFPE)24. La PNFP
relève du Ministère de l’Emploi, de la Formation Professionnelle, de la Jeunesse et de la
Construction Citoyenne (MEFPJCC). Le tableau 8 résume le genre de dispositifs de formation
professionnelle mis en œuvre dans le cadre de la PNFP. Ces dispositifs diffèrent en termes de
contenu, de coûts et de ciblage et sont sous la responsabilité d’agences d’exécution
différentes. Un premier constat concerne l’importance du nombre de participants aux
dispositifs de formation, soit plus de 22 000 en 2014. Rapporté au nombre de chômeurs ou au
nombre d’actifs occupés (tels qu’estimés par l’EMOP), ce nombre est toutefois relativement
faible, 5 % des chômeurs et 0,4 % des actifs occupés. Un deuxième constat concerne le rôle
dominant des dispositifs du FAFPA, 59 % du nombre total de participants. Un troisième
constat concerne la répartition des participants aux dispositifs de formation du FAFPA entre
secteur privé moderne (formel) et secteur non structuré (informel), 40 % et 60 %,
respectivement. Le secteur moderne est surreprésenté dans les dispositifs de formation du
FAFPA, l’emploi formel privé ne représentant que 4 % des actifs occupés au Mali. La
répartition des participants entre les secteurs d’activités informelles semble mieux refléter la
répartition des activités informelles avec plus des deux tiers des participants ayant bénéficié
de dispositifs de formation aux métiers du monde rural. Le tableau 8 indique que le coût de
formation par participant (du FAFPA) est beaucoup plus élevé pour les formations du secteur
moderne que pour celles du secteur informel. Il n’existe malheureusement pas d’information
sur les coûts des formations assurées par l’ANPE et l’APEJ. Un quatrième constat concerne
l’importance des stages de formation dans les services publics (anciennement dénommé
volontariat) et des modules légers de sensibilisation à l’entreprenariat parmi les dispositifs de
formation de l’APEJ (82 % du nombre total de participants). Enfin, un dernier constat
concerne les fortes variations dans la participation des femmes aux formations du FAFPA,
minoritaires dans le secteur moderne et majoritaires dans le secteur informel.
23 Bourdet, Dabitao et Dembélé (2012), pp. 58-61, et Filmer et Fox (2014), p. 76-77.
24 Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (2009).
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Tableau 8 : Dispositifs de formation et qualification, 2014 (2013 pour l’ANPE).
____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Structure Programme Nombre de participants (% de femmes) Coût par participant a)
_______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
FAFPA Formation secteur moderne 5 262 10 364 000 FCFA
dont : BTP/Mines 1 411 5 399 000 FCFA
Industries 1 549 8 309 000 FCFA
Services 2 217 15 383 000 FCFA
Formation secteur informel 8 045 59 114 000 FCFA
dont : Monde rural 5 317 59 115 000 FCFA
Artisanat 1 198 90 108 000 FCFA
Tertiaire 1 530 35 113 000 FCFA
Apprentis / Stage type dual 4 642 46 135 000 FCFA
ANPE Centre de perfectionnement / reconversion 526 - -
Formation en faveur du monde rural 50 - -
Formation en informatique 930 - -
Formation à la carte (anglais, Excel) 16 - -
Stages de qualification 35 - -
Formation par apprentissage de type dual 9 - -
APEJ Stages de qualification en entreprise 67 45 -
Stages de formation dans les services publics b) 4 547 52 -
Formation en technique HIMO 162 - -
Formation en technique de maraîchage et production de plants 42 - -
Formation en création et gestion d’entreprise 580 - -
Sensibilisation à l’entreprenariat 1 585 - -
Formation en gestion simplifiée et formation/incubation 486 - -
PNA/ERP Formation en permis de conduite 141 - -
Formation de puisatiers 5 - -
Total 22 488 - -
____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Notes : a) Le coût est calculé en divisant le coût total du programme par le nombre de participants. Coûts en FCFA arrondis au millier. b) Service public et assimilés.
Sources : FAFPA, ANPE (2014), APEJ (2015) et DNA/ERP (2015).
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Les projets d’appui des PTF
Un domaine privilégié d’intervention des partenaires techniques et financiers concerne la
formation technique et professionnelle. Le tableau 9 résume les programmes en cours financés
par les partenaires au développement. La majorité des programmes concernent des formations
ou des modules de formation professionnelle postscolaires. Les jeunes ruraux, les jeunes
déscolarisés et les femmes sont des cibles privilégiées des programmes en cours. Il y a aussi
un ciblage géographique avec les régions de Ségou, Sikasso, Koulikoro et Kayes
surreprésentées parmi les régions ciblées. Le faible ciblage sur la région de Bamako traduit
probablement le fait que c’est dans cette région que l’enseignement technique et professionnel
sur fonds nationaux y est le plus développé. C’est aussi dans cette région que les programmes
et les dispositifs de formation du FAFPA et de l’ANPE y sont le plus présents. Les régions du
nord de Gao et Kidal sont fortement sous-représentés dans les programmes des partenaires au
développement.
Les fonds investis dans les programmes de formation professionnelle sont très importants. Le
coût des programmes résumés dans le tableau 9 s’élève à quelques 141 milliards de FCFA25.
Pour se faire une idée de l’importance quantitative des programmes, nous avons estimé le
nombre de participants aux travaux publics que les coûts des dits programmes pourraient
financer (en supposant que les travaux publics soient rémunérés au niveau du SMIG). Notre
estimation de ce coût d’opportunité suggère qu’environ 75 000 emplois de travaux publics
sont finançables chaque année par les sommes allouées aux programmes de formation
professionnelle des PTF. Ce chiffre est bien sûr approximatif car il ne prend pas en compte les
coûts des intrants ainsi que les coûts d’administration, de mise en œuvre et de suivi des
travaux publics.
Le tableau 9 résume le contenu de trois nouveaux projets ayant débuté récemment (PROCEJ,
FIER et PACEP). Plusieurs constats peuvent être faits. Le premier constat concerne leur
importance quantitative, environ 85 milliards de FCFA, soit environ 60 % du montant total
25 Nous n’avons pas inclus dans le tableau 9 le Programme néerlandais de Développement des
Capacités dans l’Enseignement Post-Secondaire (NICHE) car il ne couvre pas la seule formation
professionnelle. Le domaine 1 du NICHE « Gouvernance Enseignement post secondaire » bénéficie
d’une enveloppe de 3 millions d’euros, soit un peu moins de 2 milliards de FCFA, pour la période
2013-2017.
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des projets listés dans le tableau 9. Rapporté au nombre de travailleurs à l’année, payés au
SMIG, que les fonds pourraient financer (le coût d’opportunité dans les tableaux 9), les
nouveaux programmes sont aussi nettement plus importants, quelques 41 000 emplois par an.
Un deuxième constat concerne la répartition géographique des nouveaux programmes. Ils
couvrent plus les régions du Nord et le monde rural en général. Le troisième constat concerne
le contenu même des nouveaux programmes. Le FIER concentre ses activités sur le monde
rural et l’insertion professionnelle des jeunes ruraux. Le projet privilégie l’appui à l’auto-
emploi et l’aide aux micros, petites et moyennes entreprises en milieu rural. L’objectif est que
ces dernières contribuent plus à la création d’emplois, à l’accroissement des revenus et au
développement rural. Les deux autres programmes, le PACEPEP et le PROCEJ, mettent
l’accent sur la compétitivité du secteur privé. En effet, le PACEPEP et le PROCEJ consacrent
42 % et 28 %, respectivement, du budget total du projet au renforcement de la compétitivité
du secteur privé. C’est indéniablement un aspect novateur dans le cas du Mali. L’objectif est
d’augmenter la demande de travail plus qualifié et les revenus de ce travail. Sur les autres
composantes, les deux programmes diffèrent toutefois. Le PACEPEP consacre 37 % au
développement et à l’amélioration des infrastructures (de préférence en s’inspirant de
l’approche HIMO), alors que le PROCEJ consacre 50 % à la formation professionnelle. Un
aspect intéressant du PROCEJ est que 22 % du budget de la formation sont destinés à
l’amélioration de l’enseignement technique et professionnel traditionnel (formation
diplômante), dans les établissements publics et privés, et 28 % à l’appui à la formation
professionnelle post scolaire (qualifiante). L’apprentissage est privilégié pour ce dernier volet.
Le reste du budget des deux programmes est consacré au renforcement des capacités et à la
gestion (y compris le suivi) des projets. Une autre différence notable entre le PACEPEP et le
PROCEJ concerne leur ancrage institutionnel. Le PROCEJ est géré (et suivi-évalué) par une
Unité de Coordination placée sous la responsabilité d’un Comité de Pilotage. Le MEFP et les
agences d’exécution du ministère (FAFPA, APEJ, FARE, etc.) seront les maîtres d’œuvre du
projet. Le MEFP assure aussi la tutelle du FIER. Le PACEPEP est piloté par le Conseil
National du Patronat Malien (CNPM) pour ce qui est de l’appui au secteur privé, l’AGETIER
et la Direction Nationale du Génie Rural pour le volet infrastructure, et la coopération suisse
pour le volet formation professionnelle. Ces différences entre le PACEPEP et le PROCEJ
devraient permettre de mieux apprécier l’impact du cadre institutionnel de mise en œuvre et
de suivi sur l’atteinte des objectifs d’appui au secteur privé des deux projets.
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Tableau 9 : Programmes en cours de formation professionnelle des PTF.
________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Pays / Organisation Objectifs Régions Période Coût en Coût
Programme d’intervention millions d’opportunité a)
de FCFA
________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
1. Suisse Amélioration Sikasso, Mopti 2012-2015 4 580 3 180
PAFP 3 b) de l’employabilité Tombouctou
2. Pays-Bas Amélioration formation Bassin du Niger 2013-2015 4 001 3 705
FIBANI c) et insertion agricole et rurale Koulikoro, Ségou
3. Etats-Unis Formation jeunes ruraux Sikasso, Koulikoro 2010-2015 14 493 6 710
PAJE-Nièta d) Kayes, Tombouctou
4. Etats-Unis Formation / insertion Sikasso, Kayes 2012-2015 14 493 10 065
PAJE-Nièta e) jeunes déscolarisés Tombouctou
5. Luxembourg Appui à la formation Ségou 2008-2014 10 384 4 121
PAFIP f) professionnelle des jeunes Sikasso (cercle
et des femmes de Yorosso)
6. France Appui à la formation Ségou 2013-2018 5 904 2 733
ACEFOR g) professionnelle qualifiante Sikasso
8. PNUD et UNFPA Stabilisation des revenus des jeunes Mopti, Douentza 2014-2015 2 517 3 496
Jeunesse et résilience Revitalisation de l’économie Gao, Tombouctou
Appui aux micro-entreprises Bamako (communes
Appui aux collectivités locales III et VI)
9. FIDA h) Formation professionnelle Monde rural, dans un 2014-2022 26 550 9 219
FIER Insertion des jeunes ruraux premier temps les régions
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Appui à l’entreprenariat de Sikasso et Koulikoro
10. Danemark i) Compétitivité du secteur privé Ségou, Mopti 2013-2018 26 400 14 667
PACEPEP Infrastructures économiques Sikasso, Bamako
Formation professionnelle Tombouctou
11. Banque Mondiale j) Employabilité des jeunes, Ensemble du pays 2014-2019 31 500 17 500
PROCEJ Promotion de l’auto-emploi
Appui aux micros, petites et
moyennes entreprises
Total 140 822 75 396
________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Notes : a) Le coût d’opportunité est ici défini comme le nombre annuel de participants à des travaux publics, payés au SMIG, que le coût annuel du projet permet de financer.
b) Programme d’Appui à la Formation Professionnelle. c) Formation et Insertion dans le Bassin du Niger. d) Projet d’appui aux jeunes entrepreneurs. e) Projet d’appui aux
jeunes déscolarisés. f) Programme d’Appui à la Formation et à l’Insertion Professionnelles. g) Appui à la Compétitivité des Entreprises par la Formation. h) Formation
professionnelle, insertion et appui à l’entreprenariat des jeunes ruraux. i) Programme d’Appui à la Croissance Economique et Promotion de l’Emploi stimulées par le Secteur
Privé du Mali. j) Projet de développement des compétences et promotion de l’Emploi Jeune.
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5. Un impact incertain sur l’emploi
L’impact de la politique de l’emploi dépend de la situation de l’emploi initiale et de la
situation économique d’ensemble (croissance, structure économique, etc.). Il dépend aussi des
fonds alloués à la politique de l’emploi, des dispositifs qui la composent, de leur répartition
dans l’espace, de leur ciblage, de leur mise en œuvre et surtout de leur efficacité dans l’aide
qu’ils apportent aux participants dans l’accès à l’emploi et des revenus du travail plus élevés.
Des moyens financiers conséquents sont consacrés à la politique de l’emploi au Mali. Une
manière de se faire une idée de l’importance quantitative des moyens est d’additionner la
dotation au ministère en charge de l’emploi et de la formation professionnelle (le MEFPJCC)
aux différentes taxes prélevées pour le financement de la formation professionnelle (Taxe de
la Formation Professionnelle), de l’emploi jeune (Taxe Emploi Jeune) et la taxe assurant le
financement de l’ANPE. Ensemble la dotation au ministère (hors projets PROCEJ et FIER) et
les différentes taxes s’élèvent à plus de 16 milliards de FCFA26. A cette somme il faut ajouter
les dotations extraordinaires suite à la privatisation de la SOTELMA et à l’allègement de la
dette extérieure du Mali dans le cadre de l’initiative PPTE.
Pour se faire une idée de la « puissance de feu » des sommes consacrées à l’emploi, on peut
calculer le nombre d’emplois payés au SMIG que ces sommes pourraient hypothétiquement
financer. Hors dotations extraordinaires, les 16 milliards de FCFA pourraient financer
quelques 45 000 emplois annuels. A cela il faudrait ajouter, les emplois potentiellement
finançables par les projets des PTF ainsi que les emplois financés par les agences de travaux
publics sous la tutelle d’autres ministères que le MEFPJCC (AGETIPE, AGETIER et
AGEROUTE). Comme estimé ci-dessus (tableau 9), les sommes consacrées aux projets des
partenaires au développement dans le domaine de la formation professionnelle pourraient
financer quelques 75 000 emplois annuels, payés au niveau du SMIG. Ensemble, et hors
agences de travaux publics, c’est aussi quelques 120 000 emplois que les fonds alloués à
l’emploi peuvent hypothétiquement financer. Pour se faire une idée de l’importance de ce
chiffre, il suffit d’indiquer qu’il est supérieur au nombre d’emplois dans l’administration
publique (115 745 selon l’EMOP 2014).
26 Voir Bourdet et Doumbia (2015), p. 26-28.
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Graphique 1 : Flux de main-d’œuvre (15-64 ans) et politique de l’emploi au Mali
En dehors de la population active
2 170 797
En formation
Chômeurs
découragés
Autres
Actifs occupés
5 494 274
Secteur informel
5 137 146
Secteur formel
357 128
: Flux influencés par la politique de l’emploi
Note : a) Seuls sont comptabilisés dans la catégorie des chômeurs BIT, les personnes sans emploi
pendant la période de référence, prête à travailler immédiatement (dans un délai de moins de 15 jours)
et recherchant activement un emploi.
Source des données : EMOP 2014 (troisième passage, octobre-décembre)
Chômeurs BIT a)
378 027
Chômeurs de
courte durée
Chômeurs de
longue durée
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40
La question qu’on doit se poser maintenant est en quoi l’impact des dispositifs sur l’emploi et
les revenus du travail est à la hauteur des sommes consacrées à l’emploi et la formation
professionnelle. Pour répondre à cette question il aurait fallu disposer d’études des différents
dispositifs qui évaluent l’impact du dispositif sur l’emploi ou une autre dimension de
l’emploi. De telles évaluations d’impact n’existent malheureusement pas au Mali27. Cela dit,
seule une approche plus qualitative peut permettre de se faire une idée de l’impact des
dispositifs. Un peu plus de 1 100 demandeurs d’emploi ont été placés par l’intermédiaire de
l’ANPE et des bureaux privés de placement en 2013 (tableau 4). La même année, les
dispositifs de promotion de l’auto-emploi et d’appui à l’entreprenariat ont concerné quelques
1 800 participants, emplois créés et bénéficiaires des dispositifs (tableau 5)28. Les travaux
HIMO de l’APEJ ont permis de former 384 jeunes et créé 190 emplois annuels au cours des
dernières années (tableau 7). Enfin, environ 22 500 personnes ont bénéficié de modules de
formation, le plus souvent de courte durée (inférieurs à un mois), au cours de l’année 2014
(voir le tableau 8). En comparaison des 45 000 emplois potentiellement finançables par les
fonds nationaux alloués à l’emploi, cela suggère un degré d’efficience relativement faible.
Trois raisons principales peuvent être avancées pour expliquer cette faible efficience, c’est-à-
dire l’importance des fonds alloués par rapport aux relativement maigres résultats en termes
du nombre de participants aux dispositifs de l’emploi. La première tient aux faiblesses du
cadre institutionnel de mise en œuvre de la politique de l’emploi : duplication des agences
d’exécution, chevauchement des missions et des programmes, manque de spécialisation,
insuffisante exploitation des économies d’échelle, mauvaise coopération entre les acteurs,
problèmes organisationnels à l’intérieur des agences, etc.29 La deuxième raison principale
tient au faible degré d’efficience des dispositifs pris individuellement, c’est-à-dire le coût
27 Les évaluations d'impact visent à évaluer les effets d’un dispositif en termes d'objectifs spécifiques
(accès à l’emploi, revenus futurs des participants, etc.). Elles essaient de répondre à des questions de
nature causale par comparaison explicite avec ce qui se serait passé en l’absence du dispositif. Ces
évaluations nécessitent la prise en compte de l’évaluation au stade même de la conception du
dispositif, par exemple par le choix aléatoire des participants.
28 L’impact réel sur l’emploi des dispositifs de promotion de l’auto-emploi et d’appui à l’entreprenariat
est difficile à apprécier. En effet, il est impossible pour tous les dispositifs listés dans le tableau 5 de
savoir ce qui se serait passé sans le dispositif. Il est probable que beaucoup des participants auraient
créé leur propre microentreprise, même en l’absence d’appui. C’est ce qu’on appelle un effet
d’aubaine. Seul un meilleur ciblage du dispositif, une supervision du projet du stade de l’élaboration à
celui de la mise en œuvre, et un meilleur suivi pourraient permettre de limiter ces effets d’aubaine.
29 Voir par exemple Bourdet et Doumbia (2015).
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élevé du dispositif par emploi aidé ou actif formé. La troisième raison, enfin, tient à une
combinaison des dispositifs qui n’est pas optimal au vu des défis de la situation de l’emploi au
Mali30.
Des canaux multiples et des effets différenciés
L’impact de la politique de l’emploi sur l’emploi passe par le biais de plusieurs canaux31. Cet
impact diffère selon le genre de dispositifs (formation, intermédiation, etc.) et le ciblage des
dispositifs sur des groupes particuliers (jeunes déscolarisés, jeunes diplômés, etc.). L’impact
diffère aussi en fonction de la période considérée (court, moyen ou long terme). Enfin,
l’impact dépend de la conjoncture économique, plus fort en période de forte croissance et plus
faible en période de faible croissance (ou de croissance négative), quand les participants aux
dispositifs de l’emploi se font concurrence à la sortie du dispositif. Les canaux d’impact de la
politique de l’emploi sont illustrés dans le Graphique 1. Le graphique utilise les données de
l’EMOP 2014 (troisième passage). Les canaux sont représentés par des flèches. L’épaisseur
des flèches indique l’importance quantitative de l’impact.
Les mesures d’appui à l’auto-emploi et aux micros et petites entreprises, les mesures de
formation professionnelle, les travaux HIMO ainsi que les mesures d’intermédiation aident
une partie des 15-64 ans «en dehors de la population active» à rejoindre les «actifs occupés».
Il s’agit des participants à des dispositifs de formation plus à même de s’établir sur le marché
du travail, une fois terminée une période de formation plus adaptée aux compétences
demandées sur le marché du travail. Les mesures comme les travaux HIMO vont permettre
une augmentation des actifs occupés ainsi qu’une diminution du sous-emploi, surtout en
milieu rural où l’emploi agricole domine. Les HIMO peuvent aussi permettre aux jeunes
formés aux métiers de tailleur de pierre et de poseur de pavés de s’insérer durablement.
L’impact positif des dispositifs de la politique de l’emploi sur le nombre d’actifs occupés est
probablement l’impact le plus important de la politique de l’emploi. Comme dans les autres
pays, il est probable que cet impact diffère de manière significative entre les dispositifs et les
30 Par exemple, au vu du déficit d’emplois dans le secteur privé suite à la crise sécuritaire, il devrait y
avoir beaucoup plus de travaux publics, HIMO ou autres, dans l’attente de la reprise économique. Les
travaux publics sont l’instrument privilégié dans les situations de post-conflit. Voir Gasarabwe et
Grégoire (2010), p. 459.
31 Pour une méta-évaluation récente des dispositifs de la politique active de l’emploi à partir de plus de
200 études économétriques d’évaluation, voir Card, Kluve et Weber (2015).
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populations ciblées, plus important pour les stages et les formations dans le secteur privé que
pour ceux dans le secteur public, moins important pour les microentreprises que pour les
entreprises plus grandes, plus important pour les jeunes que pour les plus de 35 ans, et moins
important pour les femmes que pour les hommes32. L’augmentation du taux d’emploi et la
diminution du sous-emploi devraient se traduire par une augmentation du PIB et de la
proportion d’actifs vivant au-dessus du seuil de pauvreté.
Certains des participants aux dispositifs ne vont pas accéder à un emploi, même s’ils vont
augmenter la population active (la flèche de droite dans le graphique 1). Ces actifs vont se
retrouver au chômage pour des périodes plus ou moins longues. La participation aux
dispositifs de l’emploi peut permettre aux chômeurs découragés de maintenir leurs
compétences professionnelles et de reprendre ensuite leur recherche active d’emploi, ce qui
leur permet de rejoindre la catégorie des chômeurs BIT.
Les quatre types de mesures, appui à l’auto-emploi, travaux publics, dispositifs de formation
adaptés aux besoins du marché du travail et intensification de l’intermédiation, peuvent
toutes, à des degrés divers, augmenter les chances des chômeurs participant à ces mesures de
rejoindre la catégorie des actifs occupés. Pour y arriver, il est important que le contenu des
dispositifs soit bien ciblé sur certaines catégories de chômeurs et bien adapté à leurs besoins
particuliers. Il est généralement admis que les mesures de formation et d’appui à l’auto-
emploi sont plus efficaces pour les jeunes demandeurs d’emploi33. C’est un résultat notable
dans le cas du Mali, où la majeure partie des chômeurs sont jeunes et à la recherche d’un
premier emploi (selon les données de l’EMOP 2014, 80 % des chômeurs déclarent n’avoir
jamais travaillé et deux chômeurs sur trois ont moins de 35 ans). Il est aussi admis que
l’impact de la participation aux travaux publics, HIMO ou autres, sur les chances de retrouver
un travail est faible, en raison de la faiblesse du volet formation et employabilité34. Les
dispositifs ciblés sur les chômeurs peuvent aussi permettre à des chômeurs de longue durée
d’interrompre des périodes longues de chômage, et ainsi de diminuer les risques qu’ils
32 Voir par exemple les études de Cho et Honorati (2014), Card, Kluve et Weber (2015), Grimm et
Paffhausen (2015), et McKenzie et Woodruff (2013).
33 Voir par exemple World Bank (2012), p. 269, et Cho et Honorati (2014), p. 124.
34 World Bank (2012), p. 270. L’absence de volet formation dans la grande majorité des programmes
de travaux publics en Afrique subsaharienne est confirmée par une étude s’appuyant sur un échantillon
de 167 programmes (McCord et Slater (2009), p. 8).
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tombent dans la catégorie des chômeurs découragés. La politique de l’emploi peut ainsi
changer la structure du chômage.
Les dispositifs de la politique de l’emploi peuvent aussi altérer la structure de l’emploi.
Comme illustré dans le graphique 1, le passage par des dispositifs de la politique de l’emploi,
comme un stage de formation ou la sensibilisation au système fiscal (qui est une formation
assurée par l’APEJ), va permettre à certains actifs du secteur informel de rejoindre des
entreprises du secteur formel (les entreprises ayant une comptabilité ou soumises à la
législation du travail). Cet effet est probablement faible au Mali où le secteur privé formel a
eu tendance à se contracter, en partie en raison de la crise qu’a traversée le pays au cours des
quatre dernières années. Il n’est pas possible à ce stade de dire si la formalisation de certaines
entreprises a eu un impact positif sur l’emploi dans ces entreprises35.
Il existe, enfin, un effet potentiellement important qui n’est pas illustré dans le graphique 1. Il
s’agit de l’impact des dispositifs de formation sur les compétences professionnelles, la
productivité du travail et les rémunérations futures des participants à ces dispositifs (des actifs
déjà occupés). Les modules et stages de formation sont les dispositifs les plus utilisés de la
politique de l’emploi au Mali. Cela concerne aussi bien les dispositifs utilisés par les agences
d’exécution sur fonds nationaux que ceux financés par les partenaires au développement. A ce
jour, il n’existe pas d’étude qui estime l’impact de la participation à un dispositif de formation
sur les rémunérations après la période de formation. Une estimation de cette prime à la
formation est nécessaire pour évaluer le dispositif, mais aussi pour comparer cette prime avec
le coût budgétaire du dispositif et voir ainsi si le dispositif est socialement désirable.
Malheureusement, ce genre d’analyse coût-avantage n’existe pas au Mali, ce qui rend difficile
l’arbitrage entre les mesures de formation, et entre les mesures de formation et les autres
dispositifs de la politique de l’emploi.
35 La plupart des études de l’impact de la formalisation sur l’emploi concluent à un impact faible
(Grimm et Paffhausen (2015), p. 77). Ces études portent majoritairement sur les pays d’Amérique
latine.
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6. Recommandations
Le Mali a adopté au mois de mars 2015 une nouvelle Politique Nationale de l’Emploi (PNE),
à laquelle a été adossé pour la période 2015-2017 un Plan d’Actions Opérationnel (PAO)36.
Cette adoption fait suite à l’adoption du plan d’actions de la politique nationale de formation
professionnelle, le PRODEFPE en décembre 201137. Ensemble ces deux plans d’actions
constituent le cadre de référence de la politique mise en œuvre par le ministère en charge de
l’emploi et de la formation professionnelle, le MEFPJCC. La question qu’on peut se poser
maintenant est bien sûr quelles sont les leçons qu’on peut tirer de la politique de l’emploi
suivie au cours des dernières années et comment les prendre en compte dans la nouvelle
politique, afin d’en assurer son succès en termes d’accès à l’emploi pour le plus grand nombre
et d’amélioration des revenus et des conditions de travail. La première Politique Nationale de
l’Emploi de 1998 n’a que très peu été mise en œuvre et il est important d’éviter le même sort
à la nouvelle politique38.
Trois conditions sont requises pour le succès de la nouvelle politique nationale de l’emploi.
La première concerne la mise en place d’un cadre institutionnel de mise en œuvre efficace.
Les agences d’exécution en charge des dispositifs de l’emploi ont pour la plupart été créées
avant l’adoption de la politique nationale de l’emploi et, pour certaines, avant même la
création du ministère en charge de l’emploi et de la formation professionnelle en 200239. Cela
s’est traduit par une répartition des tâches pas toujours bien claire, ce qui a été à l’origine de
problèmes de coordination entre les agences d’exécution, ainsi qu’entre le niveau central et
les agences d’exécution (déficit de cohérence horizontale et verticale). Pour améliorer la mise
en œuvre et l’efficacité de la politique de l’emploi ainsi que l’efficience des dispositifs, il est
36 Ce n’est que le 21 janvier 2015 que le Mali a formellement ratifié la Convention n0 122 de l’OIT,
datant de 1964, sur la politique de l’emploi. Le Conseil des Ministres a pendant sa session du 9
septembre 2015 adopté deux autres conventions de l’OIT, en rapport avec la politique de l’emploi, la
Convention n0 88 portant sur l’organisation du service de l’emploi et la Convention n0 181 portant sur
les agences d’emploi privées.
37 Le début de la mise en œuvre du PRODEFPE a été reporté à 2015 suite à la crise sécuritaire qu’a
connue le Mali.
38 Sur l’absence de mise en œuvre de la PNE de 1998, voir Camara, Fofana et Macalou (2011).
39 En fait, ce n’est qu’en mai 2004 que le MEFP a été érigé en ministère plein. Avant cela, et après sa
création en 2002, il ne s’agissait que d’un ministère délégué chargé de l’emploi et de la formation
professionnelle auprès du ministère du travail.
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crucial d’intégrer toutes les structures et agences dans un cadre institutionnel cohérent et
performant. Un travail de réforme institutionnel est en discussion au Mali40. Les dispositifs
des PTF jouent un rôle important dans la politique de l’emploi au Mali, en particulier dans le
domaine de la formation professionnelle. Cela étant, l’amélioration du cadre institutionnel se
doit d’être accompagné par un renforcement de la coopération entre les PTF et la partie
nationale en s’inspirant de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide (et de son
complément le Programme d’action d’Accra). Ces deux accords prônent 1) une meilleure
appropriation nationale avec un plus fort leadership national dans la coordination de l’aide, 2)
un plus grand alignement des PTF sur les objectifs nationaux, 3) une plus grande
harmonisation avec la simplification des procédures et le partage de l’information pour éviter
les doublons, 4) une plus grande obligation de résultats (et une redevabilité mutuelle), et 5) le
développement des capacités à même d’aider le pays concerné à mettre en place le cadre
institutionnel qui va lui permettre de gérer son propre futur.
La deuxième condition concerne la composition de la politique de l’emploi et le dosage des
dispositifs (policy-mix) le plus à même de répondre aux défis actuels de l’emploi au Mali. La
structure de l’économie malienne et la situation de post-conflit dans laquelle se trouve le Mali
se traduisent par une offre limitée d’emplois formels. C’est particulièrement évident hors de
Bamako et des autres centres urbains. En attendant une reprise de l’activité et une expansion
du secteur privé, il est important de garantir un revenu au plus grand nombre (en fonction des
contraintes budgétaires) tout en maintenant leurs compétences. Une augmentation des travaux
publics, activités HIMO ou autres, est l’instrument le plus approprié dans les circonstances
actuelles. Il est important de cibler ces interventions sur des infrastructures les plus à même de
soutenir la croissance de demain et sur les régions les plus touchées par la crise qu’a connue le
pays. La majeure partie des emplois au Mali sont des emplois informels, le plus souvent des
auto-emplois. Cela étant, il est crucial de développer les dispositifs de promotion de l’auto-
emploi et d’appui à l’entreprenariat. Pour tirer le plus de ces interventions, il est nécessaire
d’en améliorer l’efficacité, c’est-à-dire d’augmenter le nombre de bénéficiaires sur les fonds
alloués à l’auto-emploi par les agences d’exécution concernées (APEJ, ANPE, etc.). Il est
40 Voir Bourdet et Doumbia (2015). La mise en place d’un cadre institutionnel performant est une
étape indispensable du processus de formulation des politiques nationales de l’emploi (voir BIT
(2012)). Les expériences d’autres pays montrent que l’absence de cadre institutionnel de mise en
œuvre cohérent constitue un obstacle important à la mise en œuvre et au succès des politiques
nationales de l’emploi (voir par exemple Bourdet (2014) pour le cas du Burkina Faso).
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aussi nécessaire de réfléchir aux genres d’appui les plus à mêmes de réussir dans le court,
mais aussi le moyen et plus long terme. La politique de l’emploi actuelle, y compris les
interventions des partenaires au développement, privilégie les dispositifs de formation
professionnelle. A ce jour, il n’existe pas d’étude qui évalue l’impact de ces dispositifs sur les
revenus (actuels et futurs) des participants, ainsi que sur les chances de trouver ou retrouver
un emploi une fois la période de formation terminée. Cela étant, il serait bon de réfléchir à une
diminution du nombre de participants aux dispositifs de formation pour libérer des ressources
pour l’appui à l’auto-emploi et les travaux publics. Cette réflexion peut être accompagnée par
des actions en faveur du système de formation professionnelle initiale, dont les lacunes sont
connues des décideurs publics et des partenaires au développement. Le fort besoin de
dispositifs de formation professionnelle post scolaire s’explique en grande partie par ces
lacunes du système de formation initiale. Enfin, il est important d’intensifier l’intermédiation
sur le marché du travail malien, d’une part par une augmentation des ressources dévolues à
l’intermédiation à l’ANPE, mais aussi par l’appui au développement des agences privées de
placement (ce qui est l’objectif de la Convention n0 181 de l’OIT adoptée par le Mali le 9
septembre 2015).
La troisième condition requise pour le succès de la nouvelle politique concerne l’importance
d’un suivi effectif des dispositifs spécifiques et de leur évaluation systématique, afin d’en
améliorer le contenu et la mise en œuvre, mais aussi afin de faciliter le pilotage de la politique
de l’emploi par les autorités. A ce jour il n’existe pas d’évaluation, au sens strict, des
nombreux dispositifs d’emploi mis en œuvre au Mali41. Le gouvernement a créé un
Observatoire National de l’Emploi et de la Formation (ONEF) pour un meilleur suivi de
l’emploi et de la formation professionnelle. L’ONEF a été créé en décembre 2013 mais n’est
opérationnel que depuis la fin de l’année 2014 et le début de l’année 2015. L’ONEF est
appelé à jouer un rôle central dans le suivi effectif de la mise en œuvre des dispositifs
d’emploi et de formation professionnelle. Il est aussi appeler à jouer un rôle central dans
l’évaluation des dispositifs, c’est-à-dire 1) de voir en quoi la participation à un dispositif
accroit les chances d’accès un travail, de préférence de qualité, et/ou une augmentation des
revenus du travail, 2) de comprendre dans quelles circonstances les dispositifs produisent les
41 Ce déficit d’évaluation d’impact n’est pas propre au Mali. On le retrouve dans la grande majorité
des pays d’Afrique subsaharienne, ce qui conduit certains économistes à suggérer que les évaluations
doivent devenir une priorité des gouvernements et des PTF, si leur objectif est réellement d’améliorer
la situation de l’emploi (voir par exemple Garcia et Pares (2008), p. 75).
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résultats escomptés, et 3) de mieux cerner les groupes pour lesquels les résultats sont les plus
significatifs. L’ONEF est aussi appelé à avoir un rôle dans l’évaluation plus macro-
économique de la politique de l’emploi (études sur l’intermédiation, sur l’appariement entre
offres et demandes d’emploi, sur la mobilité professionnelle et géographique, etc.). Pour
parvenir à assurer son rôle, il est primordial pour l’ONEF de disposer des compétences
techniques et humaines nécessaires. Il est aussi primordial de disposer de données fiables,
régulières et harmonisées sur les dispositifs de la politique de l’emploi (nombre de
participants, genre, âge, niveau d’éducation, répartition dans l’espace, rémunération dans le
dispositif, durée du dispositif, première participation, etc.). La conduite de la politique de
l’emploi requiert l’amélioration des données sur la situation de l’emploi, ce que l’EMOP a
fait. Mais elle requiert également l’amélioration des données sur les dispositifs de la politique
de l’emploi, ce qui reste à faire, et la remontée de ces données des agences d’exécution vers
l’ONEF et les décideurs publics. Un meilleur suivi et des évaluations à intervalles réguliers
sont cruciaux pour aider le ministère et le gouvernement dans l’arbitrage entre les dispositifs,
la prise de décision au sujet des moyens qui leur sont consacrés et plus généralement dans le
pilotage de la politique de l’emploi et son intégration à la politique économique d’ensemble.
Le succès de la nouvelle politique de l’emploi et de la formation professionnelle en dépend !
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Ministère de l’Education Nationale (2007a) Evaluation du niveau d’acquisition en langues et
communication (LC), en sciences, mathématiques, et technologie (SMT) des élèves des classes de
2ème, 4ème et 6ème années de l’enseignement fondamental, Centre National de l’Education, Division de
la Recherche Pédagogique et de l’Evaluation, Bamako.
Ministère de l’Education Nationale et Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle
(2007b) Politique nationale de l’enseignement technique et de la formation professionnelle.
Ministère de l’Emploi, de la Fonction Publique et du Travail (1998) Document-Cadre de la Politique
Nationale de l’Emploi, Bamako.
Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (2009) Politique Nationale de Formation
Professionnelle, Secrétariat Général.
Ministère de l’Education, de l’Alphabétisation et des Langues Nationales (2011) Le développement
d’une approche qualité dans les établissements privés d’enseignement et de formation professionnelle,
Rapport final, François Robert consultant, Projet d’Appui au Secteur Economique Privé (PASEP).
Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (2010) Programme Emploi-Jeunes (PEJII) –
Document-Cadre (2011-2015), version finale.
Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (2011) Programme Décennal de
Développement de la Formation Professionnelle l’Emploi, Secrétariat Général.
Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (2013) Document-Cadre de la Politique
Nationale de l’Emploi 2013-2018, Secrétariat Général.
PNA/ERP (2014) Rapport d’activités du PNA/ERP au titre des années 2013.
PNA/ERP (2015) Rapport d’activités du PNA/ERP au titre des années 2014.
République du Mali (2011) Cadre Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté 2012-
2017, Bamako, décembre.
République du Mali (2013) Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) 2013-2018, Primature.
Roubaud, F. et Torelli, C. (2013) Employment, Unemployment, and Working Conditions in the Urban
Labor Markets of Sub-Saharan Africa: Main Stylized Facts, dans P. De Vreyer et F. Roubaud (réd.)
Urban Labor Markets in Sub-Saharan Africa, The World Bank and AFD (Agence Française de
Développement).
World Bank (2012) Jobs, World Development Report 2013.
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Annexe 1: Caractéristiques des activités HIMO de l’APEJ, 2006-2010.
________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Nature des travaux Nombre Intensité Rémunération Emplois Coût à Productivité
Année de mois en main mensuelle c) permanents l’unité d) Unité par
de travail a) d’œuvre b) FCFA créés FCFA mois e)
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Pavage et dallage
2006 419 60 % 150 358 34 233 333 par ml 1,1 ml
2007-2008 443 55 % 99 322 36 190 476 par ml 0,9 ml
2009 900 69 % 118 833 74 110 714 par ml 1,6 ml
2010 1 660 69 % 79 807 136 120 000 par ml 0,5 ml
/ 17 964 par m2 8,8 m2
Pistes rurales
2006 467 16 % 22 471 39 5 818 par m 23,6 m
2008 812 12 % 20 320 75 6 264 par m 27,3 m
Aménagements hydro-agricoles
2006 806 49 % 49 628 66 356 828 par ha 0,3 ha
2008 659 46 % 30 009 54 250 583 par ha 0,3 ha
Aménagements maraîchers
2009 54 14 % 46 296 4 8 892 500 par ha 0,9 ha
Forêts classées
2006 50 52 % 186 500 5 382 979 par ha 0,9 ha
2007 258 44 % 117 765 22 285 323 par ha 0,9 ha
2008 38 10 % 237 326 3 - -
2009 36 24 % 99 722 4 302 633 par ha 1,4 ha
Total 6 602 47 % - 552 - -
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Notes : a) Le nombre de mois de travail est calculé en divisant le nombre total de journées de travail temporaire par 20 jours ouvrables. b) L’intensité en main-d’œuvre est
calculée en divisant les revenus distribués par le coût total des travaux. c) La rémunération mensuelle en FCFA est calculée en divisant les revenus distribués par le nombre de
mois. d) Le coût unitaire en FCFA est le coût total du projet divisé par l’actif créé (ml : mètre linéaire, m2, m ou ha). e) La productivité du travail est calculée en divisant le
linéaire ou la surface des actifs créés par le nombre de mois de travail.
Source des données: APEJ / PEJIMO (2011)
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