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MINISTERE DE L'EMPLOI, DE LA FORMATION REPUBLIQUE DU MALI PROFESSIONNELLE, DE LA JEUNESSE ET DE UN... |
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MINISTERE DE L'EMPLOI, DE LA FORMATION REPUBLIQUE DU MALI
PROFESSIONNELLE, DE LA JEUNESSE ET DE UN PEUPLE – UN BUT – UNE FOI
LA CONSTRUCTION CITOYENNE
*********************
OBSERVATOIRE NATIONAL DE L’EMPLOI
ET DE LA FORMATION
PR. MASSA COULIBALY*, FRANÇOIS KONE* ET LASSANA DOUMBIA**
SEPTEMBRE 2015
CORRESPONDANCE : MASSA@GREATMALI.NET
* GROUPE DE RECHERCHE EN ECONOMIE APPLIQUEE ET THEORIQUE (GREAT)
** OBSERVATOIRE NATIONAL DE L’EMPLOI ET DE LA FORMATION (ONEF), MALI
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Table des matières
Résumé ....................................................................................................................................... 1
Introduction ................................................................................................................................ 1
1. Contributions au revenu du ménage ................................................................................. 2
1.1. Revenu des inactifs ..................................................................................................... 2
1.2. Revenu des actifs occupés .......................................................................................... 5
1.2.1. Revenu d'activités principales et secondaires ..................................................... 5
1.2.2. Revenu hors activité ........................................................................................... 7
1.3. Revenu des chômeurs ................................................................................................. 9
2. Sources de revenu du ménage ......................................................................................... 11
2.1. Revenu d'activité ...................................................................................................... 12
2.1.1. Salaires et avantages non inclus dans le salaire ............................................... 14
2.1.2. Revenu d'activité des indépendants .................................................................. 16
2.2. Revenu de patrimoine ............................................................................................... 17
2.2.1. Revenu de propriété ......................................................................................... 19
2.2.2. Revenu financier ou d'épargne ......................................................................... 21
2.3. Transferts et dons ..................................................................................................... 22
2.3.1. Transferts sociaux publics ................................................................................ 23
2.3.2. Transferts et dons privés .................................................................................. 25
2.4. Autres revenus .......................................................................................................... 26
3. Distribution du revenu des ménages ............................................................................... 28
3.1. Indicateurs statistiques d'inégalité de revenu ........................................................... 29
3.1.1. Déciles de revenu ............................................................................................. 29
3.1.2. Rapports interquantiles ..................................................................................... 30
3.1.3. Coefficient de variation .................................................................................... 31
3.1.4. Indice de Gini ................................................................................................... 32
3.2. Indices d'entropie et Atkinson-Kolm-Sen ................................................................ 33
4. Analyse multivariée du niveau de vie des ménages ........................................................ 35
4.1. Déterminants du niveau de vie des ménages ............................................................ 35
4.2. Modélisation de la probabilité d'appartenir à une classe de revenu ......................... 36
Conclusions .............................................................................................................................. 39
Références bibliographiques .................................................................................................... 40
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1
Onef
Résumé
La présente étude permet d'avoir une idée beaucoup plus précise de la distribution de revenu
(et non de dépenses) au Mali ainsi que de l'ampleur et de la répartition des inégalités sociales.
D'abord par source de revenu, le revenu d'activités absorbe 2000 milliards fcfa des plus de
2400 milliards estimés à l'aide des données de l'enquête EMOP 2014. A ce montant, il faut
ajouter 110 milliards de revenu hors activité gagnés par les actifs occupés. Le revenu
d'activités est composé à 24% de salaires et à 76% de revenu d'indépendants. Le revenu du
patrimoine est de 26 milliards fcfa dont 19 milliards de revenu de propriété et 7 milliards de
revenu tiré des actifs financiers. Trois quarts de ces revenus reviennent aux 30% les plus
riches de la population. Les transferts et dons, comme autre source de revenu, totalisent 130
milliards fcfa dont 76% de source publique et 26% privée. Il reste après ces trois premières
sources de revenu (activités, patrimoine et transferts) 300 milliards fcfa de revenus divers,
réguliers et irréguliers réunis.
Au chapitre des inégalités, on notera d'abord que les 10% les plus riches gagnent 26 fois plus
que les 10% les plus pauvres ou 10 fois plus que les 40% les plus pauvres. Mesurée par
différents indicateurs, l'inégalité est assez importante au Mali avec un coefficient de Gini de
0.58, un indice Theil de 0.37, encore plus élevé s'il s'agit du revenu de patrimoine. La forte
inégalité constatée est plus à l'intérieur des stratifications sociales ou spatiales qu'entre elles.
Ainsi, l'inégalité entre classes de revenu est à 85% à l'intérieur des classes et à seulement 15%
entre classes. Il y aurait ainsi plus d'inégalité entre individus qu'entre groupes plus ou moins
homogènes d'individus.
L'analyse multivariée du niveau de vie a permis de régresser la classification sociale opérée
sur un ensemble de facteurs dont les plus déterminants auront été le milieu de résidence, le
sexe du chef de ménage, son statut de travail ainsi que la taille et la composition du ménage.
Le modèle élaboré à cet effet prédit plus correctement l'appartenance à la classe des pauvres
que le classement erroné de non pauvres dans cette classe de pauvres.
Introduction
Cette étude analyse la distribution des revenus et des inégalités qui en découlent en utilisant
les données du module emploi des enquêtes EMOP 2014. L'intérêt d'une telle étude est de
fournir une base pour la mise en place de politiques publiques permettant d'agir sur les
inégalités et le recul de la pauvreté (Agueniou, 2009). L'enquête a touché 6'142 ménages, soit
51'799 individus dans la base de données avec une représentativité au niveau région
administrative. Cependant les régions de Tombouctou, Gao et Kidal n'ont pu être couvertes
pour des raisons de sécurité.
Ce rapport est organisé en 4 sections dont la première traite de la contribution au revenu du
ménage des membres du ménage selon leur statut d'activité (inactif, actif occupé et chômeur).
La deuxième section analyse les revenus du ménage selon différentes sources à savoir
l'activité, le patrimoine, les transferts et dons et les autres sources de revenu. Les deux
dernières sections traitent respectivement de l'analyse statistique de la distribution du revenu
des ménages et de l'analyse multivariée des déterminants du niveau de vie des ménages.
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2
Onef
1. Contributions au revenu du ménage
Pour un revenu donné, le niveau de vie du ménage est déterminé par plusieurs facteurs dont
les taux d'activité dans les différents groupes d'âge, le revenu disponible brut i.e. le revenu qui
reste à la disposition des ménages pour la consommation et l'épargne après déduction des
prélèvements fiscaux et sociaux (Ouadika, 2009). Les secteurs/branches d'activité des actifs
occupés du ménage jouent aussi un rôle en raison des différences de productivité des facteurs
de production (travail et capital) entre secteurs/branches.
La contribution totale des ménages dans le revenu national au Mali est de 2'404 milliards de
fcfa. Plus de la moitié (58%) de ce revenu, soit près de 1'396 milliards fcfa provient des
ménages ruraux dont on sait que le poids dans la population totale est nettement plus grand.
Le quart revient au seul district de Bamako soit 610 milliards de fcfa contre 446 milliards de
fcfa (19%) pour l'ensemble des communes urbaines du pays.
1.1. Revenu des inactifs
Au sein du ménage, on distingue les actifs occupés, les actifs non occupés (chômeurs) et les
inactifs. Il y a 4 groupes d'inactifs possibles (Ouadika, 2009) à savoir (i) les inactifs par
manque de travail disponible, (ii) les élèves et étudiants (2/3 des inactifs en milieu urbain),
(iii) les inactifs par obligations familiales, essentiellement les femmes et (iv) les inactifs par
l'âge.
Des indicateurs sont utilisés pour rendre compte de l'importance relative de certains groupes à
l'intérieur du ménage. Par exemple, le rapport de dépendance qui est égal à la taille du ménage
divisée par le nombre d'actifs occupés du ménage (Ouadika, 2009) mesure le nombre de
personnes à charge par actif occupé. Une des limites de cet indicateur est qu'il suppose que
toute personne sans emploi est à la charge du ménage or cette personne peut être rentière,
bénéficier de pension ou recevoir des transferts de parents vivant hors du ménage. Il serait
plus judicieux de diviser la taille du ménage par le nombre d'actifs pourvus de revenus dont le
niveau est supérieur ou égal au revenu moyen du ménage.
Le revenu total des inactifs s'élève à 157 milliards de fcfa, tirés des pensions (30%), des aides
(61%), des propriétés (4%), de l'épargne (3%), de la mendicité (0,3%) et des bourses (2%).
Les aides et les pensions constituent les 2 principales sources de revenu des inactifs, 91% du
total. Cette situation ne change pas quelle que soit la strate avec néanmoins une légère
augmentation de la part des aides (63%) et une légère baisse de celle des pensions (27%) en
milieu rural. La plus grande part des aides (66%) et la plus petite part des pensions (23%)
s'observent à Bamako. Dans les autres milieux urbains, on assiste à un rééquilibrage entre les
parts des 2 sources, 49% pour les aides et 46% pour les pensions.
Tableau 1. Revenu des inactifs par zone de résidence (millions fcfa et %)
Bamako Autre urbain Rural Total (millions fcfa) Total (%)
Revenu total (millions fcfa) dont 60 896 37 372 62 046 156 907 100
Revenu de pension 23 46 27 47 390 30
Revenu d'aides 66 49 63 95 476 61
Revenu de propriété 6 2 3 6 021 4
Revenu d'épargne 3 2 4 4 996 3
Revenu de mendicité 0 1 0 533 0
Revenu de bourse 2 0 1 2 491 2
Source: EMOPP 2014
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3
Onef
Par déciles, on observera clairement que les inactifs des déciles 8 à 10 sont favorisés
comparativement aux autres. Ils sont les seuls à dépasser les 10% du revenu total des inactifs
(15.7 milliards fcfa) et pire les 2 déciles les plus riches (9 et 10) gagnent respectivement 2.2 et
4.5 fois ce montant. Au contraire, les déciles les plus pauvres (1 et 2) ne gagnent que le
dixième respectivement le cinquième de ce qui devrait être leur part dans une répartition
égalitaire.
Les plus grandes parts de pensions dans le revenu reviennent aux déciles 5 (40%) et 7 (42%),
parts supérieures à la moyenne nationale (30%). Les plus pauvres des inactifs (décile 1)
gagnent en même temps la plus faible part de pension dans le revenu (4%) et la plus forte part
d'aides dans le revenu (93%). Les inactifs des déciles intermédiaires (5 à 7) reçoivent sous
forme d'aides des proportions moindres de leurs revenus soit respectivement 48% et 50% bien
en deçà des 61% de l'ensemble. Le poids du revenu d'épargne est particulièrement important
dans les déciles 2 (25%), 4 (15%), 5 (10%) et 3 (9%), largement au-delà des 3% nationaux.
Cette source de revenu devient même la deuxième plus importante source dans les déciles 2 et
4, derrière les aides, surclassant ainsi les pensions pourtant classées deuxième source au
niveau national.
Tableau 2. Revenu des inactifs par déciles de revenu (en % et millions fcfa)
Revenu total Pension Aides Propriété Epargne Mendicité Bourse
D1 1 4 93 0 2 1 0
D2 2 11 62 1 25 0 0
D3 2 10 80 0 9 1 0
D4 3 6 74 0 15 5 0
D5 5 40 48 1 10 0 1
D6 5 19 77 0 0 3 1
D7 6 42 50 3 3 0 2
D8 11 30 62 7 1 0 0
D9 22 30 58 4 5 0 2
D10 45 32 61 4 0 0 2
Total 156 907 47 390 95 476 6 021 4 996 533 2 491
% Total 100 30 61 4 3 0 2
Source: EMOPP 2014
En raison du nombre élevé de chefs de ménage de niveau "aucun" ou "maternel", plus de la
moitié (57%) du revenu total des inactifs reviennent à leurs ménages. Cependant, cette part de
revenu est bien inférieure à leur poids dans la population (76%). Les ménages dirigés par des
personnes de niveau secondaire ou supérieur gagnent en revenu d'inactifs plus de leur poids
dans la population, 14% de revenu pour 4% de la population pour le secondaire et 11% de
revenu pour 3% de la population pour le niveau supérieur. Les pensions reviennent plus aux
inactifs des ménages dirigés par les personnes les plus instruites (secondaire ou plus) et les
aides aux inactifs des ménages dirigés par les personnes les moins instruites (fondamental ou
moins). Les parts des revenus de propriété et des revenus d'épargne restent faibles et ne
montrent pas de grandes différences selon le niveau d'éducation du chef de ménage.
Tableau 3. Revenu des inactifs par niveau d'éducation du chef de ménage (en % et millions fcfa)
% Population Total Pension Aides Propriété Epargne Mendicité Bourse
Aucun/Maternel 76 57 19 69 5 4 1 2
Fondamental 17 18 26 69 3 1 0 1
Secondaire 4 14 64 30 2 3 0 0
Supérieur 3 11 51 45 0 2 0 3
Total 17 407 257 156 907 47 390 95 476 6 021 4 996 533 2 491
% 100 30 61 4 3 0 2
Source: EMOPP 2014
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4
Onef
La part de revenu total d'inactifs (15%) des ménages dirigés par une femme est faible mais
bien supérieure à leur part de population (5%). Le poids des aides (dans le revenu total
d'inactifs) est beaucoup plus important dans ces ménages (71%) que dans ceux dirigés par un
homme (59%). Par contre les revenus d'inactifs des ménages des hommes ont une part de
revenu de pension plus importante que ceux des ménages des femmes. En résumé, les aides
vont aux ménages dirigés par une femme et les revenus de pensions aux ménages dirigés par
un homme.
Tableau 4. Revenu des inactifs par sexe du chef de ménage (en % et millions fcfa)
Revenu total Pension Aides Propriété Epargne Mendicité Bourse
Homme (%) 85 32 59 4 4 0 1
Femme (%) 15 20 71 3 1 0 5
Total 156 907 47 390 95 476 6 021 4 996 533 2 491
% 100 30,2 60,8 3,8 3,2 0,3 1,6
Source: EMOPP 2014
Le revenu d'inactif par tête est de 9014 fcfa pour l'ensemble des ménages. La principale
source de ce revenu est constituée des aides, 5 485 fcfa par tête, des pensions, 2 722 fcfa par
tête. Viennent ensuite le revenu de propriété et le revenu d'épargne. En termes de revenu
moyen d'inactifs, Bamako se classe premier avec 26 802 fcfa par tête et par an, suivi de "autre
urbain" avec 17 009 fcfa. Le revenu moyen d'inactifs du milieu rural (4 637 fcfa) est
insignifiant comparé à celui des deux premières strates. Ce classement est maintenu quel que
soit le type de revenu à la seule exception du revenu de mendicité pour le quel "autre urbain"
a le revenu le plus élevé (129 fcfa) devant le milieu rural (19 fcfa) et le district de Bamako (9
fcfa).
Par décile de revenu, on constate aisément qu'il y a une grande disparité en matière de revenu
d'inactif par tête. De 1 107 fcfa et 1 608 fcfa de revenu d'inactifs par personne dans les
ménages des déciles 1 et 2 respectivement, on passe à 19 069 et 39 387 fcfa respectivement
dans les déciles 9 et 10. Globalement, le revenu par tête augmente continuellement et de façon
sensible au fur et à mesure qu'on monte dans les déciles et cela est valable aussi bien pour le
revenu total d'inactifs que pour chacune de ses composantes prise individuellement.
Tableau 5. Revenu moyen des inactifs par strate et par décile (en fcfa)
Revenu total Pension Aides Propriété Epargne Mendicité Bourse
Bamako 26 802 6 061 17 810 1 569 732 9 622
Autre urbain 17 009 7 813 8 378 337 273 129 78
Rural 4 637 1 268 2 943 134 206 19 68
D1 1 107 47 1 025 0 23 11 0
D2 1 608 177 998 21 408 3 0
D3 2 173 217 1 748 0 188 21 0
D4 2 688 162 1 996 0 396 134 0
D5 4 002 1 585 1 924 55 400 0 37
D6 4 639 888 3 563 0 0 122 65
D7 5 628 2 353 2 836 154 182 14 90
D8 9 639 2 926 6 022 633 59 0 0
D9 19 069 5 766 11 066 856 1 019 0 361
D10 39 387 12 770 23 935 1 705 132 0 845
Total 9 014 2 722 5 485 346 287 31 143
Source: EMOPP 2014
Le revenu d’inactif moyen augmente avec le niveau d'éducation du chef de ménage et aussi
quand on passe des ménages dirigés par un homme (8 125 fcfa) aux ménages dirigés par une
femme (24 400). On pourrait cependant relever quelques exceptions comme pour le revenu
d'épargne et le revenu de mendicité pour lesquels la moyenne des ménages dirigés par un
homme (293 et 31 fcfa) dépasse celle des ménages dirigés par une femme (182 et 21 fcfa).
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Onef
Tableau 6. Revenu moyen des inactifs par sexe et éducation du chef de ménage (en fcfa)
Revenu total Pension Aides Propriété Epargne Mendicité Bourse
Homme 8 125 2 596 4 794 324 293 31 87
Femme 24 400 4 917 17 440 732 182 21 1 107
Aucun niveau 6 731 1 298 4 631 360 281 38 123
Maternel 8 215 0 8 215 0 0 0 0
Fondamental 1 7 189 1 153 5 800 167 11 11 48
Fondamental 2 13 971 5 361 7 708 419 239 0 244
Secondaire 34 377 21 867 10 394 810 1 149 0 157
Supérieur 39 562 20 238 17 646 0 678 0 1 000
Total 9 014 2 722 5 485 346 287 31 143
Source: EMOPP 2014
1.2. Revenu des actifs occupés
Le total généré par les actifs occupés est de 2.04 milliards de fcfa dont plus de la moitié
provient du milieu rural (58%), le quart de Bamako et le reste des autres communes urbaines.
On note aussi que l'essentiel de ce revenu vient des ménages des 3 derniers déciles qui sont
les seuls à dépasser chacun 10% de ce revenu total, l'équivalent de leur part respective de
population. Ces 3 déciles comptent pour 64% du revenu total des actifs occupés alors que les
déciles 1 à 5 ne pèsent que 20% pour 50% de la population. Ainsi, 50% des plus pauvres se
partagent 20% du revenu et 30% des moins pauvres (pour ne pas dire des riches) 64% du
revenu.
La répartition du revenu total des actifs occupés selon le niveau d'instruction du chef de
ménage est de 63% pour le niveau "aucun", 21% pour le fondamental et le reste pour les
niveaux secondaire et supérieur. En raison de leur grand nombre, les ménages dirigés par un
homme fournissent la quasi-totalité (94%) de ce revenu, les autres ne contribuant que pour
6%.
La moyenne nationale de revenu d'actifs occupés est 117 441 fcfa par personne et par an avec
une grande disparité entre strates et déciles de revenu. Parmi les strates, le district de Bamako
a la plus forte moyenne (227 415 fcfa), suivi des autres communes urbaines (171 729 fcfa) et
du milieu rural (89 043 fcfa). Le revenu d'actifs occupés moyen augmente avec le niveau de
vie du ménage, passant de 14 292 fcfa annuels dans le décile 1 à 400 094 fcfa annuels dans le
décile 10. On note la même hausse progressive selon le niveau d'instruction du chef de
ménage, 97 018 fcfa pour le niveau "aucun" et 353 467 fcfa pour le niveau supérieur. Le
revenu d'actifs occupés moyen est légèrement plus élevé dans les ménages dirigés par des
femmes que dans ceux dirigés par des hommes.
1.2.1. Revenu d'activités principales et secondaires
Le revenu total d'activités se chiffre à 1 945 milliards de fcfa par an et est tiré de l'activité
principale pour 99% et des activités secondaires pour 1%. Si la répartition par strate du revenu
de l'activité principale est semblable à celle du revenu d'inactifs, 58% pour le milieu rural,
26% pour Bamako, celle du revenu d'activités secondaires change quelque peu. La quasi-
totalité de ce revenu vient du milieu rural (91%) avec une inversion du classement entre
Bamako (2%) et autre urbain (8%). Les inégalités entre déciles sont plus importantes pour le
revenu de l'activité principale que pour le revenu des activités secondaires. Pour ce dernier, la
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6
Onef
part des déciles inférieurs diminue au profit d'une augmentation de la part des déciles
supérieurs.
Tableau 7. Revenu des activités par strate et par niveau de vie (en % et millions fcfa)
Revenu activité principale Revenu activité secondaire
Bamako 26 2
Autre urbain 18 8
Rural 58 91
D1 1 1
D2 3 5
D3 4 7
D4 6 9
D5 7 10
D6 8 13
D7 10 14
D8 13 15
D9 17 13
D10 35 14
Total 1 922 298 22 198
% 99 1
Source: EMOPP 2014
De façon générale, le revenu de l'activité, qu'elle soit principale ou secondaire, provient pour
la plus grande partie des ménages dirigés par les personnes de niveau d'instruction inférieure
(fondamental 2 ou moins) à cause du nombre important de ces ménages. Le niveau
fondamental 2 ou moins compte pour 84% du revenu total de l'activité principale et pour 98%
du revenu total de l'activité secondaire. La contribution de ces ménages est plus grande dans
le revenu d'activité secondaire. De même, les ménages dirigés par des hommes fournissent
94% du revenu total de l'activité principale et 98% du revenu total de l'activité secondaire. Ici
aussi, il y a une augmentation de la contribution de ces ménages en passant de l'activité
principale à l'activité secondaire.
Tableau 8. Revenu des activités par sexe et éducation du chef de ménage (en % et millions fcfa)
Revenu activité principale Revenu activité secondaire
Homme 94 98
Femme 6 2
Aucun niveau 63 82
Maternelle 0 0
Fondamental 1 12 14
Fondamental 2 9 2
Secondaire 8 1
Supérieur 8 1
Total 1 922 298 22 198
% 99 1
Source: EMOPP 2014
Dans l'ensemble, le revenu par tête de l'activité principale est de 110 431 fcfa, près de 100 fois
plus élevé que celui de l'activité secondaire, 1 275 fcfa annuels. Le classement des strates
suivant le revenu d'activité principale par tête, Bamako (216 107 fcfa), autre urbain (159 931
fcfa), rural (83 220 fcfa) est précisément l'inverse du classement suivant le revenu d'activité
secondaire, soit rural (1 509 fcfa), autre urbain (790 fcfa) et Bamako (223 fcfa). Un habitant
du milieu rural gagne en moyenne dans l'activité secondaire 2 fois plus qu'une personne
d'autre milieu urbain (en dehors de Bamako) qui à son tour gagne près de 4 fois plus qu'un
habitant de Bamako. Par ailleurs, on note des inégalités considérables dans la répartition du
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Onef
revenu d'activité principale entre déciles, inégalités qui tendent à disparaitre dans la
répartition du revenu d'activité secondaire.
Tableau 9. Revenu moyen des activités par strate et par niveau de vie (en fcfa)
Revenu activité principale Revenu activité secondaire
Bamako 216 107 223
Autre urbain 159 931 790
Rural 83 220 1 509
D1 12 876 180
D2 31 522 612
D3 44 546 965
D4 58 945 1 074
D5 69 777 1 243
D6 82 232 1 575
D7 103 342 1 778
D8 135 665 1 812
D9 185 141 1 665
D10 372 767 1 678
Total 110 431 1 275
Source: EMOPP 2014
Le revenu moyen d'activité principale augmente avec le niveau d'éducation du chef de
ménage mais on ne saurait dégager un lien clair entre le revenu d'activité secondaire moyen et
ce niveau d'instruction. En moyenne, les ménages dirigés par des femmes gagnent, dans
l'activité principale, légèrement plus (117'406 fcfa) que ceux dirigés par des hommes (110'028
fcfa), tout le contraire dans l'activité secondaire avec un écart important entre ces 2 types de
ménages, 1 320 fcfa pour les ménages dirigés par un homme contre 497 fcfa pour les ménages
dirigés par une femme.
Tableau 10. Revenu moyen des activités par sexe et éducation du chef de ménage (en fcfa)
Revenu activité principale Revenu activité secondaire
Homme 110 028 1 320
Femme 117 406 497
Aucun niveau 91 350 1 369
Maternel 83 052 159
Fondamental 1 110 597 1 427
Fondamental 2 179 564 490
Secondaire 253 642 518
Supérieur 335 518 583
Total 110 431 1 275
Source: EMOPP 2014
1.2.2. Revenu hors activité
De même que le revenu total d'activité est tiré de l'activité principale et de l'activité
secondaire, le revenu total d'un actif occupé comprend le revenu effectivement tiré des
activités (principale et secondaire) et le revenu hors activité bien qu'il soit gagné par un actif
occupé. Dans l'ensemble, le revenu hors activité compte pour 5% dans le revenu d'un actif
occupé soit près de 100 milliards de fcfa pour l'ensemble du pays. Cette part ne change que
rarement dans les différents strates ou déciles de revenu. C'est seulement dans les 2 déciles les
plus pauvres (1 et 2) que la part du revenu hors activité dans le revenu de l'actif occupé
augmente respectivement à 9 et 7% signifiant que le revenu hors activité occupe une place
importante chez les plus pauvres que chez les autres.
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Tableau 11. Revenu hors activité par strate et par décile (en % et millions fcfa)
Revenu total d'activité Revenu total hors activité
Bamako 95 5
Autre urbain 94 6
Rural 95 5
D1 91 9
D2 93 7
D3 96 4
D4 96 4
D5 96 4
D6 94 6
D7 96 4
D8 97 3
D9 95 5
D10 94 6
Total 1 944 497 99 828
% 95 5
Source: EMOPP 2014
Le revenu hors activité est particulièrement important pour les ménages dirigés par une
femme, 14% du revenu de l'actif occupé. C'est aussi le cas, dans une moindre mesure, pour les
ménages dont le chef a le niveau secondaire (7%) contrairement aux ménages où le chef a le
niveau de la maternelle (3%). Pour les autres niveaux d'instruction du chef de ménage et pour
les ménages dirigés par un homme, la part du revenu d'activité est dans la moyenne nationale.
Tableau 12. Revenu hors activité par sexe et éducation du chef de ménage (en % et millions fcfa)
Revenu total d'activité Revenu total hors activité
Homme 96 4
Femme 86 14
Aucun niveau 96 4
Maternel 97 3
Fondamental 1 94 6
Fondamental 2 95 5
Secondaire 93 7
Supérieur 95 5
Total 1 944 497 99 828
% total 95 5
Source: EMOPP 2014
En moyenne, un ménage gagne 5 735 fcfa par membre et par an sous forme de revenu hors
activité. Cette moyenne annuelle augmente à 11 085 fcfa dans le district de Bamako et 11 007
fcfa dans d'autres communes urbaines mais redescend à 4 314 fcfa en milieu rural. Par décile,
le revenu annuel hors activité par tête varie considérablement entre les pauvres et les riches.
Seuls les 2 derniers déciles (9 et 10) dépassent la moyenne nationale avec un écart énorme
entre eux, 9 722 fcfa pour le neuvième décile et 25 648 fcfa pour le dernier décile.
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Tableau 13. Revenu moyen hors activités par strate et par décile (en fcfa)
Revenu par tête d'activité Revenu par tête hors activité Revenu par tête total
Bamako 216 330 11 085 227 415
Autre urbain 160 721 11 007 171 729
Rural 84 729 4 314 89 043
D1 13 056 1 236 14 292
D2 32 133 2 509 34 643
D3 45 511 2 120 47 631
D4 60 018 2 306 62 324
D5 71 019 2 878 73 898
D6 83 806 5 780 89 587
D7 105 120 4 014 109 134
D8 137 477 3 836 141 313
D9 186 806 9 722 196 528
D10 374 445 25 648 400 094
Total 111 706 5 735 117 441
Source: EMOPP 2014
Le revenu hors activité par tête ne montre pas un lien clair avec le niveau d'instruction du chef
de ménage. A mesure que le niveau d'instruction augmente, le revenu hors activité par tête
évolue en dent de scie avec un pic au niveau secondaire (18 464 fcfa) et un minimum à la
maternelle (2 995 fcfa).
Tableau 14. Revenu moyen hors activités par sexe et éducation du chef de ménage (en fcfa)
Revenu par tête d'activité Revenu par tête hors activité Revenu par tête total
Homme 111 348 4 987 116 335
Femme 117 903 18 678 136 581
Aucun niveau 92 718 4 299 97 018
Maternel 83 211 2 995 86 206
Fondamental 1 112 024 6 545 118 568
Fondamental 2 180 054 10 292 190 346
Secondaire 254 161 18 464 272 625
Supérieur 336 101 17 366 353 467
Total 111 706 5 735 117 441
Source: EMOPP 2014
1.3. Revenu des chômeurs
Le revenu total annuel des chômeurs est de 203 milliards fcfa, essentiellement sous forme
d'équivalent revenu de prises en charge par d'autres (95%), les 4 autres composantes se
partageant les 5% restants (bourses, revenu de propriété, revenu d'épargne et autres revenus
de chômeur). Encore une fois, la plus grosse part de ce revenu provient du milieu rural (71%),
suivi de Bamako et d'autre milieu urbain à égalité.
L'essence du revenu des chômeurs est donc l'équivalent revenu annuel de leur prise en charge
qui constitue d'ailleurs la presque totalité en milieu rural et dans certains déciles. Pire, c'est la
seule source de revenu pour les plus pauvres (décile 1 à 3). La deuxième source de revenu, la
bourse, bien que représentant une part faible du revenu des chômeurs dans l'ensemble (moins
de 4%), atteint des parts non négligeables à Bamako (14%) et parmi les 10% les plus riches
(9%).
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Tableau 15. Revenu des chômeurs par strate et par décile (en % et millions fcfa)
Revenu total Propriété Epargne Bourse Prise en charge Autre revenu
Bamako 16 0.0 1.1 13.8 84.2 0.9
Autre urbain 16 3.7 0.9 3.9 91.2 0.3
Rural 71 0.0 0.0 1.3 98.7 0.0
D1 2 0.0 0.0 0.0 100.0 0.0
D2 4 0.0 0.0 0.0 100.0 0.0
D3 5 0.0 0.0 0.0 100.0 0.0
D4 7 0.0 0.0 0.3 98.5 1.2
D5 10 0.0 0.0 3.1 96.9 0.0
D6 11 0.0 0.0 0.6 98.9 0.5
D7 13 0.0 0.0 5.0 95.0 0.0
D8 14 0.0 1.1 2.7 96.1 0.0
D9 17 0.0 0.1 2.3 97.2 0.4
D10 20 2.9 0.7 9.5 86.9 0.0
Total 202 870 1 188 644 7 513 193 296 229
% 100 0.6 0.3 3.7 95.3 0.1
Source: EMOPP 2014
Les trois quarts du revenu des chômeurs sont fournis par des ménages dirigés par des
personnes sans niveau d'instruction. Il faut noter que le revenu de propriété des chômeurs est
exclusivement tiré des ménages dont le chef est du niveau supérieur et que la part de bourse
dans le revenu des chômeurs de ces ménages (28%) est largement au dessus de la moyenne
nationale (moins de 4%).
Tableau 16. Revenu des chômeurs par sexe et éducation du chef de ménage (en % et millions fcfa)
Revenu total Propriété Epargne Bourse Prise en charge Autre revenu
Homme 92 0,6 0,3 3,6 95,4 0,0
Femme 8 0,0 0,5 4,6 93,7 1,3
Aucun niveau 74 0,0 0,2 1,7 97,9 0,2
Maternel 0 0,0 0,0 0,0 100,0 0,0
Fondamental 1 12 0,0 0,0 1,3 98,7 0,0
Fondamental 2 4 0,0 0,8 9,6 89,6 0,0
Secondaire 5 0,0 0,0 9,8 90,2 0,0
Supérieur 5 11,1 1,9 28,3 58,7 0,0
Total 202 870 1 188 644 7 513 193 296 229
% 100 0.6 0.3 3.7 95.3 0.1
Source: EMOPP 2014
Le revenu des chômeurs par tête est de 11 654 fcfa annuels, qui se décline en 14 281 fcfa à
Bamako, 14 621 fcfa dans d'autres communes urbaines et en 10 691 fcfa en milieu rural. Le
revenu moyen des chômeurs et le revenu moyen de prise en charge augmente progressivement
avec le niveau de vie du ménage. Les revenus de propriété et d'épargne des chômeurs
semblent réservés aux chômeurs des ménages riches. La moyenne de ces revenus est
insignifiante pour les déciles inférieurs et intermédiaires (1 à 7). De même, le revenu moyen
de bourse des chômeurs est nul pour les 3 premiers déciles indiquant qu'il faut atteindre un
niveau de vie minimal pour espérer gagner un revenu de bourse dès lors que de possibles
bénéficiaires de tels revenus sont présents dans le ménage, ce qui n'est pas toujours évident.
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Tableau 17. Revenu moyen des chômeurs par strate et par niveau de vie (en fcfa)
Revenu par tête Propriété Epargne Bourse Prise en charge Autre revenu
Bamako 14 281 0 158 1 977 12 020 126
Autre urbain 14 621 541 130 567 13 342 42
Rural 10 691 0 0 140 10 551 1
D1 2 379 0 0 0 2 379 0
D2 4 348 0 0 0 4 348 0
D3 5 406 0 0 0 5 406 0
D4 7 125 0 0 23 7 016 85
D5 11 600 0 0 355 11 245 0
D6 12 248 0 0 73 12 118 57
D7 15 128 0 0 750 14 378 0
D8 15 784 0 179 430 15 175 0
D9 19 336 0 11 451 18 803 72
D10 23 080 665 171 2 184 20 061 0
Total 11 654 68 37 432 11 104 13
Source: EMOPP 2014
Il n' y a pas de lien clair entre le niveau d'instruction du chef de ménage et le revenu par tête
des chômeurs. Cependant, les valeurs maximales du revenu de propriété des chômeurs par
tête, du revenu d'épargne des chômeurs par tête et du revenu de bourse des chômeurs par tête,
s'observent toutes dans les ménages dirigés par un chef de niveau supérieur. Dans l'ensemble,
le revenu total des chômeurs par tête est plus élevé dans les ménages dont le chef est une
femme (18 099 fcfa) que dans les ménages dont le chef est un homme (11 282 fcfa). Cela
reste vrai pour chaque type de revenu des chômeurs à l'exception du revenu de propriété.
Tableau 18. Revenu moyen des chômeurs par sexe et éducation du chef de ménage (en fcfa)
Revenu par tête Propriété Epargne Bourse Prise en charge Autre revenu
Homme 11 282 72 34 409 10 766 1
Femme 18 099 0 82 825 16 960 232
Aucun niveau 11 299 0 28 186 11 067 17
Maternel 21 105 0 0 0 21 105 0
Fondamental 1 11 361 0 0 152 11 210 0
Fondamental 2 8 630 0 68 831 7 730 0
Secondaire 14 886 0 0 1 457 13 429 0
Supérieur 24 407 2 709 473 6 909 14 316 0
Total 11 654 68 37 432 11 104 13
Source: EMOPP 2014
2. Sources de revenu du ménage
Le revenu total du ménage est tiré de l'activité, du patrimoine, des transferts et dons ou
d'autres sources. On distingue ainsi 3 catégories de revenus du ménage à savoir les revenus
d'activités, les revenus du patrimoine et les revenus sociaux (Piketty, 2015). La structure du
revenu total est généralement fonction du niveau de vie du ménage en ce sens que l'une ou
l'autre catégorie peut prendre ou perdre de l'importance selon que le ménage se situe parmi les
plus pauvres, dans la classe moyenne ou parmi les plus riches. Au Maroc par exemple, le
revenu des pauvres est constitué de 41% de salaires et traitements et 15% de revenu agricole
et d'élevage (Royaume du Maroc, 2002). En France, 59% du revenu total des ménages sont
perçus sous forme de salaires (Piketty, 2015) et 40% sous forme de revenus sociaux (retraites
et transferts). La part des salaires dans le revenu total augmente avec le revenu, avant de
redescendre légèrement pour les 5% des ménages les plus riches (P95-P100). Les 10% des
salariés les moins bien rémunérés sont tous payés aux alentours du SMIC (salaire minimum
interprofessionnel de croissance).
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Onef
L'évolution du revenu le long des déciles dépend du type de revenu. Certains revenus
augmentent, d'autres diminuent alors qu'un troisième groupe reste constant à mesure qu'on
monte dans les déciles de revenus. On distingue ainsi 5 types de revenu des ménages (Cirano,
2007), (i) les salaires et traitements, qui augmentent le long des déciles, (ii) le revenu du
travail indépendant, qui reste quasi-constant, (iii) le revenu de patrimoine, qui reste aussi
quasi-contant (iv), le revenu des transferts, qui diminue et (v) les autres revenus du marché,
qui non plus ne changent presque pas le long des déciles.
Selon l'OIT (2003), un élément important est qu’il devrait être possible d’identifier
séparément le revenu provenant de l’activité liée à l’emploi à l’intérieur de l’élément de
revenu plus large issu de l’activité de production. Le revenu est donc défini en termes de
regroupement large des sources de revenu, comme suit:
le revenu de l’emploi, c’est-à-dire les recettes tirées de la participation à des activités
économiques strictement en relation avec l’emploi, comme le définit la résolution de la
CIST concernant les statistiques de la population active, de l’emploi, du chômage et du
sous-emploi (BIT 2000). Il est constitué du revenu de l’emploi salarié (par exemple les
salaires) et du revenu de l’emploi indépendant (rémunération du travail);
le revenu de la propriété, issu de la propriété d’actifs financiers et autres, par exemple
paiements d’intérêts;
le revenu tiré de la production, par le ménage, de services pour autoconsommation, par
exemple services des logements occupés par leurs propriétaires, production par le
ménage de services domestiques pour autoconsommation;
les transferts reçus en espèces et en biens provenant des pouvoirs publics (par exemple
pensions), d’autres ménages (par exemple pension alimentaire, soutien parental) et
d’institutions à but non lucratif servant les ménages (par exemple bourses, paiement des
jours de grève);
les transferts reçus en tant que services, par exemple transferts sociaux en nature,
services dispensés par d’autres ménages.
2.1. Revenu d'activité
Dans l'analyse du revenu d'activité, on distingue le revenu d'activité des salariés constitué des
salaires et avantages non inclus dans le salaire et le revenu d'activité des indépendants. Le
revenu total d'activité est de 1 945 milliards de fcfa constitué pour un quart des salaires et
avantages non inclus dans les salaires et pour trois quarts du revenu d'activité des
indépendants. La part des indépendants augmente en milieu rural comparativement à Bamako
et aux autres communes urbaines. De même, la part des indépendants augmente
considérablement quand on descend vers les déciles les plus pauvres, avoisinant les 100%.
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Tableau 19. Sources de revenu du ménage par strate et par décile (en % et millions fcfa)
Revenu total d'activité Salaires et avantages Revenu d'activité des indépendants
Bamako 25 42 58
Autre urbain 18 40 60
Rural 58 11 89
D1 1 3 97
D2 3 4 96
D3 4 4 96
D4 6 5 95
D5 7 6 94
D6 8 11 89
D7 10 14 86
D8 13 18 82
D9 17 25 75
D10 34 42 58
Total 1 944 497 465 206 1 479 291
% 100 24 76
Source: EMOPP 2014
La part des salaires et avantage dans le revenu d'activité augmente avec le niveau d'éducation
contrairement à la part du revenu d'activité des indépendants qui varie en sens inverse avec le
niveau d'éducation du chef de ménage. Les ménages des chefs de niveau supérieur tirent 83%
de leur revenu d'activité des salaires et avantages alors que les ménages des chefs de niveau
"aucun ou maternel" ne tirent que 8% de leur revenu d'activité de cette source. Le revenu
d'activité des indépendants constitue la quasi-totalité du revenu d'activité (92%) des ménages
dirigés par un chef de niveau au plus maternel.
Tableau 20. Sources de revenu du ménage par sexe et éducation du chef de ménage (en % et millions fcfa)
Revenu total d'activité Salaires et avantages Revenu d'activité des indépendants
Homme 94 23 77
Femme 6 35 65
Aucun niveau/Maternel 63 8 92
Fondamental 1 12 20 80
Fondamental 2 8 44 56
Secondaire 8 74 26
Supérieur 8 83 17
Total 1 944 497 465 206 1 479 291
% 100 24 76
Source: EMOPP 2014
Dans l'ensemble, l'activité rapporte 111 706 fcfa par an et par personne. Cette moyenne passe
à 216 330 fcfa à Bamako contre 160 721 fcfa dans d'autres communes urbaines et 84 729 fcfa
en milieu rural. Les déciles 1 à 6 gagnent moins que cette moyenne nationale quand les
déciles 9 et 10 la gagnent respectivement 1.6 et 3.5 fois plus. Par ailleurs, les 10% les plus
riches gagnent en activité, en moyenne, 28 fois ce que gagnent les 10% les plus pauvres.
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Graphique 1. Revenu moyen d'activité par strate et par niveau de vie (en fcfa)
0 50 000 100 000 150 000 200 000 250 000 300 000 350 000 400 000
Bamako
Autre urbain
Rural
D1
D2
D3
D4
D5
D6
D7
D8
D9
D10
Total
216 330
160 721
84 729
13 056
32 133
45 511
60 018
71 019
83 806
105 120
137 477
186 806
374 445
111 706
Source: EMOPP 2014
Le revenu moyen d'activité augmente progressivement avec le niveau d'instruction du chef de
ménage. Le revenu d'activité par tête est le plus élevé dans les ménages des chefs de niveau
supérieur et le plus faible dans les ménages des chefs de niveau maternel au plus. Dans les
ménages de ces chefs, l'activité rapporte, par membre, moins de la moyenne nationale alors
que ces ménages constituent la très grande majorité. Le niveau d'éducation du chef de ménage
a clairement un lien positif avec le revenu d'activité par membre du ménage. En outre, le
revenu d'activité par tête est légèrement plus élevé dans les ménages dirigés par une femme
que dans ceux dirigés par un homme avec une différence moyenne de plus de 6 000 fcfa par
tête et par an.
Graphique 2. Revenu moyen d'activité par sexe et éducation du chef de ménage (en fcfa)
0 50 000 100 000 150 000 200 000 250 000 300 000 350 000
Homme
Femme
Aucun niveau
Maternel
Fondamental 1
Fondamental 2
Secondaire
Supérieur
Total
111 348
117 903
92 718
83 211
112 024
180 054
254 161
336 101
111 706
Source: EMOPP 2014
2.1.1. Salaires et avantages non inclus dans le salaire
Au total, l'ensemble des ménages du Mali gagne par an en revenus salariaux (salaires et
avantages non inclus dans le salaire) 465 milliards de fcfa. La répartition des salaires et
avantages par milieu montre que le milieu rural fournit une part de revenus salariaux (26%)
très en deçà de sa part de population (77%). Au contraire, le milieu urbain (Bamako et autre
urbain) gagne une part élevée de salaires et avantages (respectivement 44 et 31%)
comparativement à son poids dans la population (23%). Ces inégalités sont confirmées par les
revenus salariaux par tête qui vont de 9 147 fcfa par tête en milieu rural à 64 985 fcfa dans
autre urbain puis à 90 467 fcfa dans le district de Bamako pour une moyenne nationale de
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26'725 fcfa par an et par personne . En moyenne, les revenus salariaux sont 10 fois plus élevés
à Bamako qu'en milieu rural. Cela s'explique aisément du fait de la rareté du salariat au profit
de l'indépendant agricole en milieu rural, contrairement à Bamako où le salariat semble être
concentré.
Par niveau de vie, la part de revenus salariaux augmente le long des déciles de sorte que les 7
premiers déciles ne pèsent que 13% des revenus salariaux totaux contre 87% pour les 3
déciles les plus riches. Pire, les 10% les plus riches accaparent 61% du total des revenus
salariaux, plus que les 90% d'individus restants. Les moyennes de revenus salariaux montrent
les mêmes inégalités entre les ménages, les déciles 9 et 10 gagnant, en moyenne,
respectivement plus de 100 et 300 fois (46 537 fcfa et 158 175 fcfa) ce que gagnent les 10%
les plus pauvres (452 fcfa par tête et par an). Par ailleurs, les 2 derniers déciles sont les seuls à
atteindre ou dépasser la moyenne d'ensemble de 26 725 fcfa par tête et par an.
Tableau 21. Salaires et avantages par strate et par décile (en % et fcfa)
Part de salaires et avantages (%) Salaires et avantages par tête
Bamako 44 90 467
Autre urbain 31 64 985
Rural 26 9 147
D1 0 452
D2 0 1 160
D3 1 1 798
D4 1 2 877
D5 2 4 392
D6 3 9 303
D7 6 14 989
D8 9 24 355
D9 18 46 537
D10 61 158 175
Total 465 205 805 609 26 725
Source: EMOPP 2014
Les ménages dirigés par des chefs de niveaux d'éducation "aucun" (22%) et "supérieur" (26%)
contribuent le plus aux revenus salariaux des ménages. Mais si l'on tient compte des parts
dans la population, 76% pour "aucun" et 3% pour le "supérieur", on se rend compte que les
ménages dont le chef a le niveau supérieur apportent proportionnellement plus à la
constitution des revenus salariaux. Par contre, les ménages dont le chef est sans aucun niveau
d'enseignement ne contribuent pas assez eu égard à leur part de population. D'ailleurs, ils sont
les seuls, avec le fondamental 1 (10% des revenus salariaux pour 12% de la population) à ne
pas contribuer à hauteur de leur poids dans la population, le fondamental 2 apportant 16% des
revenus salariaux pour 5% de la population et le secondaire 26% des revenus salariaux pour
4% de la population. En moyenne, chaque membre d'un ménage dirigé par une personne de
niveau d'éducation supérieur gagne 279 666 fcfa par an alors que cette moyenne n'est qu de
7'619 fcfa pour le niveau d'enseignement "aucun", 22 492 fcfa pour le premier cycle
fondamental, 78 571 fcfa pour le second cycle fondamental et 188 202 fcfa pour le niveau
secondaire.
Plus des neuf dixièmes des revenus salariaux (92%) proviennent des ménages dirigés par un
homme, en raison de leur très grand nombre. Cependant, le revenu salarial par tête des
ménages dirigés par une femme (41 432 fcfa) est supérieur, et de loin, à celui des ménages
dirigés par un homme (25 875 fcfa) qui serait même légèrement inférieur à la moyenne
nationale (26 725 fcfa).
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Tableau 22. Salaires et avantages par sexe et par éducation du chef de ménage (en % et fcfa)
Part de salaires et avantages (%) Salaires et avantages par tête (fcfa)
Homme 92 25 875
Femme 9 41 432
Aucun niveau 22 7 619
Maternel 0 34 632
Fondamental 1 10 22 492
Fondamental 2 16 78 571
Secondaire 26 188 202
Supérieur 26 279 666
Total 465 205 805 609 26 725
Source: EMOPP 2014
2.1.2. Revenu d'activité des indépendants
Le revenu total d'activité des indépendants s'élève à 1 479 milliards de fcfa au niveau national
soit 84 981 francs par tête par an. L'ensemble des ménages ruraux rapporte plus des deux tiers
des revenus d'activité des indépendants (68%) et le reste est reparti entre Bamako (19%) et
autre urbain (14%). Cette contribution dues ruraux reste néanmoins inférieure à leur part de
population, contrairement au district de Bamako dont la contribution dépasse sa part de
population (13%). C'est dans les autres communes urbaines que les parts de revenu d'activités
d'indépendants et les parts de populations sont comparables. Les revenus d'activités des
indépendants à Bamako reviennent à 125 863 fcfa par personne et par an, ce qui dépasse cette
même moyenne en milieu rural (75 582 fcfa) et dans d'autres communes urbaines (95 736
fcfa).
Au regard de la distribution des revenus d'activités des indépendants entre les déciles de
revenu, on constate aisément une hausse progressive aussi bien de la proportion que de la
moyenne de revenu d'activité des indépendants le long des déciles. En passant du décile 1 au
décile 10, la part de revenu d'activité passe de 2% à 26% et le revenu d'activité des
indépendants par tête de 12 604 fcfa à 216 271 fcfa par an. Il y a une relation linéaire positive
entre le niveau de vie et la part de revenu d'activité des indépendants d'une part et la moyenne
de ce revenu d'autre part.
Tableau 23. Revenu d'activité des indépendants par strate et par niveau de vie (en % et fcfa)
Part de revenu d'activité des indépendants (%) Revenu d'activité des indépendants moyen
Bamako 19 125 863
Autre urbain 14 95 736
Rural 68 75 582
D1 2 12 604
D2 4 30 974
D3 5 43 712
D4 7 57 141
D5 8 66 628
D6 9 74 503
D7 11 90 131
D8 14 113 121
D9 17 140 269
D10 26 216 271
Total 1 479 290 695 965 84 981
Source: EMOPP 2014
Les niveaux d'éducation intermédiaires du chef de ménage (de fondamental 1 à secondaire)
favorisent le revenu d'activité des indépendants. Les niveaux fondamental 1 et 2 ont non
seulement 2 des 3 plus grandes parts mais aussi les 2 plus grandes moyennes de ce type de
revenu. Les plus faibles proportions et les plus faibles moyennes de revenu d'activité
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Onef
d'indépendants reviennent aux niveaux maternel et supérieur. Il faut noter la part très
importante (76) des ménages dont le chef est sans instruction, à la hauteur de leur part de
population. En plus, la moyenne par tête pour ce type de ménage est parmi les plus élevées,
troisième après les 2 niveaux du fondamental. Les revenus d'activités indépendantes (agricole
ou non) profitent particulièrement aux ménages dont le chef est sans aucun niveau
d'instruction.
Les ménages dirigés par des hommes dominent ceux des femmes non seulement en termes de
parts dans le revenu d'activité des indépendants, 95% pour les hommes et 5% pour les
femmes, mais aussi en termes de moyenne du revenu d'activité des indépendants, 85 473 fcfa
pour les hommes et 76 471 fcfa pour les femmes.
Tableau 24. Revenu d'activité des indépendants par sexe et éducation du chef de ménage (en % et fcfa)
Part de revenu d'activité des indépendants (%) Revenu d'activité des indépendants moyen
Homme 95 85 473
Femme 5 76 471
Aucun niveau 76 85 100
Maternel 0 48 579
Fondamental 1 13 89 532
Fondamental 2 6 101 483
Secondaire 3 65 959
Supérieur 2 56 435
Total 1 479 290 695 965 84 981
Source: EMOPP 2014
2.2. Revenu de patrimoine
Les revenus du patrimoine sont constitués des revenus fonciers et des revenus de valeurs et de
capitaux mobiliers, hors plus values (Insee, 2012). Autrement, ce sont des revenus nets de
biens immobiliers et des revenus nets de biens mobiliers (Belgian Federal Government,
2013). Dans notre analyse, le revenu de patrimoine comprend le revenu de propriété et le
revenu financier ou d'épargne. Le revenu total de patrimoine s'élève à 26 milliards de fcfa
dont les trois quarts sont des revenus de propriété et le quart restant des revenu financiers ou
d'épargne. Le revenu de patrimoine vient de Bamako pour 40%, du milieu rural pour 33% et
des autres communes urbaines pour 29%. La structure du revenu total de patrimoine change
quelque peu selon le milieu de résidence du ménage. Comparativement à son poids national,
le revenu de propriété prend un peu plus d'importance en milieu urbain (77% à Bamako et
79% dans autre urbain) contrairement au milieu rural où son importance diminue (63%)
quelque peu, milieu dans lequel la part de revenu d'épargne est la plus élevée (37% contre 21-
23% en milieu urbain). Comme attendu, l'apport des plus pauvres au revenu de propriété est
insignifiant, tout le contraire des déciles supérieurs (8 à 10). Par contre, on ne trouve pas de
relation claire entre la répartition du revenu de patrimoine (en revenu de propriété et revenu
financier ou d'épargne) et le niveau de vie des ménages.
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Onef
Tableau 25. Revenu de patrimoine du ménage par strate et décile (en % et millions fcfa)
Revenu de patrimoine (%) Revenu de propriété (%) Revenu financier ou d'épargne (%)
Bamako 40 77 23
Autre urbain 29 79 21
Rural 33 63 37
D1 0 0 100
D2 3 9 91
D3 2 46 54
D4 5 43 57
D5 6 47 53
D6 5 94 6
D7 6 78 22
D8 11 77 23
D9 19 62 38
D10 45 86 14
Total (millions fcfa) 25 930 19 113 6 817
% 100 74 26
Source: EMOPP 2014
Des 26 milliards de fcfa de revenu de patrimoine, 58% proviennent des ménages dirigés par
un chef sans niveau d'enseignement et le reste est presque équitablement réparti entre les
niveaux fondamental 1, fondamental 2, secondaire et supérieur avec un dixième pour chacun à
l'exclusion du niveau maternel (presque 0%). Encore une fois, la répartition du revenu de
patrimoine entre le revenu de propriété et le revenu financier ou d'épargne ne semble pas
avoir de lien avec le niveau d'éducation, la part d'une composante alternant des hausses et des
baisses à mesure que le niveau d'éducation du chef de ménage augmente.
Les ménages dirigés par un homme fournissent 92% du revenu du patrimoine, part légèrement
inférieure à leur part de population contrairement aux ménages dirigés par une femme, 8% du
revenu de patrimoine pour 5% de la population. Dans les deux cas, la part du revenu de
propriété est supérieure à celle du revenu financier/d'épargne mais l'écart se creuse en
défaveur du revenu financier/d'épargne dans les ménages dirigés par une femme.
Tableau 26. Revenu de patrimoine du ménage par sexe et éducation du chef de ménage (en % et millions fcfa)
Revenu de patrimoine (%) Revenu de propriété (%) Revenu financier ou d'épargne (%)
Homme 92 73 27
Femme 8 88 12
Aucun niveau 58 71 29
Maternel 0 0 0
Fondamental 1 10 81 19
Fondamental 2 10 87 13
Secondaire 10 69 31
Supérieur 12 75 25
Total (millions fcfa) 25 930 19 113 6 817
% 100 74 26
Source: EMOPP 2014
Le revenu de patrimoine total revient à 149 fcfa par an et par personne, moyenne nationale qui
varie selon le milieu de résidence, le niveau de vie, le niveau d'éducation ou le genre du chef
de ménage. Des milieux de résidence, Bamako a la plus forte moyenne (4 579 fcfa), suivi des
autres communes urbaines (3 465 fcfa), le milieu rural venant en dernière position, très loin
des autres. Le revenu de patrimoine est le plus important dans les déciles supérieurs (8 à 10)
comparativement aux déciles inférieurs (1 à 7) avec des écarts très importants entre ces 2
groupes. Les 10% les plus riches gagnent près de 300 fois (6 535 fcfa) ce que gagnent les 10%
les plus pauvres (23 fcfa). Seuls les déciles 8 à 10 ont une moyenne supérieure à la moyenne
nationale.
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Graphique 3. Revenu de patrimoine moyen du ménage par strate et par décile (en fcfa)
0 1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 6 000 7 000
Bamako
Autre urbain
Rural
D1
D2
D3
D4
D5
D6
D7
D8
D9
D10
Total
4 579
3 465
639
23
447
359
695
817
780
862
1 595
2 780
6 535
1 490
Source: EMOPP 2014
Le revenu de patrimoine par tête augmente continuellement avec le niveau d'éducation du
chef de ménage, de 1142 fcfa annuels pour les sans instruction à 7 361 fcfa annuels pour le
niveau supérieur. La moyenne annuelle est dépassée pour les niveaux fondamental 2 et plus,
contrairement aux niveaux d'éducation inférieurs.
Graphique 4. Revenu de patrimoine moyen par sexe et éducation du chef de ménage (en fcfa)
0 1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 6 000 7 000 8 000
Homme
Femme
Aucun niveau
Maternel
Fondamental 1
Fondamental 2
Secondaire
Supérieur
Total
1 451
2 155
1 142
0
1 226
2 721
3 880
7 361
1 490
Source: EMOPP 2014
2.2.1. Revenu de propriété
Le revenu de la propriété est constitué de recettes perçues au titre de la propriété d’actifs
financiers ou non financiers fournis à d’autres pour qu’ils les utilisent. Il s’agit habituellement
de recettes générées par des intérêts, de dividendes, de loyers perçus pour l’utilisation d’actifs
non produits (ressources naturelles), de redevances pour l’utilisation de la propriété
intellectuelle et de loyers perçus pour des actifs produits (OIT, 2003). Le revenu total de
propriété (19 milliards fcfa) est reparti entre les ménages de Bamako pour 42%, les ménages
d'autre milieu urbain pour 32% et les ménages ruraux pour 28%. Les écarts relativement
faibles entre ces parts s'explique d'une part par le niveau élevé du revenu de propriété en
milieu urbain (Bamako et autre urbain) et d'autre part le nombre élevé des ménages ruraux
bien que leur niveau de revenu de propriété soit faible. Cela se confirme au regard des revenus
de propriété moyens dans chaque milieu, 3 520 fcfa par an et par personne à Bamako et 2 738
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Onef
fcfa dans autre urbain et 401 fcfa en milieu rural. Les écarts importants s'expliquent du fait de
la prise en compte du nombre total de ménages dans chaque milieu. Le revenu de propriété est
très faible en milieu rural, probablement en raison du taux élevé de pauvreté dans ce milieu.
Comme on pouvait s'y attendre la part de revenu de propriété augmente avec le niveau de vie
du ménage. Les 4 premiers déciles représentent à peine 5% du revenu total de propriété, très
loin des 53% du décile 10 voire des 16% du décile 9 ou des 11% du décile 8. Les plus pauvres
n'ont que très peu de revenu de propriété, revenu qui est presque l'apanage des 30% les plus
riches avec 80% du revenu total de patrimoine. Ce sont d'ailleurs ces 3 déciles qui ont un
revenu de propriété moyen supérieur à la moyenne nationale de 1 098 fcfa par an et par
personne. Dans les autres déciles, le revenu de propriété moyen chute de façon drastique
jusqu'à s'annuler pour les 10% les plus pauvres.
Tableau 27. Revenu de propriété du ménage par strate et décile
Revenu de propriété (%) Revenu de propriété moyen (fcfa)
Bamako 42 3 520
Autre urbain 32 2 738
Rural 28 401
D1 0 0
D2 0 39
D3 2 166
D4 3 299
D5 4 385
D6 7 733
D7 6 673
D8 11 1 226
D9 16 1 711
D10 53 5 634
Total (fcfa) 19 113 637 192 1 098
Source: EMOPP 2014
Les ménages dont le chef est sans instruction fournissent plus de la moitié du revenu total de
propriété (56%) même si ce pourcentage est largement inférieur à leur part de population.
Cependant, le revenu de propriété moyen de ces ménages est le plus faible, 809 francs par an
et par personne, très loin des 5 526 fcfa annuels du niveau supérieur qui ne représente
pourtant que 13% du revenu total de propriété. Les niveaux fondamental 1 et fondamental 2
représentent chacun 11% du revenu total de propriété mais ont des de revenus de propriété
moyens très différents, respectivement 989 fcfa et 2 369 fcfa à cause de la différence
d'effectifs.
Les ménages dirigés par des hommes fournissent 91% du revenu de propriété et ne laissent
que 9% aux ménages dirigés par des femmes. Ce classement s'inverse entre ces deux types de
ménages quand on s'intéresse au revenu de propriété moyen, 1 889 fcfa pour les ménages des
chefs femmes et 1 052 fcfa pour les ménages des chefs hommes.
Tableau 28. Revenu de propriété du ménage par sexe et éducation du chef de ménage (en % et fcfa)
Revenu de propriété (%) Revenu de propriété moyen (fcfa)
Homme 91 1 052
Femme 9 1 889
Aucun niveau 56 809
Maternelle 0 0
Fondamental 1 11 989
Fondamental 2 11 2 369
Secondaire 9 2 674
Supérieur 13 5 526
Total (fcfa) 19 113 637 192 1 098
Source: EMOPP 2014
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Onef
2.2.2. Revenu financier ou d'épargne
Le revenu financier ou d'épargne (7 milliards fcfa) provient des ménages ruraux pour près de
la moitié (47%) de Bamako pour 35% et d'autre urbain pour un peu moins du quart (23%).
Malgré la part importe du rural, la moyenne de revenu financier/d'épargne est la plus faible,
238 fcfa par an et par personne, loin des 1 059 fcfa de Bamako et même des 726 fcfa d'autre
urbain. Comme le revenu de propriété, le revenu financier/d'épargne est essentiellement
généré dans le milieu urbain.
Bien que les deux derniers déciles aient les deux plus importantes parts de revenu financier et
que le décile le plus pauvre ait la plus petite part, on pourrait en déduire une relation
monotone croissante entre le niveau de vie et la part de revenu financier. Cependant, entre ces
deux groupes extrêmes, la part de revenu alterne des hausses et des baisses à mesure que le
niveau de vie s'élève. La moyenne maximale de revenu financier est pour le décile 9 (1 069
fcfa) et la minimale pour le décile 1 (23 fcfa). Toujours en moyenne, le décile 2 gagne plus
que les deux déciles qui le suivent et le cinquième plus que les trois autres qui le suivent, soit
un lien un peu chaotique entre niveau de vie du ménage et revenu moyen financier ou
d'épargne.
Tableau 29. Revenu financier/d'épargne du ménage par strate et décile
Revenu financier ou d'épargne (%) Revenu financier ou d'épargne moyen (fcfa)
Bamako 35 1 059
Autre urbain 23 726
Rural 47 238
D1 1 23
D2 11 408
D3 5 192
D4 11 396
D5 11 431
D6 1 47
D7 5 189
D8 10 368
D9 28 1 069
D10 24 901
Total (fcfa) 6 816 712 153 392
Source: EMOPP 2014
Par niveau d'éducation, les ménages des chefs sans instruction ont en même temps la plus
grande part de revenu (65%) financier/d'épargne et la deuxième plus petite moyenne de ce
revenu (333 fcfa par tête). C'est au niveau fondamental des chefs de ménages qu'on a la plus
petite part (7%) et la plus petite moyenne (237 fcfa) de revenu financier/d'épargne. Les
niveaux secondaire (11%) et supérieur (12%) sont les seuls à dépasser leurs parts de
population, respectivement 4 et 3% et à dépasser la moyenne nationale de revenu
financier/d'épargne (392 fcfa).
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Onef
Tableau 30. Revenu financier/d'épargne par sexe et éducation du chef de ménage (en % et fcfa)
Revenu financier ou d'épargne (%) Revenu financier ou d'épargne moyen (fcfa)
Homme 96 399
Femme 4 267
Aucun niveau 65 333
Maternelle 0 0
Fondamental 1 7 237
Fondamental 2 5 352
Secondaire 11 1 206
Supérieur 12 1 835
Total (fcfa) 6 816 712 153 392
Source: EMOPP 2014
2.3. Transferts et dons
Les transferts sont des recettes pour lesquelles il n’y a pas de contrepartie i.e. le bénéficiaire
ne donne rien de tangible en échange à l’auteur d'un transfert. Les transferts peuvent être
effectués entre des ménages, entre l’Etat et des ménages ou entre des ménages et des
organismes d’assistance. A la base des transferts se trouve principalement la volonté de
redistribuer le revenu, dans un cadre public (retraites) ou privé (aide familiale, pensions
privées). Ils réduisent la capacité de consommer du donateur et augmentent celle du
bénéficiaire. Les transferts peuvent être en espèces (au sens monétaire) ou sous forme de
biens ou de services. Ils peuvent traverser les frontières nationales (OIT, 2003). Les transferts
et dons totaux s'élèvent à 130 milliards de fcfa répartis entre les transferts sociaux publics, 96
milliards soit 74% et les transferts et dons privés, 34 milliards soit 26%. Le revenu total de
transferts et dons revient pour moitié aux ménages ruraux, pour un quart aux ménages de
Bamako et pour un autre quart aux ménages des autres communes urbaines. Par niveau de vie,
on note que les 20% les plus riches accaparent 63% du total des transferts et dons, les 20% les
plus pauvres ne bénéficiant que de 6%.
La répartition du revenu de transferts et dons change quelque peu selon le milieu et le niveau
de vie. La prédominance des transferts sociaux publics se vérifie dans tous les milieux mais,
par rapport à la moyenne nationale, la part des transferts et dons privés augmente en milieu
rural (39%) et diminue dans les autres milieux urbains (15%) en dehors de Bamako. Par
niveau de vie, la part des transferts sociaux ne diminue pas le long des déciles mais au
contraire a tendance à la hausse quand le niveau de vie augmente. De façon équivalente, les
transferts et dons privés perdent de l'importance dans le revenu total de transferts et dons à
mesure qu'on monte dans les déciles. Dans tous les cas, la plus petite part de transferts sociaux
publics (30%) et la plus grande part de transferts et dons privés (70%) sont pour les 10% les
plus pauvres et la plus grande part de transferts sociaux publics (80%) et la plus petite part de
transferts et dons privés (20%) pour les 10% les plus riches.
L'analyse du revenu de transferts et dons par tête montre qu'en moyenne, dans l'ensemble du
pays, chaque malien gagne, par an, 7 461 fcfa en revenu de transferts et dons. Cette moyenne
est plus forte dans d'autres communes urbaines (en dehors de Bamako) soit 16 252 fcfa et à
Bamako soit 14 100 fcfa. Un rural gagne à peu près le tiers de ces montants (5 132 fcfa). On
constate clairement une relation positive entre le niveau de vie du ménage et le revenu moyen
de transferts et dons qui passe de 1 259 fcfa pour les 10% d'individus les plus pauvres à
32'758 fcfa pour les 10% les plus riches.
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Onef
Tableau 31. Revenu transferts/dons du ménage par strate et par décile (en % et fcfa)
Total transferts et dons Transferts sociaux publics Transferts et dons privés Transferts et dons par tête (fcfa)
Bamako 25% 77% 23% 14 100
Autre urbain 27% 85% 15% 16 252
Rural 53% 61% 39% 5 132
D1 2% 30% 70% 1 259
D2 4% 40% 60% 2 598
D3 3% 46% 54% 2 076
D4 3% 57% 43% 2 057
D5 6% 71% 29% 4 402
D6 8% 51% 49% 5 493
D7 9% 76% 24% 6 429
D8 8% 72% 28% 6 043
D9 18% 71% 29% 13 408
D10 45% 80% 20% 32 758
Total (fcfa) 129 868 324 618 95 768 902 781 34 099 421 837 7 461
% 100 74 26
Source: EMOPP 2014
Les 51% du revenu de transfert et dons proviennent des ménages dirigés par un chef sans
niveau d'instruction, suivi par le secondaire (18%), le supérieur (13%) et le fondamental 2
(10%). Les ménages dont le chef n'a aucun niveau d'instruction gagnent moins que leur part
de population contrairement aux 3 autres niveaux d'instruction cités. Quel que soit le niveau
d'instruction du chef de ménage, la part des transferts sociaux publics est supérieure à celle
des transferts et dons privés. En plus, la part des transferts sociaux publics a tendance à
augmenter avec le niveau d'instruction du chef de ménage, contrairement aux transferts et
dons privés dont la part a tendance à baisser, en ne tenant pas compte du niveau maternelle
séparément.
Selon le sexe du chef de ménage, dans les ménages dirigés par un homme, la répartition du
revenu total de transferts et dons (84% du total) entre transferts et dons sociaux publics et les
transferts et dons privés est conforme à la structure au niveau national, 76% transferts publics
et 24% transferts privés. Par contre, dans les ménages dirigés par une femme, la structure
(63% et 37%) se rééquilibre en faveur des transferts privés. En termes de moyenne de revenu
de transferts et dons, les ménages des chefs de niveau fondamental 1 ou moins et les ménages
dirigés par un homme n'atteignent pas la moyenne nationale de 7 461 fcfa, contrairement aux
ménages dont le chef a le niveau fondamental 2 ou plus et ceux dirigés par une femme.
Tableau 32. Revenu transferts/dons du ménage par sexe et éducation du chef de ménage (en % et fcfa)
Total transferts et dons Transferts sociaux publics Transferts et dons privés Transferts et dons par tête
Homme 84% 76% 24% 6 643
Femme 16% 63% 37% 21 608
Aucun niveau 51% 62% 38% 4 985
Maternel 0% 100% 0% 2 938
Fondamental 1 8% 63% 37% 4 930
Fondamental 2 10% 79% 21% 13 825
Secondaire 18% 91% 9% 37 254
Supérieur 13% 98% 2% 38 262
Total 129 868 324 618 95 768 902 781 34 099 421 837 7 461
% 100 74 26
Source: EMOPP 2014
2.3.1. Transferts sociaux publics
Les transferts courants reçus (OIT, 2003) comprennent (i) les régimes de sécurité sociale et/ou
prestations d’assurance et allocations de régimes publics prévus par la loi, (ii) les pensions et
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Onef
autres prestations d’assurance reçues de régimes d’assurance sociale offerts par les
employeurs et non couverts par la législation de la sécurité sociale, (iii) les prestations
d’assistance sociale de l’Etat équivalant aux prestations des régimes de sécurité sociale mais
non fournies par ces régimes, (iv) les transferts courants d’institutions à but non lucratif, y
compris les organismes de bienfaisance.
Les ménages ruraux ont la plus grande part de revenus de transferts sociaux publics (44%)
mais la plus faible moyenne de tous les milieux, 3 133 fcfa. Le reste du revenu de transferts
sociaux publics est réparti entre Bamako (26%) et les autres communes urbaines (32%) pour
des moyennes annuelles de revenus de transferts sociaux publics respectives de 10 825 fcfa et
de 13 858 fcfa. En moyenne, une personne vivant en milieu rural reçoit beaucoup moins en
transferts sociaux publics qu'une personne vivant en milieu urbain.
L'essentiel des revenus de transferts sociaux publics revient paradoxalement aux ménages les
plus riches, 67% de transferts pour les 20% les plus riches, au détriment des ménages les plus
pauvres, 3% des transferts pour les 20% les plus pauvres. De même, une personne du décile
10 reçoit, en moyenne, 26 fois plus de transferts sociaux publics (26'145 fcfa) qu'une personne
du décile 1 (382 fcfa). Les transferts sociaux publics ne vont pas prioritairement aux plus
pauvres mais sont accaparés par les plus riches.
Tableau 33. Revenu de transferts sociaux publics par strate et par décile
Transferts sociaux publics (%) Transferts sociaux publics par tête (fcfa)
Bamako 26 10 825
Autre urbain 32 13 858
Rural 44 3 133
D1 1 382
D2 2 1 037
D3 2 947
D4 2 1 173
D5 6 3 136
D6 5 2 776
D7 9 4 911
D8 8 4 376
D9 18 9 506
D10 49 26 145
Total (fcfa) 95 768 902 781 5 502
% 74%
Source: EMOPP 2014
La part de transferts sociaux publics ne semble pas avoir de lien avec le niveau d'éducation du
chef de ménage mais le montant moyen transféré par tête à un ménage augmente clairement
avec ce niveau d'éducation, de 3 092 fcfa pour aucun niveau à 37 351 fcfa pour
l'enseignement supérieur. Les niveaux fondamental 1 ou moins n'atteignent pas la moyenne
nationale de 5 502 fcfa contrairement aux autres niveaux d'éducation. Les ménages dirigés
par une femme dépassent ceux dirigés par un homme en termes de revenus de transferts
sociaux publics moyens, 13 634 contre 5 032 fcfa, situation qui s'inverse quand il s'agit de la
part de revenus de transferts sociaux publics.
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Onef
Tableau 34. Revenu transferts sociaux publics du ménage par sexe et éducation du chef de ménage
Transferts sociaux publics (%) Transferts sociaux publics par tête (fcfa)
Homme 86 5 032
Femme 14 13 634
Aucun niveau 43 3 092
Maternel 0 2 938
Fondamental 1 7 3 099
Fondamental 2 10 10 925
Secondaire 23 33 998
Supérieur 17 37 351
Total (fcfa) 95 768 902 781 5 502
% 74
Source: EMOPP 2014
2.3.2. Transferts et dons privés
Les transferts et dons privés reçus, en espèces ou sous forme de biens, comprennent les
transferts courants d’autres ménages e.g. aide familiale (par exemple pensions alimentaires,
contribution à l’entretien des enfants), sommes régulières provenant d’un héritage ou d’un
fonds de dépôt, aides financières ou dons réguliers (OIT, 2003). Les 78% des transferts
privés, d'un ménage à un autre, vont vers le milieu rural, suivi de Bamako (22%) et des autres
communes urbaines (15%). Bien qu'elle soit la plus élevée à Bamako (3275 fcfa), la moyenne
de ces transferts est comparable d'un milieu à l'autre, 2000 fcfa en milieu rural et 2394 fcfa
pour autre urbain.
Les deux derniers déciles ont les deux plus grandes parts de transferts privés, 35% pour le
plus riche et 20% pour le deuxième plus riche. Par contre, les 20% les plus pauvres ne
reçoivent que 13% des transferts privés. Malgré tout, le lien entre niveau de vie et part de
transferts privés reçus n'est pas clair avec une alternance de hausses et de baisses de la part
reçue le long des déciles. La même situation se présente quant à la distribution des transferts
privés moyens selon les déciles.
Tableau 35. Revenu de transferts et dons privés par strate et décile
Transferts et dons privés (%) Transferts et dons privés par tête (fcfa)
Bamako 22 3 275
Autre urbain 15 2 394
Rural 78 2 000
D1 5 877
D2 8 1 562
D3 6 1 129
D4 5 884
D5 7 1 265
D6 14 2 717
D7 8 1 518
D8 9 1 667
D9 20 3 903
D10 35 6 613
Total (fcfa) 34 099 421 837 1 959
% 26
Source: EMOPP 2014
Les 34 milliards fcfa de transferts privés vont à raison de 74% vers les ménages dont le chef
est sans instruction, 11% vers les ménages des chefs de niveau fondamental 1, 8% vers le
fondamental 2, 6% vers le secondaire et 1% vers le supérieur. On voit clairement que la part
de transferts privés reçus par un ménage diminue avec le niveau d'éducation de son chef. On
note également que le revenu moyen de transferts privés suit une trajectoire différente le long
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Onef
des niveaux d'éducation (compte non tenu du niveau maternel d'enseignement) avec une
valeur maximale de 3 256 fcfa pour le secondaire suivi du fondamental 2 (2 900 fcfa) et une
valeur minimale de 910 fcfa par an et par personne pour le niveau supérieur des chefs de
ménages.
L'ensemble des ménages dirigés par un homme reçoit une part beaucoup plus importante
(78%) des transferts privés que les ménages dirigés par une femme (22%). Cependant, en
moyenne, un membre du premier groupe de ménages reçoit moins (1 611 fcfa) qu'un membre
du second groupe de ménages (7 974 fcfa).
Tableau 36. Revenu de transferts et dons privés du ménage par sexe et éducation du chef de ménage
Transferts et dons privés (%) Transferts et dons privés par tête (fcfa)
Aucun niveau 74 1 893
Maternel 0 0
Fondamental 1 11 1 832
Fondamental 2 8 2 900
Secondaire 6 3 256
Supérieur 1 910
Homme 78 1 611
Femme 22 7 974
Total (fcfa) 34 099 421 837 1 959
% 26
Source: EMOPP 2014
2.4. Autres revenus
Les autres revenus comprennent des aides, le revenu de mendicité, l'équivalent revenu de la
prise en charge, d'autres revenus réguliers et d'autres revenus irréguliers. Ce sont au total 304
milliards fcfa gagnés par les ménages sur l'une de ces formes. Ce total revient à 61% aux
ménages ruraux, 25% aux ménages de Bamako et 17% aux ménages d'autres communes
urbaines. Quel que soit le milieu, l'essentiel des autres revenus est sous forme d'aides et prises
en charge, 89% à Bamako, 95% dans autre urbain et 97% en milieu rural.
La part des autres revenus du ménage augmente avec son niveau de vie, de 2% pour les 10%
les plus pauvres et 29% pour les 10% les plus riches. Encore une fois, la quasi-totalité des
autres revenus sont des revenus d'aides et prises en charge ou d'autres revenus réguliers, entre
90 et 99% pour ces types de revenus, selon la strate ou le niveau de vie du ménage.
Tableau 37. Autres revenus du ménage par strate et par décile (en % et fcfa)
Autres revenus Mendicité
Aides et
prise en charge
Autres
revenus réguliers
Autres
revenus irréguliers
Bamako 25 0 89 9 1
Autre urbain 17 1 95 4 1
Rural 61 0 97 2 1
D1 2 0 99 0 1
D2 3 0 99 0 1
D3 4 0 98 0 1
D4 6 1 96 0 2
D5 8 0 99 0 1
D6 10 1 96 2 2
D7 10 0 98 0 1
D8 13 0 98 1 1
D9 19 0 94 6 1
D10 29 0 90 9 1
Total (fcfa) 303 806 214 390 533 168 419 288 771 395 984 11 399 259 139 3 102 390 848
% total 100 0 95 4 1
Source: EMOPP 2014
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La part d'un ménage dans les autres revenus augmente avec le niveau d'éducation de son chef,
les 71% revenant aux ménages des sans instruction, les 13% aux ménages des chefs de niveau
fondamental 1. Les niveaux, fondamental 2, secondaire et supérieur ont respectivement 5%,
6% et 5%. Bien que le revenu total d'aides et prise en charge soit la principale composante, à
tous les niveaux d'éducation de chef de ménages, le poids des autres revenus réguliers n'est
pas négligeable pour les niveaux fondamental 1 (9%), secondaire (9%) ou supérieur (10%).
On aura remarquer le poids négligeable des revenus de mendicité dans le total, de tels revenus
totalisant néanmoins 533 millions fcfa par an pour l'ensemble de la population, 31 fcfa
annuels par habitant.
Les ménages dirigés par un homme comptent pour 88% des autres revenus du ménage contre
12% pour les ménages dirigés par une femme. Le poids des revenus d'aides et prise en charge
est de 95% pour les ménages des hommes et 92% pour les ménages des femmes.
Tableau 38. Autres revenus du ménage par sexe et éducation du chef de ménage (en % et fcfa)
Autres revenus Mendicité
Aides et
prise en charge
Autres
revenus réguliers
Autres
revenus irréguliers
Homme 88 0 95 3 1
Femme 12 0 92 6 2
Aucun niveau 71 0 97 2 1
Maternel 0 0 100 0 0
Fondamental 1 13 0 90 9 1
Fondamental 2 5 0 94 4 2
Secondaire 6 0 90 9 1
Supérieur 5 0 89 10 0
Total (fcfa) 303 806 214 390 533 168 419 288 771 395 984 11 399 259 139 3 102 390 848
Source: EMOPP 2014
Les autres revenus totaux des ménages reviennent à 17 453 fcfa par an et par tête dont 16 589
fcfa de revenu d'aides et prise en charge et 655 fcfa d'autres revenus réguliers. La moyenne
des autres revenus à Bamako (33 488 fcfa) comprend 29 831 francs de revenus d'aides et prise
en charge, 3 153 fcfa d'autres revenus réguliers et 497 fcfa d'autres revenus irréguliers. Ce
sont les plus grandes moyennes de tous les milieux. Les autres milieux urbain et rural suivent
avec respectivement 22 921 fcfa et 13871 fcfa comme moyennes d'autres revenus du ménage.
Les revenus moyens augmentent le long des déciles, qu'il s'agisse des autres revenus du
ménage ou de sa principale composante, le revenu d'aides ou prise en charge.
Tableau 39. Autres revenus moyens du ménage par strate et par décile (en fcfa)
Autres revenus Mendicité
Aides et
prise en charge
Autres
revenus réguliers
Autres
revenus irréguliers
Bamako 33 488 9 29 831 3 153 497
Autre urbain 22 921 129 21 720 873 200
Rural 13 871 19 13 493 214 144
D1 3 440 11 3 404 0 24
D2 5 420 3 5 347 5 66
D3 7 264 21 7 154 0 90
D4 9 368 134 9 013 4 217
D5 13 262 0 13 169 0 93
D6 16 394 122 15 681 314 277
D7 17 479 14 17 214 73 178
D8 21 621 0 21 197 216 208
D9 31 939 0 29 869 1 798 272
D10 48 822 0 43 996 4 296 531
Total 17 453 31 16 589 655 178
Source: EMOPP 2014
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Onef
Les autres revenus moyens sont les plus élevés dans les ménages dont le chef a un niveau
d'éducation supérieur (35 713 fcfa) et les plus bas dans les ménages des chefs sans instruction.
(16 202 fcfa). Entre ces 2 niveaux, la moyenne connait des hauts et des bas quand le niveau
d'éducation du chef de ménage augmente. Une situation semblable se présente quant à la
composante principale des autres revenus du ménage à savoir les revenus d'aides et prise en
charge. Les revenus moyens des ménages dirigés par une femme sont supérieurs à ceux des
ménages dirigés par un homme, 37 414 fcfa contre 16 300 fcfa de moyenne des autres revenus
du ménage et 34 400 fcfa contre 15 560 fcfa de moyenne des revenus d'aides et prise en
charge.
Tableau 40. Autres revenus moyens du ménage par sexe et éducation du chef de ménage (en fcfa)
Autres revenus Mendicité
Aides et
prise en charge
Autres
revenus réguliers
Autres
revenus irréguliers
Aucun niveau 16 202 38 15 698 306 160
Maternel 29 378 0 29 320 0 58
Fondamental 1 18 939 11 17 010 1 733 185
Fondamental 2 16 347 0 15 438 581 329
Secondaire 26 594 0 23 824 2 450 320
Supérieur 35 713 0 31 963 3 576 174
Homme 16 300 31 15 560 557 151
Femme 37 414 21 34 400 2 344 648
Total 17 453 31 16 589 655 178
Source: EMOPP 2014
3. Distribution du revenu des ménages
A l'instar de la pauvreté, la mesure de l'inégalité s'opère à l'aide de plusieurs indicateurs dont
la plupart ont été développés à partir de la courbe de Lorenz qui représente le pourcentage
cumulé du revenu en fonction du pourcentage cumulé de la population. Si les indicateurs de
pauvreté concernent la queue de la distribution, les indicateurs d'inégalité concernent toute la
population pour relativiser les positions des individus, d'où la maxime: "Il y a peu de
personnes qui ont beaucoup et beaucoup de personnes qui ont peu". Selon Kuznets, l'inégalité
croît au fur et à mesure de la croissance d'un pays jusqu'à un certain niveau de développement
puis décroît à partir de là, soit une courbe en U renversé (Flückiger et al, 2005).
A l'instar des indicateurs de pauvreté, les mesures de l'inégalité doivent satisfaire un certain
nombre de propriétés ou axiomes (Flückiger et al, 2005), entre autres:
l'indépendance de la taille de la population ou invariance à l'échelle
la symétrie i.e. l'inégalité doit restée inchangée si deux individus changent de place
la décomposabilité par sous-groupes
la sensibilité au transfert (ou principe des transferts de Pigou et Dalton) i.e. l'inégalité
doit baisser si un transfert a lieu entre un riche et un pauvre, "Toute mesure d'inégalité
doit respecter le principe selon lequel chaque fois qu'un revenu est transféré entre deux
personnes, les inégalités diminuent (augmentent) si le donateur a un revenu plus (moins)
élevé que le bénéficiaire" (Ravallion p. 45).
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29
Onef
La décomposabilité suppose qu'on distingue S sous-groupes de la population avec
s
j
j nn
1
alors, l'indice d'inégalité se décompose en deux composantes (une intragroupe et une
intergroupe) tel que
ergroupecomposante
ragroupecomposante
S
j
jj BIWI
int
int
1
La composante B est un indice d'inégalité calculé sous l'hypothèse que chaque individu du
groupe j Sj ,1 a un revenu égal au revenu moyen de son groupe
j
k
k
j
j Y
n
1
1
tandis que
le coefficient de pondération de la composante intragroupe est donnée par:
jj
j
n
n
W
La littérature (Flückiger et al, 2005) distingue 3 grandes classes d'indices d'inégalité, à savoir:
les mesures statistiques de dispersion
les indices d'entropie généralisée
les indices Atkinson-Kolm-Sen.
3.1. Indicateurs statistiques d'inégalité de revenu
Les indicateurs statistiques d'inégalité de revenu comprennent les quantiles (dont les déciles)
et les mesures statistiques de dispersion comprenant à leur tour (i) l'indice de Gini, (ii) la
variance, (ii) le coefficient de variation et (iii) les rapports de quantiles ou ratios de dispersion
des quantiles e.g. Q90/Q10 ou Q80/Q20. Les représentations graphiques les plus utilisées
pour les mesures d'inégalité sont (Flückiger et al, 2005) la distribution de fréquences, la
distribution de fréquences cumulées, la courbe de Lorenz ou le lien entre les parts cumulées
de dépenses et les parts cumulées de la population.
3.1.1. Déciles de revenu
Les déciles sont les valeurs qui partagent la distribution en 10 parties d'effectifs égaux. Le
premier est le seuil en dessous duquel se trouvent les 10% de ménages ayant le plus faible
revenu et le dernier est le seuil au-dessus duquel se situent les 10% des ménages ayant le plus
haut revenu (Insee, 2012).
Au Mali, les pauvres (D1 à D4) constituent 40% de la populations mais ne pèsent que pour
14% dans le revenu total des ménages, 14% dans le revenu d'activités, 10% dans le revenu de
patrimoine,12% dans les transferts et dons et 15% dans les autres revenus. La classe moyenne
(D5 à D9, soit 50% de la population) vaut 54% du revenu total des ménages, 55% du revenu
total d'activités, 47% du revenu de patrimoine, 49% des transferts et dons et 60% des autres
revenus. Quant aux riches (D10, 10% de la population), ils accaparent 32% du revenu total du
ménage, 33% du revenu total d'activités, 43% du revenu de patrimoine, 40% des transferts et
dons et 26% des autres revenus.
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Onef
La part des différentes composantes du revenu est comparable à la part de population pour la
classe moyenne. Ce n'est pas le cas pour les pauvres ni pour les riches et ces deux groupes ont
des ordres de grandeur inverses entre les parts de revenu et de population. Les pauvres pèsent
plus dans la population que dans les différents revenus du ménage contrairement aux riches
qui pèsent plus dans les différents revenus que dans la population.
Tableau 41. Distributions des revenus par déciles (en % et fcfa)
Revenu du ménage Revenu d'activité Revenu de patrimoine Transferts et dons Autres revenus
D1 1 1 0 2 2
D2 3 3 3 4 3
D3 4 4 2 3 4
D4 6 6 5 3 6
D5 7 7 6 6 8
D6 8 8 5 8 10
D7 10 10 6 9 10
D8 12 13 11 8 13
D9 17 17 19 18 19
D10 32 33 43 40 26
Total (fcfa) 2 404 101 389 926 1 944 496 501 574 25 930 349 345 129 868 324 618 303 806 214 390
Source: EMOPP 2014
3.1.2. Rapports interquantiles
A partir des déciles, plusieurs ratios (ou rapports interquantiles) peuvent être établis comme
par exemple le rapport de D10 sur D1 qui suggère ici que les 10% les plus riches gagnent en
moyenne 26 fois plus que les 10% les plus pauvres. Ce rapport est le même pour les transferts
et dons, mais de 29 pour le revenu d'activités, de 282 pour le revenu de patrimoine et de 14
pour les autres types de revenus (réguliers et irréguliers). On peut établir des rapports
similaires sur la base non pas des déciles mais des classes de revenus que sont les pauvres (les
4 premiers déciles), la classe moyenne (les 5 déciles suivants) scindée à son tour en classe
moyenne inférieure (déciles 5 à 7) et classe moyenne supérieure (déciles 8 et 9), et enfin les
riches (le dernier décile de revenu, D10).
En désignant ces différentes classes par G1, G2 et G3 respectivement G4, on s'aperçoit que
les riches gagnent 10 fois plus de revenu total que les pauvres, 3 fois plus que la classe
moyenne, à raison de 4 fois plus que sa couche inférieure et 2 fois plus que sa couche
supérieure. La classe moyenne à son tour gagne 3 fois plus que les pauvres dont la moyenne
inférieure 2 fois plus et la moyenne supérieure 4 fois plus.
Tableau 42. Rapports interquantiles des distributions de revenu
Revenu total
Revenu
d'activité
Revenu de
patrimoine
Transferts
et dons
Autres
revenus
D10/D1 26.0 28.7 281.6 26.0 14.2
Riches/Pauvres 10.0 9.9 17.2 16.4 7.7
Riches/Classe moyenne 3.2 3.2 4.8 4.6 2.4
Riches/ Classe moyenne inférieure 4.3 4.3 8.0 6.0 3.1
Riches/ Classe moyenne supérieure 2.3 2.3 3.0 3.4 1.8
Classe moyenne/Pauvres 3.1 3.1 3.6 3.6 3.2
Classe moyenne supérieure /Pauvres 4.3 4.3 5.7 4.9 4.2
Classe moyenne inférieure /Pauvres 2.3 2.3 2.2 2.7 2.5
Source: EMOPP 2014
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31
Onef
3.1.3. Coefficient de variation
L'écart-type du revenu total du ménage est de 220 945 fcfa autrement dit les observations de
revenu sont plus grandes ou plus petites que la moyenne, avec un écart moyen de plus ou
moins 220 945 fcfa. On peut relever deux constats majeurs, d'une part l'écart moyen autour de
la moyenne est d'autant plus grand que l'on va dans les déciles supérieurs et d'autre part le
revenu total et le revenu d'activité sont plus dispersés autour de leur moyenne que les autres
composantes du revenu total. Le revenu du patrimoine est le moins dispersé, 18 095 fcfa
d'écart-type, suivi des autres revenus avec un écart type de 48 204 fcfa.
Tableau 43. Ecart-types de revenu par décile (en fcfa)
Revenu total Revenu d'activité Revenu de patrimoine Transferts et dons Autres revenus
D1 12 039 11 788 1 090 3 257 8 240
D2 10 656 16 507 4 300 7 139 14 102
D3 12 585 20 860 3 335 7 168 18 757
D4 16 213 26 002 6 179 7 132 23 058
D5 18 151 30 882 6 453 14 713 26 502
D6 23 044 37 733 4 375 15 098 32 962
D7 28 858 43 974 6 092 21 417 34 447
D8 33 537 50 118 9 659 25 360 38 073
D9 44 248 73 951 21 291 40 968 51 713
D10 372 450 364 762 38 254 116 728 86 478
Total 220 945 201 206 18 095 52 253 48 204
Source: EMOPP 2014
En divisant les écarts type par les moyennes, on se rend compte que le revenu de patrimoine
connait la plus forte variabilité avec un coefficient de variation de 12.1, suivi des transferts et
dons, 7 et des autres revenus, 2.8. Le revenu total et le revenu d'activités qui ont pourtant les
plus grands écart-types sont de moindre variabilité au regard de leur coefficient de variation,
respectivement 1.6 et 1.8. Les plus fortes variabilités ne sont plus pour les déciles supérieurs
mais au contraire pour certains types de revenus, les plus fortes variabilités s'observent dans
les déciles les plus pauvres, c'est le cas pour le revenu de patrimoine où le coefficient de
variation atteint 47 dans le décile 1 et pour les autres revenus où le coefficient de variation le
plus élevé (2.6) est pour les déciles 2 et 3.
Tableau 44. Coefficient de variation par décile
Revenu total Revenu d'activité Revenu de patrimoine Transferts et dons Autres revenus
D1 0.7 0.9 47.0 2.6 2.4
D2 0.3 0.5 9.6 2.7 2.6
D3 0.2 0.5 9.3 3.5 2.6
D4 0.2 0.4 8.9 3.5 2.5
D5 0.2 0.4 7.9 3.3 2.0
D6 0.2 0.5 5.6 2.7 2.0
D7 0.2 0.4 7.1 3.3 2.0
D8 0.2 0.4 6.1 4.2 1.8
D9 0.2 0.4 7.7 3.1 1.6
D10 0.8 1.0 5.9 3.6 1.8
Total 1.6 1.8 12.1 7.0 2.8
Source: EMOPP 2014
En résumé et au regard du coefficient de variation, les plus grandes inégalités sont le revenu
de patrimoine (encore plus dans les déciles inférieurs que dans les déciles supérieurs) suivi
des transferts et dons, les plus faibles par contre sont dans les revenus d'activités ainsi que
dans le revenu total. Il y a moins d'égalité dans le revenu total que dans chacune des ses
composantes et l'inégalité dans ce revenu total est plus accentuée aux deux extrémités de la
distribution qu'à son centre.
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32
Onef
3.1.4. Indice de Gini
Sur le graphique (courbe de Lorenz), l'indice de Gini est le rapport de la surface A à la surface
totale A+B (Flückiger et al, 2005), soit:
BBA
A
BA
A
IG 2122 2
1
2
1
Cet indicateur est ainsi égal, par définition, à 2 fois la surface comprise entre la courbe de
Lorenz et la ligne de distribution égalitaire ou uniforme.
A défaut de disposer de la fonction continue de distribution de revenu mais plutôt du revenu
par tranches comme par exemple par déciles, l'indice de Gini est approximé par la formule de
Brown (Flückiger et al, 2005), à savoir:
n
k
kkkkG YYXXI
1
111
où X est la part cumulée de la population
Y la part cumulée du revenu
n le nombre de tranches de revenu
L'indice de Gini est l'indicateur le plus utilisé, compris entre 0 et 1 (dans bien d'applications
plutôt entre 0.2 et 0.5) quoiqu'il ne fasse pas de différence entre une inégalité dans les bas
revenus et une inégalité dans les hauts revenus. L'indice d'Atkinson permet de tenir compte de
ces différences et de considérer l'importance que la société attribue à l'inégalité. Amartya Sen
a proposé une "fonction de bien-être" égale à GIPIB 1 comme alternative à la médiane.
Les calculs sur les données de l'EMOP 2014 donnent un coefficient de Gini de 0.58 indiquant
que la distribution du revenu total est très inégalitaire au Mali. En effet, ce coefficient est
supérieur à 0.5 qui est généralement la limite supérieure obtenue dans la littérature empirique.
A
B
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Onef
3.2. Indices d'entropie et Atkinson-Kolm-Sen
Les indices d'entropie généralisée prennent la forme (Flückiger et al, 2005):
(1)
1
1
)1(
1
)(
1
n
i
i
Y
Y
n
GE
où n la population
Yi le revenu du ménage i
Y le revenu moyen
le paramètre d'aversion à l'inégalité
Pour différentes valeurs de , on a différents indices d'inégalité1.
(2) Pour 1
n
i
ii
Y
Y
Y
Y
n
GE
1
ln
1
)1( on obtient l'entropie de Shannon.
(3) Pour 0
n
i i
n
i
i
Y
Y
nY
Y
n
GE
11
ln
1
ln
1
)0( c'est l'Indice de Theil.
Lorsque le revenu est distribué de façon égalitaire YYi alors 0GE
L'Indice de Theil, lorsque 0 , "permet de mesurer la contribution d'un facteur donné à
l'inégalité totale" et "d'exprimer l'inégalité au sein d'un groupe socioéconomique ainsi que
l'inégalité entre les différents groupes sociaux"(Royaume du Maroc, 2002).
Les indices Atkinson-Kolm-Sen (AKS) ont la forme générale (Flückiger et al, 2005):
1
1
1
1)(
n
i
i
Y
Y
n
A avec 1 et 0
Pour la valeur 0 , l'indice AKS devient
n
i
i
Y
Y
n
A
1
ln
1
exp10 soit l'indice de Mac-Rae
qui est interprété comme une demande de revenu.
Comme pour le coefficient de variation, les indices d'entropie et d'Atkinson-Kolm-Sen
montrent moins d'inégalité dans le revenu total des ménages que dans chacune de ses
composantes à l'exception des autres revenus (ni d'activités, ni de patrimoine, ni sous forme
de transferts et dons). L'indice de Theil est supérieur à AKS et à celui de Shannon, pour tout
revenu ainsi que pour le total, sauf pour les transferts et dons où il est devancé par Shannon.
L'inégalité de revenu au Mali est conforme à l'inégalité du revenu d'activité. Par contre
l'inégalité est plus accentuée les transferts et dons et surtout pour les revenus de patrimoine et
plutôt atténuée pour les autres revenus
Tableau 45. Indices d'entropie et Atkinson-Kolm-Sen
Revenu total du
ménage
Revenu total
d'activité
Revenu de
patrimoine
Revenu total de
transferts et dons
Autres revenus
Shannon 0.33 0.33 0.56 0.53 0.26
Theil 0.37 0.38 0.72 0.45 0.28
AKS 0.31 0.31 0.51 0.36 0.24
1
Pour 2
2
22
1
2
1
2
1
1
1
2
1
)2( K
Y
Y
n
GE
n
i
i
moitié du carré du coefficient de variation
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34
Onef
Pour un certain nombre d'indices, l'inégalité peut être décomposée selon le milieu de
résidence, la région, la taille du ménage, le niveau d'instruction du chef de ménage, la
profession du chef de ménage et la branche d'activité du chef de ménage. En en retenant que
la strate (Bamako, autre urbain, rural), les classes de revenu (pauvre, moyen inférieur, moyen
supérieur et riche) et les déciles, les données de l'EMOP 2014 permettent de décomposer le
carré du coefficient de variation, correspondant à l'indice d'entropie pour 2 , en inégalités
intragroupe et intergroupe, non pas entre ménages mais entre individus. Ainsi par strate, la
composante intragroupe est de 98% contre seulement 2% pour la composante intergroupe.
C'est dire qu'en rapprochant les strates ou en réduisant l'inégalité entre elles, on ne réduirait
que de 2% l'inégalité entre les individus. La politique doit plutôt tendre vers la réduction de
l'inégalité à l'intérieur de chaque strate ce qui réduirait de beaucoup l'inégalité entre individus.
Cela donne un peu plus de sens à la décentralisation voire à la régionalisation où le
développement régional contribuerait plus à la réduction des inégalités individuelles que le
nivellement du développement des régions par un organisme central.
Tableau 46a. Décomposition (Revenu individuel total) de l'inégalité
Coefficient
de variation
Carré du
coefficient
W Carré * W Contribution
intragroupe
Contribution
intergroupe
S
tr
at
e
Bamako 2.23 4.98 0.42 2.07
Autre urbain 2.59 6.71 0.24 1.63
Rural 2.69 7.24 0.48 3.46
Total 2.70 7.29 7.15 98% 2%
C
la
ss
e
d
e
re
v
en
u
Classe pauvre 2.84 8.08 0.05 0.42
Classe moyenne inférieure 2.19 4.81 0.21 0.99
Classe moyenne supérieure 1.84 3.40 0.42 1.42
Classe riche 1.93 3.74 1.01 3.77
Total 2.70 7.29 6.18 85% 15%
D
éc
il
e
d
e
re
v
en
u
D1 3.14 9.85 0.00 0.02
D2 2.68 7.17 0.01 0.07
D3 2.54 6.46 0.02 0.12
D4 2.53 6.38 0.03 0.20
D5 2.32 5.38 0.05 0.25
D6 2.28 5.18 0.07 0.35
D7 2.00 4.00 0.10 0.39
D8 1.89 3.58 0.15 0.54
D9 1.77 3.15 0.28 0.87
D10 1.93 3.74 1.01 3.77
Total 2.70 7.29 6.58 90% 10%
La réduction de l'inégalité entre classes de revenu réduirait de 15% l'inégalité totale tandis que
la réduction des inégalités intraclasse contribuerait davantage à la réduction de l'inégalité dans
le pays. Il en est de même pour les déciles où le rapprochement des déciles contribuerait
seulement de 10% à la réduction de l'inégalité totale. S'agissant du revenu d'activités la
composante intergroupe perd encore en importance rendant plus pertinentes les politiques non
pas de rapprochement des strates, des classes ou déciles de revenu mais de réduction des
inégalités en leurs propres seins, soit des politiques spatiales ou ciblées de développement
économique.
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35
Onef
Tableau 46b. Décomposition (Revenu individuel d'activités) de l'inégalité
Coefficient
de variation
Carré du
coefficient
W Carré * W Contribution
intragroupe
Contribution
extragroupe
S
tr
at
e
Bamako 2.59 6.70 0.40 2.67
Autre urbain 2.97 8.84 0.23 2.01
Rural 3.04 9.25 0.49 4.57
Total 3.06 9.37 9.25 99% 1%
C
la
ss
e
d
e
re
v
en
u
Classe pauvre 3.14 9.89 0.05 0.53
Classe moyenne inférieure 2.47 6.12 0.21 1.26
Classe moyenne supérieure 2.12 4.49 0.42 1.88
Classe riche 2.25 5.07 0.99 5.03
Total 3.06 9.37 8.70 93% 7%
D
éc
il
e
d
e
re
v
en
u
D1 3.45 11.92 0.00 0.02
D2 2.93 8.61 0.01 0.09
D3 2.81 7.88 0.02 0.15
D4 2.77 7.68 0.03 0.26
D5 2.57 6.63 0.05 0.31
D6 2.57 6.60 0.07 0.43
D7 2.28 5.19 0.10 0.51
D8 2.13 4.54 0.16 0.72
D9 2.08 4.31 0.27 1.15
D10 2.25 5.07 0.99 5.03
Total 3.06 9.37 8.68 93% 7%
4. Analyse multivariée du niveau de vie des ménages
Dans la littérature, l'analyse économétrique des déterminants du niveau de vie se fait à l'aide
de différents modèles dont (i) les modèles logistiques dichotomiques (Ouadika, 2009) avec
comme variable dépendante la pauvreté monétaire du ménage et comme facteurs explicatifs
un certain nombre de variables caractérisant, d'une part le chef de ménage (âge, âge au carré,
niveau d'instruction, statut matrimonial, sexe) et d'autre part le ménage dans son ensemble
(taille, proportion d'actifs dans le ménage, etc.), (ii) les modèles logistiques de type
multinomial (BIT, 2005) mesurant le niveau de vie des ménages par le logarithme des
chances d’appartenir à l'un des composantes sociales multiples e.g. les pauvres, les
intermédiaires et les riches.
4.1. Déterminants du niveau de vie des ménages
Dans la présente étude, on distingue 3 groupes de variables susceptibles d'expliquer le niveau
de vie du ménage. Ce sont les variables relatives à l'environnement (milieu de résidence) du
ménage, les variables caractérisant le chef de ménages et enfin les variables décrivant la
structure du ménage dans son ensemble. L'environnement du ménage est caractérisé par son
milieu de résidence qui peut être simplement urbain ou rural. Mais dans notre cas, la
distinction est faite entre le district de Bamako, qui offre plus d'opportunités économiques et
le reste du milieu urbain du pays qui, à son tour, est quelque peu différent du milieu rural tant
du point de vue de l'activité économique que des réseaux sociaux de solidarité. La distinction
pourrait aussi se faire entre les régions administratives du pays qui ont des situations
géographiques, des climats, des ressources minières ou hydrauliques, etc. différents,
constituant ainsi des atouts pour les unes et des handicaps pour les autres.
Parmi les caractéristiques du chef de ménage on retient le sexe, le statut matrimonial, l'âge,
l'éducation et le statut de travail. Le statut matrimonial peut être, marié monogame, marié
polygame, union libre, célibataire, divorcé/séparé ou veuf. L'âge est exprimé en nombre
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Onef
d'années et sa prise en compte pourrait se justifier par les théories de Modigliani sur le cycle
de vie patrimonial (Testenoire, 2011). L'éducation est prise en compte à travers deux
variables, le niveau d'éducation (cycles achevés) et le dernier diplôme obtenu par le chef de
ménage. Le statut de travail est décliné en inactif, chômeur, indépendant agricole,
indépendant non agricole, salarié informel, salarié privé formel, salarié public formel.
Chacune de ses variables peut, à travers divers truchements, influer positivement ou
négativement le niveau de vie du ménage.
La démographie du ménage est de nature à influencer son niveau de vie. Le nombre, l'âge et
la qualité des personnes membres d'un ménage sont des variables qui entrent en ligne de
compte dans la formation de son revenu et la définition de ses besoins à satisfaire d'où leurs
effets sur le niveau de vie réel du ménage. Pour cela, en plus de la taille du ménage, les
proportions d'actifs occupés, de salariés, d'inactifs, de chômeurs, d'enfants de moins de 5 ans
et d'enfants de moins de 15 ans ont été introduites comme variables explicatives.
4.2. Modélisation de la probabilité d'appartenir à une classe de revenu
Selon le revenu par tête dans leur ménage d'appartenance, les individus ont été appariés en
"pauvre", "classe moyenne inférieure", "classe moyenne supérieure" et "riche". La probabilité
d'appartenir à l'une ou l'autre classe a ensuite été estimée, sur le logiciel SPSS, à l'aide d'un
modèle Logit ordonné multinomial avec comme variables explicatives celles indiquées dans
plus haut. Le but de la régression logistique est de vérifier si des variables indépendantes
peuvent permettre de prédire une variable dépendante à des niveaux supérieurs au hasard
(Desjardins, 2005). Il s'agit de trouver un compromis acceptable entre forte sensibilité et forte
spécificité, la sensibilité étant la capacité à prédire un évènement et la spécificité la capacité à
prédire un non-évènement (Tenenhaus, 2007). Par exemple, la sensibilité peut mesurer la
capacité à diagnostiquer les malades parmi les malades et la spécificité la capacité à
reconnaître les non-malades parmi les non-malades. Le risque de diagnostiquer un malade
parmi les non-malades s'en déduit.
Le principe de la méthode est de calculer les coefficients de régression de façon itérative, i.e.
à partir de certaines valeurs de départ, vérifier si les log chances estimés sont bien ajustés aux
données, corriger les coefficients, réexaminer le bon ajustement des valeurs estimées, etc.
jusqu'à ce qu'aucune correction ne puisse atteindre un meilleur résultat (Desjardins, 2005). La
méthode a l'avantage de ne pas exiger une distribution normale des prédicteurs ni
l'homogénéité des variances cependant, elle nécessite d'examiner les corrélations entre les
prédicteurs avant de procéder à l'élaboration du modèle car elle est très sensible à la
multicolinéarité entre prédicteurs. Lorsque certains prédicteurs sont fortement corrélés, il est
préférable d'en éliminer puisqu'il s'agit probablement de variables redondantes.
Les valeurs des pseudo R2, Cox and Snell de 0,406, Nagelkerke de 0,435 et dans une moindre
mesure MCFadden de 0,192, tous 3 fournis dans l'output du logiciel montrent une certaine
association entre les variables indépendantes et la variable dépendante. Ces valeurs trouvées,
dans les limites des résultats généralement rencontrés dans la littérature empirique,
représentent des estimations de la variance expliquée par le modèle. Plus elles sont élevées,
plus la probabilité prédite par le modèle s’approche de la valeur observée.
Le test de ratio de vraisemblance montre que l'introduction de certaines variables explicatives
(telles que la strate, le sexe, le statut matrimonial et de travail du chef de ménage, la taille et la
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37
Onef
structure du ménage) apporte significativement à l'explication de la variance de la variable
dépendante tandis que le rajout d'autres variables (l'âge, l'&éducation et le diplôme du chef de
ménage) n'y apporte pas grande chose.
Tableau 47. Tests de ratio de vraisemblance
Effets des facteurs Likelihood Ratio Tests
Chi-Square df Sig.
Constante 0.000 0
Zone de résidence 214.691 6 .000
Sexe du chef de ménage 34.934 3 .000
Statut matrimonial du chef de ménage 66.584 15 .000
Education du chef de ménage 17.318 12 .138
Diplôme du chef de ménage 6.629 12 .881
Statut de travail du chef de ménage 380.476 18 .000
Age du chef de ménage 5.983 3 .112
Taille du ménage 162.424 3 .000
Proportion d'actifs occupés dans le ménage 27.285 3 .000
Proportion de salariés dans le ménage 90.369 3 .000
Proportion d'inactifs dans le ménage 18.444 3 .000
Proportion de chômeurs dans le ménage 277.468 3 .000
Proportion d'enfants de moins de 5 ans 9.349 3 .025
Proportion d'enfants de moins de 15 ans 96.196 3 .000
La lecture des résultats de la régression nécessite de définir, au préalable la notion de Odds-
ratio, coefficients B dans le tableau de résultats. Egalement appelé rapport des chances,
rapport des cotes ou risque relatif rapproché, c'est une mesure statistique exprimant le degré
de dépendance entre des variables aléatoires qualitatives. Dans la régression logistique, il
mesure l'effet d'un facteur sur la variable dépendante. Il est toujours supérieur ou égal à zéro
et s'il est égal ou proche de 1, l'évènement est indépendant du groupe tandis que s'il est
supérieur à 1, l'évènement est plus fréquent dans le premier groupe que dan le deuxième et
enfin s'il est inférieur à 1, l'évènement est moins fréquent dans le premier groupe que dans le
deuxième.
A titre d'illustration, la probabilité pour un individu d'être pauvre est significativement
impactée par le milieu de résidence, la taille et la qualité des membres de ce ménage. De
même, le sexe, le statut matrimonial et le statut de travail de son chef influencent
significativement la probabilité pour le ménage de tomber dans la pauvreté. Par contre, l'âge
du chef de ménage n'agit pas significativement sur la probabilité qu'un ménage soit pauvre.
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38
Onef
Tableau 48. Régression logistique (Coefficients de régression de la probabilité d'être pauvre)
B=log(Odd-ratio) Std. Error Wald df Sig. Exp(B)
Constante -8.231 .943 76.186 1 .000
Bamako -2.529 .211 143.484 1 .000 .080
Autre urbain -.966 .132 53.557 1 .000 .380
Milieu rural (Référence) 0 0
Age du chef de ménage .004 .004 .617 1 .432 1.004
Femme 1.545 .276 31.334 1 .000 4.689
Homme (Référence) 0 0
Marié monogame .754 .294 6.579 1 .010 2.126
Marié polygame .483 .303 2.545 1 .111 1.621
Union libre 4.564 .774 34.762 1 .000 95.957
Célibataire 1.416 .487 8.435 1 .004 4.119
Divorcé/séparé 1.429 .536 7.111 1 .008 4.175
Veuf (Référence) 0 0
Inactif 3.558 .635 31.384 1 .000 35.097
Chômeur 5.610 .722 60.302 1 .000 273.012
Indépendant agricole 3.732 .628 35.276 1 .000 41.754
Indépendant non agricole 1.940 .622 9.710 1 .002 6.955
Salarié informel 3.079 .636 23.426 1 .000 21.731
Salarié privé formel .783 .829 .891 1 .345 2.187
Salarié public formel (Référence) 0 0
Taille du ménage .175 .016 117.863 1 .000 1.191
Proportion d'actifs occupés -.005 .003 2.990 1 .084 .995
Proportion de salariés -.123 .023 28.144 1 .000 .884
Proportion d'inactifs .011 .003 16.187 1 .000 1.011
Proportion de chômeurs -.145 .012 147.339 1 .000 .865
Proportion d'enfants de moins de 5 ans .011 .004 8.516 1 .004 1.011
Proportion d'enfants de moins de 15 ans .026 .003 78.988 1 .000 1.026
Toutes choses étant égales par ailleurs, la proportion d'enfants de moins de 15 ans fait
augmenter la probabilité d'être pauvre, de 2.6% (=1.026-1=2.6%) si la proportion augmente
de 1%. La résidence à Bamako ou dans autre milieu urbain, comparativement à la résidence
en milieu rural, diminue la probabilité d'être pauvre. La diminution est de 92% (0.080-1) pour
Bamako et de 62% (0.380-1) pour autre milieu urbain. Par référence à un chef de ménage
veuf, les autres statuts matrimoniaux (marié monogame, marié polygame, en union libre,
célibataire ou divorcé) ont tendance à augmenter significativement la probabilité d'être
pauvre. Mais, il faut signaler que l'effet du statut marié polygame n'est significatif qu'au seuil
de 11% contre 1% et moins pour les autres statuts.
Tous les statuts de travail (inactif, chômeur, indépendant agricole, indépendant non agricole,
salarié informel) du chef de ménage augmentent significativement la probabilité de pauvreté
du ménage, comparaison faite au statut de salarié public formel. L'effet d'augmentation des
"chances" de pauvreté est particulièrement important pour les inactifs, les chômeurs, les
indépendants agricoles et les salariés privés informels. Etre dirigé par un salarié privé formel
plutôt que par un salarié public formel n'augmente pas significativement la probabilité d'être
pauvre, le caractère formel de l'emploi n'est pas altéré par le secteur d'activité, public ou privé.
La taille du ménage, les proportions d'inactifs, d'enfants de moins de 5 ans et d'enfants de
moins de 15 ans ont tendance à augmenter la probabilité pour un ménage de tomber dans la
pauvreté. Une personne supplémentaire dans le ménage augmente de 19%, la probabilité pour
tout le ménage de tomber dans la pauvreté. La probabilité de tomber dans la pauvreté
augmente de 1% suite à une augmentation unitaire de la proportion d'inactifs ou de la
proportion d'enfants de moins de 5 ans et une augmentation unitaire de la proportion d'enfants
de moins de 15 ans accroit la probabilité de pauvreté de 3%. Au contraire, les proportions
d'actifs occupés, de salariés et de chômeurs ont tendance à diminuer les "chances" de
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39
Onef
pauvreté, respectivement de 0.5%, 2% et 4% suite à une augmentation unitaire de ces
déterminants.
Dans l'ensemble, le modèle prédit correctement moins de la moitié (48%) de la classification
observée des individus. Autrement dit, les ménages pour lesquels la prédiction de classe est
identique à l'observation de classe constituent 48% de la population. Le plus fort taux de
prédiction correcte est pour les pauvres (75%) suivi des riches 54%, de la classe moyenne
supérieure (38%), les éléments de la classe moyenne inférieure étant les moins bien prédits
(25%). Ces chiffres équivalent à des erreurs de prédiction de 25% sur les pauvres, 75% sur la
classe moyenne inférieure, 62% sur la classe moyenne supérieure et 46% sur les riches.
Tableau 49. Classification du modèle Logit multinomial
Prédit
C
la
ss
e
p
au
v
re
C
la
ss
e
m
o
y
en
n
e
in
fé
ri
eu
re
C
la
ss
e
m
o
y
en
n
e
su
p
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ie
u
re
C
la
ss
e
ri
ch
e
T
o
ta
l
T
o
ta
l
%
P
o
u
rc
en
ta
g
e
co
rr
ec
t
O
b
se
rv
é
Classe pauvre 1 400 280 161 39 1 880 31.3% 74.5%
Classe moyenne inférieure 796 416 384 60 1 656 27.6% 25.1%
Classe moyenne supérieure 402 279 560 244 1 485 24.7% 37.7%
Classe riche 117 62 278 526 983 16.4% 53.5%
Total 2 715 1 037 1 383 869 6 004 48.3%
Total % 45.2% 17.3% 23.0% 14.5%
Sensitivité 51.6% 40.1% 40.5% 60.5%
Spécificité 14.6% 25.0% 20.0% 8.9%
Erreur 25.5% 74.9% 62.3% 46.5%
Il y a 45% de ménages pauvres prédits contre 31% d'observés, 17% de ménages de la classe
moyenne inférieure prédits contre 28% d'observés, 23% de classe moyenne supérieure prédits
contre 25% de prédits et 15% de riches prédits contre 16% de d'observés. En général, le
modèle prédit mieux l'appartenance à une classe que la non appartenance à cette classe, la
sensitivité étant supérieure à la spécificité pour toutes les classes de niveau de vie.
Conclusions
Compte tenu du poids important du revenu d'activités dans le revenu des ménages, la
simulation de la création d'emplois est une bonne politique d'amélioration du bien-être des
populations et donc pas seulement une politique de lutte contre le chômage. Elle peut être
utilement accompagnée d'une politique de redistribution du revenu de sorte à faire bénéficier
davantage les pauvres des transferts et dont surtout ceux publics. En effet, il devrait être
possible "de financer sous forme de transfert fiscal ou de baisse d'impôts la même distribution
pour chaque travailleur que dans le cas de l'augmentation de salaire, sans augmenter le prix du
travail payé par les entreprises et donc sans déclencher cette substitution capital/travail néfaste
pour le travail" (Piketty, 2015).
Vu le fort niveau d'inégalité de revenu, il faudrait intégrer sa réduction dans les politiques de
croissance et de réduction de la pauvreté, aussi bien par de bonnes politiques fiscales (surtout
celles en faveur du travail) que par des mesures de promotion de l'emploi et surtout de
l'emploi salarié.
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40
Onef
Références bibliographiques
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épargne, Cerpeg mai
OIT (2003): Statistiques des revenus et des dépenses des ménages – Rapport 2, 17ème
Conférence internationale des statisticiens du travail, Genève, 24 novembre – 3 décembre
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